Montpellier : un millier de personnes pour le rassemblement citoyen après l'attaque contre la synagogue de la Grande Motte
Lundi en fin de journée a eu lieu un rassemblement de soutien à la communauté juive devant la synagogue de la Grande Motte, ce mardi 27 août, c’était au tour de Montpellier, ils étaient presque un milliers à se recueillir Place de la Comédie, pour un temps d’émotion, de discours et de prière.
Après la tentative d’attentat contre la synagogue de la Grande Motte, la Ville de Montpellier a appelé à se joindre au rassemblement citoyen de ce mardi à 18h, Place de la Comédie, à l’initiative du CRIF Languedoc-Roussillon. Beaucoup de personnalités étaient présentes, en tête, les représentants de la communauté juive, menés par Haïm Korsia, le grand rabbin de France, accompagné de Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, venu soutenir Perla Danan, présidente locale du Crif. Avec eux, des élus, députés, présidents d’EPCI, conseillers régionaux RN et les maires de La Grande-Motte, Stéphan Rossignol, directement concerné par l’attentat du samedi 24 août, de Montpellier, Michaël Delafosse, et de Béziers, Robert Ménard. Était également présent le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch.
Après l’attaque contre la synagogue de la Grande Motte, la Ville de Montpellier a appelé à se joindre au rassemblement citoyen de ce mardi, place de la Comédie, à l’initiative du CRIF Languedoc-Roussillon @LanguedocCrif 👉 « Vous êtes à nos côtés dans ce moment grave. Mais il est… pic.twitter.com/qYlvOJXnca
— Hérault Tribune (@HeraultTribune) August 27, 2024
Le temps de l’émotion, le temps des discours et le temps de la prière
Haïm Korsia, a souligné : « c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de victime. » Tous les orateurs ont réitéré leur soutien sans faille à la communauté juive. « Lorsqu’on attaque une synagogue, ce sont les valeurs de la République que l’on attaque » a lancé quant à lui, le président national du Consistoire israélite de France, Elie Korchia.
Magistrale, Carole Delga, présidente du conseil régional d’Occitanie a su rappeler l’Histoire et le réel, pour éviter l’écueil de l’inversion des valeurs, en cette année 2024 : « Nous devons avoir la mémoire de l’Histoire pour construire notre avenir », note la présidente. Mais c’est sa phrase précédente qui a déclenché huées et sifflets, qu’avec quelques signes vers la foule, Perla Danan a tenté de modérer en vain. Voici ses mots : « nous avons des voyages chaque année qui sont réalisés à Auschwitz, où nous voulons permettre à nos lycéens de voir de leurs yeux ce que l’ignominie des régimes fascistes et nazis, issu des idées d’extrême droite peuvent produire, » dès lors, une partie de l’assistance commence à hurler pour brouiller le discours de Carole Delga jusqu’au bout en lançant des « LFI, LFI. » La Présidente a dû marteler « je ne me tairai pas, je ne me tairai pas ! » Une séquence complexe, mais presque prévisible, ces derniers jours, dans une tournée des plateaux TV, Yonathan Arfi affirme sur RMC le 26 août que « les responsables politiques de LFI ont contribué à ce que ces questions-là soient inflammables, et ça se traduit malheureusement par le fait que des juifs sont attaqués. »
Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse a réagi avec force pour entamer son discours : « ceux qui par le jeu politicien font le choix des huées, ils se déshonorent en cet instant, » et il provoque ainsi une dernière salve de sifflets, avant de poursuivre : « mais il est important qu’il y ait ce moment. Parce que le jour où un acte antisémite, terroriste est produit, si nous ne nous rassemblons plus, et bien alors, les Lumières reculeront et il fallait tenir ici, dans la capitale départementale, ce rassemblement pour que collectivement, nous clamions notre amour de la République et notre solidarité à l’endroit des Français de confession juive. »
Plus touchante, « avec émotion et gravité » la présidente de la communauté juive de La Grande-Motte, Sabine Atlan, en a appelé « aux forces républicaines pour que nos discours soient sans ambiguïté. Pour combattre l’antisémitisme, pour que les amalgames nauséabonds avec le conflit du Moyen-Orient s’arrêtent pour ne plus irriguer les actes antisémites qui se développent en France. »
Le temps de la prière. Haïm Korsia, le grand rabbin de France a évoqué une prière traditionnelle, souvent qualifiée de « petit diamant », récitée chaque samedi dans toutes les synagogues de France. Citant Bernard de Clairvaux, il a souligné que « la plus belle des prières sera l’œuvre de vos mains, comme le plus magnifique témoignage de fraternité est celui de votre présence ici. » Moment d’apaisement et des mots qui résonnent avec force, et notent l’importance de la solidarité en ces temps de trouble. Avec l’acceptation bienveillante du préfet de l’Hérault, Haïm Korsia a pu réciter cette prière en public. Le texte invoquait la bénédiction de l’Éternel pour la République française et son peuple, il a appelé à l’union, à la prospérité et à une paix durable. Il a rendu également hommage aux forces de l’ordre et aux soldats français, en France et à l’étranger, en exaltant leur courage et leur dévouement. Puis il termine ainsi : « accueil favorablement nos vœux, que les paroles de nos lèvres et les sentiments de notre cœur trouvent grâce devant toi ô éternel, notre créateur et notre libérateur. Amen. » Applaudissements.
Les mots du Préfet avant la Marseillaise sont précis : « cet acte était un attentat et un attentat antisémite. Le nier ou précisément ne pas oser le dire c’est tout simplement du négationnisme, du relativisme et c’est inacceptable. » Puis en évoquant les rassemblements de soutien à la Palestine, il explique prendre ses « responsabilités » et affirme : « ces manifestations Place de la Comédie, je les ai déjà interdites 4 fois depuis que je suis ici. Bien je vais continuer parce que je n’accepte pas qu’on projette des Français contre d’autres, parce que je n’accepte pas les insultes, parce que je n’accepte pas la récupération de conflits internationaux qui fractionnent notre société, c’est insupportable. Peut-être que je n’aurais pas gain de cause devant les tribunaux administratifs et bien tant pis, j’aurais pris ma responsabilité. » Mais François-Xavier Lauch a tout de même rappelé « il y a quatre-vingts ans de cela sur cette même Place de la Comédie, certains libéraient notre pays, certains fêtaient la libération. Ils boutaient hors de notre pays les nazis, les responsables de la Shoah, les responsables de Vichy également. Ils nous faisaient une promesse, celle du Conseil national de la résistance, celle de la liberté, de l’égalité, de la fraternité entre nos concitoyens. »