Montpellier : l'anxiété préopératoire des enfants réduite grâce à la technologie ?
Un nouvel outil permettrait de réduire le stress des enfants avant le moment tant redouté de l'opération ...
© Camille Machefer-Figueras
Le CHU de Montpellier met en place un casque de réalité virtuelle destiné à réduire l’anxiété préopératoire des enfants en utilisant une méthode pédagogique et ludique. Celui-ci permettrait de réduire les symptômes post-opératoires, dont les troubles du comportement ou du sommeil chez des enfants récemment opérés.
Se projeter dans un futur proche
Chez les enfants, une opération peut entraîner un grand stress parce qu’ils ne savent pas ce qui les attend. Mis en place par Sanofi, en partenariat avec Capgemini, le casque de réalité virtuelle pré-opératoire apporte une nouvelle solution contre ce stress à l’hôpital Lapeyronie du CHU de Montpellier.
Casque sur la tête et confortablement installés, les enfants peuvent visualiser le parcours qui les attendra dans les prochains jours d’une façon à la fois ludique et pédagogique. Un petit nounours vert sur le bord du brancard accompagnera les utilisateurs d’une pièce à une autre lors de cette visualisation.
Pendant près de 2 minutes, ce parcours réaliste reflète les différentes étapes d’une opération à l’hôpital montpelliérain. Tout d’abord, la salle d’accueil du bloc opératoire est présentée : c’est le moment de la séparation. Dans une deuxième étape, l’univers du bloc opératoire est expliqué, ainsi que le matériel qui s’y trouve et les différents bruits familiers que l’on peut y entendre. Enfin , la troisième étape intitulée “Le réveil” aborde les conditions du réveil et la fin du parcours.
Un peu plus d’un an
C’est le temps qu’il aura fallu pour mettre au point ce nouveau modèle technologique. À l’hôpital, environ 5 000 enfants sont anesthésiés chaque année.
Sanofi, en partenariat avec Capgemini, a développé ce premier projet destiné aux enfants. Cette solution a vu le jour au sein du laboratoire d’innovation, le Fab Lab “Le 34 Bis”, inauguré en 2020. Cet espace d’innovation et atelier de fabrication numérique comporte un réseau de partenaires externes, écoles, sociétés.. qui vont s’investir dans des projets et apporter leurs expériences.
Avec l’équipe médicale du docteur Chrystelle Sola, du département anesthésie-réanimation Femme-Mère-Enfant, il a d’abord fallu définir les contours de ce projet. Par la suite, des étudiants ont également participé à la modélisation 3D.
De nombreux ajustements ont eu lieu avant d’arriver à cette projection actuelle. Depuis avril 2022, ce casque est utilisé sur les enfants âgés de 7 à 16 ans, quelque temps avant l’opération. L’expérience des enfants est recueillie lors de cette phase d’expérimentation afin d’établir l’impact réel sur le parcours des patients.
Des premières données
En présence de la rédaction, un petit malade essaie en direct ce casque. Il s’exclame : “Oh c’est stylé ! Je vois des brancardiers, là…” Non loin de lui, une auxiliaire puéricultrice veille sur lui. Le personnel soignant met tout en place afin d’accompagner ces enfants.
“On voit des enfants satisfaits de l’outil utilisé car c’est un casque proposant du virtuel et donc ils adhèrent tout de suite. Les parents sont très contents de cette présentation qui permet aux enfants d’arriver dans un lieu qui leur semble plus familier. On retrouve parfois des inquiétudes au niveau du casque, qui peut les gêner. Mais dans l’ensemble, ils sont contents et rassurés. C’est très positif en fait. On voit déjà un changement” raconte Aude Aranes, auxiliaire puéricultrice.
Christophe Dadure, professeur du CHU, s’exprime également sur les premières données : “Certains enfants nous ont même dit : ‘maintenant on est pressé de se faire opérer’. D’autres ont trouvé le parcours trop court et voulaient même le refaire. On a donc l’idée de reprogrammer éventuellement cette projection la veille de l’opération. Les enfants sont rassurés, ils quittent la peur. On va également leur donner un petit nounours identique à la projection lors de la consultation. Cela nous permettra aussi de les suivre et savoir qui a bénéficié de ce casque ou non“.