— Montpellier

Montpellier : speed dating, quand les célibataires ont en marre des applications de rencontres

Lundi 19 novembre se déroulait un speed dating entre célibataires, à l’insu de tous dans un bar de Montpellier. Est-ce le retour d’une pratique qui avait presque disparu avec les applications de rencontres ? Reportage pour trouver l’amour à toute vitesse.

“Les gens ont envie d’avoir un vrai contact dans une démarche sérieuse”, explique Maud, organisatrice d’un speed dating lundi dans un célèbre bar de Montpellier. À l’heure du post-MeToo, nombre d’hommes n’osent plus séduire et ont peur d’importuner. Draguer semble aujourd’hui être une tâche titanesque, et les applications de rencontres, censées rapprocher, éloignent. D’après une étude Ifop de 2019 sur les conséquences du mouvement #metoo, 66% des 25-34 ans interrogés, avoués ne pas avoir abordés une femme qui leur plaisait dans les transports publics et 69% des hommes ayant répondu à l’enquête étaient d’accord sur le fait que maintenant, ils ne pouvaient plus draguer les femmes aussi facilement qu’avant. Partant de ce postulat, comment se reconnecter à l’autre et avouer sans crainte, sa recherche, sans être jugé ? Comment recréer du lien ? Le speed dating parait être une alternative adéquate. 

“On n’est pas en train de faire les courses au carrefour drive”

Ce soir, les quelques célibataires présents dans la salle se rejoignent pour une bonne raison : trouver l’amour. Bloc de papier à la main, Maud tend une feuille à chaque participant : ici pas de numéro de téléphone ou de nom de famille. Simplement un prénom et un numéro. Si quelqu’un plaît à l’issue du speed dating, il suffit de rentrer le numéro sur le site. Quand l’action est réciproque, un échange est possible. “C’est entre l’appli et le bar. L’application, c’est une démarche solitaire et le bar est l’inverse, si tu vois quelqu’un qui te plait et que tu aimerais lui parler, tu ne sais pas si elle est disponible, elle est avec ses amies, tu ne sais pas comment l’aborder… Donc il y a quand même beaucoup d’étapes avant d’aller discuter avec quelqu’un. Là, tu sais que tu vas rencontrer des gens célibataires et disposés à faire des rencontres dans un contexte convivial”, se réjouit l’organisatrice.

“J’aimerais que ça redevienne à la mode, ça réapprendrai aux personnes à créer du lien en live, explique Audrey, ancienne speed dateuse venue assister l’organisatrice. Parce que c’est une vraie tentative d’expérience humaine. Pourquoi ? Les applis, c’est du grand n’importe quoi. Pour l’avoir vécu, tu as un gros risque de désenchantement quand tu rencontres une personne. Ici, ça remet de l’humain sans toute cette technologie. On n’est pas en train de faire les courses au carrefour drive”, critique-t-elle. Un lien nécessaire au changement de paradigme de la société ces dernières années, d’après Audrey. “Il n’y a plus un homme qui ose en soirée aborder une femme. C’est dommage. On est obligé de passer par le téléphone parce que les gens ont peur de s’interconnecter dans le réel. Si le speed dating n’est pas là, il ne reste que les applis”, conclut-elle.

“Le speed dating est un contact humain”

Comme pour confirmer ces propos, Remy venu participer au rendez-vous poursuit : “Pour avoir été beaucoup sur les applis, c’est vraiment le marché, c’est un enfer.” D’après une étude Ined de 2024, environ 16% des relations suivies entre jeune de 18 à 29 ans se font sur les applications de rencontre. “Le speed dating est un contact humain, tout simplement. Je ne sais pas si ça reviendra à la mode, mais c’est un bon moyen de rencontrer des gens, surtout quand tu travailles et que tu n’as pas le temps, c’est beaucoup plus pratique”.

“Tu sais en quelques minutes si tu auras un minimum de feeling avec la personne.”

Papier en poche et stylo dégainé, l’événement peut commencer. Dix minutes top chrono par rencontre, ces dernières s’enchaînent. “Que fais-tu dans la vie ?”, demande Lilla. “Tu as quel âge ?”, interroge Chloé. “Quelles sont tes passions ?”, questionne Melissa. Tout autant de questions qu’on pose pour cerner rapidement la personne. Après tout, dix minutes, c’est très court. 

Et pourtant, alors que la soirée continue, on apprend à se connaître. Plus, en tout cas, qu’en un mois de conversation sur les applications de rencontres. C’est en tout cas le constat de Marwan, “Beaucoup de nanas se lassent des applications de rencontres, explique-t-il, lui qui vient pourtant pour la première fois. Elles veulent du réel. Et là, tu as beaucoup plus d’éléments sur la personnalité en face à face. Les expressions, les gestes, la voix… Tu sais en quelques minutes si tu auras un minimum de feeling avec la personne.” Maud ajoute : “La qualité des discussions est bien différente de celle que tu peux avoir sur une application”.

Autre atout pour le speed dating, la sécurité. “Il y a un cadre sécuritaire autour de la rencontre qui permet de se sentir à l’aise. L’entremetteuse surveille, tu sais que s’il devait avoir un souci, quelqu’un qui met quelque chose dans ton verre, elle est là”, se rassure Chloé, participante au speed dating. Le lieu, lui, est tenu secret et n’est divulgué que quelques heures avant le rendez-vous, pour éviter les regards indiscrets.

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