Montpellier : une exposition sur les ravages du Mediator, des amphétamines sur prescription 

Photo d’illustration © Canva.

Le photographe montpelliérain Marc Dantan présentera à l’espace Saint-Ravy ses photographies de patients traités par le médicament Mediator. Trois autres artistes – Fanny Gillequin, David Pitre et Maïa Amiel – montreront leurs créations dans l’espace d’exposition. Leurs œuvres porteront sur les victimes du Mediator, présenté comme un médicament antidiabétique, mais qui était en fait une drogue puissante et dangereuse commercialisée entre 1976 et 2009.

Pour ponctuer l’exposition, une conférence sera donnée le jeudi 9 mars, à 18h30, à la faculté de droit et de science politique. La pneumologue Irène Frachon et l’avocat Jean-Christophe Coubris prendront la parole à cette occasion.

Le Mediator est un médicament dérivé de l’amphétamine qui était utilisé dans les cas de diabètes pour ses actions “antigras” et en guise de coupe-faim. Le produit a eu des retombées funestes et a provoqué de nombreux cas d’hypertension portale et de valvulopathies qui ont été dénoncés en 1999. Or, ce n’est que dix années plus tard que le médicament fut retiré de la vente, et vingt années plus tard que les victimes furent recensées. En tout, l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux comptabilise 3 700 victimes (vivantes ou décédées) du Mediator.

Marc Dantan a découvert cette affaire en 2017 grâce au livre Mediator 150 g : combien de morts ? 1976-2009. Enquête sur une toxicité attendue de la pneumologue brestoise Irène Frachon. L’artiste l’a contactée et a entamé son projet d’exposition. Dans le but de dénoncer les conséquences de ce produit, le photographe a réalisé les portraits de 52 victimes opérées suite à leur traitement par le Mediator. Ses clichés montrent l’horreur vécue à travers les stigmates des corps blessés. Ces images lui ont inspiré la réalisation d’un recueil de témoignages : Visages du Mediator. Au sein de cette exposition à l’espace Saint-Ravy, les témoignages visuels et écrits exprimeront les épreuves traversées par les victimes du médicament. 

Trois autres artistes montpelliérains seront présents pour habiller l’exposition d’œuvres imaginées en rapport avec le sujet. Fanny Gillequin, David Pitre et Maïa Amiel établiront également un lien avec le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, et dénonceront l’enfer médical qu’elles ont vécu à cause du Mediator. En effet, cette drogue leur a beaucoup été proposée pour leur faire perdre du poids et correspondre aux diktats de beauté. 

La conférence du jeudi 9 mars à 18h30 aura pour invités deux lanceurs d’alerte : la pneumologue Irène Frachon et l’avocat Jean-Christophe Coubris. Irène Frachon a en grande partie contribué au retrait du produit après avoir recensé plusieurs effets secondaires indésirables graves parmi sa patientèle, et l’avocat Jean-Christophe Coubris a beaucoup aidé les victimes dans leurs poursuites judiciaires. Ensemble, ils reviendront sur la découverte de cette affaire sordide, l’alerte donnée aux autorités sanitaires et les retombées juridiques pour les victimes.

L’exposition
Lieu : Espace Saint-Ravy – place Saint-Ravy – Montpellier.
Dates et horaires : vernissage le vendredi 3 mars à partir de 18h30. L’exposition se tiendra du 4 au 26 mars, du mardi au dimanche de 13h00 à 19h00.

La conférence 
Lieu : Faculté de droit et de science politique (amphithéâtre Guillaume-de-Nogaret, au 1^er étage du bâtiment 1) – rue de l’Ecole Mage – Montpellier.
Date et horaires : le jeudi 9 mars de 18h30 à 20h00.
Le nombre de places est limité.