Montpellier, Salon de l’Immobilier : “Nous devons construire plus haut”
Vendredi 10 mars 2023, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle édition du Salon de l’Immobilier, organisée au Corum de Montpellier du 10 au 12 mars, les acteurs privés et publics sont revenus sur la crise du marché de l’immobilier et les perspectives de la ville de Montpellier.
La vitrine de l’immobilier
Le Salon de l’Immobilier est un événement incontournable pour tous ceux qui cherchent à investir dans l’immobilier ou à acheter ou vendre une propriété. En 2023, le Salon vit sa 36e édition, un anniversaire qui réjouit Guilhem Michel, son organisateur. “C’est un vrai plaisir d’inaugurer ce nouveau salon, avance-t-il. Nous avons dû faire face à quelques obstacles car le monde de l’événementiel n’est pas encore remis de la crise Covid. Plusieurs villes ont dû annuler leur salon cette année mais nous avons la chance de revenir au Corum avec des allées pleines. D’autres promoteurs m’ont d’ailleurs déjà contacté pour rejoindre l’événement l’an prochain”.
Des agents immobiliers, des promoteurs, des courtiers en prêts hypothécaires, des avocats spécialisés dans l’immobilier, des entreprises de déménagement et de stockage, et bien plus encore ont répondu à l’appel de l’organisateur. Jusqu’au 12 mars, ils seront présents pour répondre aux besoins de tous ceux qui cherchent à acheter, vendre ou investir dans l’immobilier.
“Ce salon est très important pour le public, ajoute Guilhem Michel. La plupart des visiteurs ne savent pas ce qu’ils vont trouver sur place mais nous leur garantissons qu’ils auront les réponses à leurs questions. Aujourd’hui, le marché est difficile car les taux ont augmenté, les achats sont moins accessibles, il est donc indispensable de proposer un accompagnement complet de qualité. Ici, c’est ce que nous proposons. Nous ne nous contentons pas du territoire de Montpellier, ou encore de sa métropole, les professionnels peuvent les aider sur les villes de Sète, Béziers, Baillargues, sur l’arrière-pays, sur le territoire du Grand Pic Saint-Loup… Durant trois jours, nous sommes la capitale héraultaise de l’immobilier.”
“En période de troubles, il faut miser sur les acteurs de confiance”
Céline Torrès, présidente du pôle habitat de la Fédération Française du Bâtiment Occitanie, rejoint l’organisateur du Salon de l’Immobilier sur la nécessité de présenter au public les outils et les offres dont il dispose pour accéder aux biens immobiliers du territoire. “Cet événement annuel permet aux clients et aux futurs clients de découvrir une belle diversité d’offres. Aujourd’hui, Montpellier plaît, attire, tout comme sa métropole. Les atouts incontestables du territoire, tels que l’ensoleillement et la proximité des plages, sont d’importants facteurs d’attractivité. Grâce à ces qualités, nous ne sommes pas le territoire le plus frappé par la crise de l’immobilier, nous restons dynamiques. Ce salon en est la preuve. Il permet aussi aux futurs investisseurs et aux acheteurs de se projeter auprès d’acteurs solides. En période de troubles, il faut miser sur les acteurs de confiance et ce rendez-vous permet de les rencontrer.”
Face à la crise du marché immobilier, la présidente du pôle habitat de la FFB appelle à la vigilance, tout en faisant preuve d’optimisme. “Il est important de surveiller nos schémas financiers car de nombreux promoteurs prennent du retard pour équilibrer leurs bilans, signale Céline Torrès. Cette stratégie peut malheureusement mener à une crise sociale puisque nos projets comprennent une part de logements sociaux. Je reste optimiste car en se serrant les coudes, nous allons pouvoir sortir ces opérations. Je suis convaincue que les visiteurs ont tout intérêt à investir dans la métropole, particulièrement en période inflationniste, afin de dynamiser le marché. Pour cela, nous allons avoir besoin du soutien des banques.”
“Nous devons répondre aux nouveaux enjeux”
Pour le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers Occitanie-Méditerranée Laurent Villaret, la crise qui marque le secteur de l’immobilier doit être traitée à la racine, avec de nouvelles stratégies et ententes avec les acteurs publics. “Au niveau national, les mots de la FPI sont forts, nous parlons de crise nationale, alerte Laurent Villaret. Les baisses sont impressionnantes : -25% en France et nous attendons -40% en fin d’année. Les métropoles ont du mal à injecter de l’offre et les prix augmentent un peu partout. Seules les villes moyennes s’en sortent car elles attirent les acheteurs qui ne sont plus capables d’investir dans les grandes villes. L’enjeu des métropoles est double : elles doivent injecter de l’offre et aider les aménageurs à équilibrer leurs budgets.”
Malgré la baisse généralisée du marché au niveau national, le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers Occitanie-Méditerranée se montre davantage optimiste pour le territoire de Montpellier : “Localement, la première problématique n’a pas le même poids car il y a de l’offre. Le programme des ‘Folies’ est un autre signal positif car il prouve qu’à Montpellier la qualité prime sur la quantité. Maintenant, il faut traiter le second problème, celui de l’équilibre des bilans. Actuellement, 1 programme sur 5 est bloqué en France car nous devons chercher l’équilibre et que la nouvelle réglementation énergétique s’accompagne de coûts. Nous allons avoir besoin des responsables publics pour trouver ce juste équilibre. A ce titre, nous avons par exemple demander un moratoire sur le logement intermédiaire”.
Pour Laurent Villaret, ces changements de paradigmes doivent également être suivis d’une modification de la stratégie foncière : “Nous devons préparer une stratégie urbaine pour le foncier de demain. Les métropoles ont du mal à trouver des process pour le secteur diffus et nous devons travailler ensemble car aujourd’hui nous devons renouveler la ville sur la ville. Nous ne devons pas avoir peur des projets et construire plus haut, je pense notamment à des secteurs tel que le quartier de la Restanque. Cela nous donnerait un peu d’air.”
“Nous devons nous inspirer de la crise pour innover dans le secteur”
Présente à l’inauguration pour représenter le maire de Montpellier et président de la Métropole, retenu par le nouveau préfet de la région Occitanie, l’adjointe au maire déléguée à l’urbanisme durable et à la maîtrise foncière Maryse Faye a peint un tableau contrasté du paysage immobilier du territoire. “Nous recevons des signaux positifs à Montpellier tels que le boom de la démographie et la naissance de projets ambitieux, explique-t-elle. Ces derniers jours, dans le cadre des ‘Folies montpelliéraines du XXIe siècle’, nous avons rencontré des équipes motivées, locales et internationale, qui nous ont présenté des innovations exceptionnelles. Ce type d’engouement montre qu’à Montpellier tout est possible. C’est avec un optimiste similaire que nous abordons les partenariats avec Clermont-l’Hérault, Sète, Baillargues, etc. Évidemment, nous ne pouvons pas nier l’existence de cette crise, mais ce n’est pas la première et nous avons toujours réussi à les dépasser. Je préfère parler de nouveaux paradigmes plutôt que d’évoquer de nouvelles contraintes. Il est certain que nous devons profiter de cette période pour innover et réinventer le milieu”.
Selon elle, la ville et la métropole de Montpellier ont moins subi l’impact de la crise grâce à l’anticipation dont les acteurs ont fait preuve. “La conjoncture n’est pas facile mais nous avons anticipé le choc de l’offre et nous avons lancé les Assises du Territoire avec les acteurs concernés afin de chercher ensemble des éléments de réponses. Il était important que la collectivité agisse car nous avons des responsabilités dans le domaine de l’emploi et du social. Construire des logements, c’est embaucher. Accueillir des programmes, c’est aussi créer davantage de logements sociaux pour les populations fragiles. Le taux de pauvreté est important à Montpellier et aujourd’hui nous comptabilisons plus de 3 000 demandes de logements sociaux. Les promoteurs nous aident dans cette démarche en aménageant des logements libres, c’est pour cela que les retards enregistrés peuvent avoir un impact sur la politique d’accueil. Nous avons une coïncidence entre l’envie de faire plus de social et l’augmentation des coûts mais je reste optimiste. Pour répondre à ces nouveaux paradigmes, tout en proposant une offre adaptée à l’ensemble de notre population, nous devons changer de vision. Nous allons travailler sur l’acceptabilité de la hauteur afin de gagner en espace. C’est un véritable sujet car construire plus haut nous permettrait aussi de sauver des terrains, de préserver des espaces naturels. Seul le dialogue nous permettra de faire face à la crise avec intelligence”.