Santé — Montpellier

Montpellier : une maison des femmes où “le monde associatif et le monde médical travaillent main dans la main” pour aider les victimes de violences 

Loin des murs blancs de l’hôpital, la villa a été conçue comme un lieu sécurisé et confidentiel pour libérer la parole et accompagner au mieux les femmes victimes de violences.

Derrière les volets verts d’une maison avenue de la Pompignane des femmes victimes de violence sont prises en charge. Ouverte depuis juin dernier, la maison des femmes de Montpellier Agnes McLaren a officiellement été inaugurée ce lundi 25 décembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Un espace du CHU “hors les murs” qui offre un accueil discret et rassurant.

Dès l’entrée, la salle d’attente cosy aux murs roses et bleus, des étagères remplies de livres et de jeux pour enfants, donne le ton. Ici, toutes femmes victimes de violence, avec ou sans rendez-vous, avec ou sans papier, avec ou sans sécurité sociale, sont accueillies du lundi au vendredi de 9h à 16h30 pour une premier entretien, en présence d’une assistante sociale et d’une sage-femme ou d’une gynécologue.

Nous faisons une première évaluation globale de la situation pour coordonner et organiser le parcours de la prise en charge de la patiente. L’idée est qu’elle ne répète pas deux fois son histoire”, explique Lili Galleguillos, assistante sociale. “Beaucoup de femmes n’osent pas consulter car elles jugent que leurs violences ne sont pas assez graves. Mais non, elles peuvent venir pour tout, que ce soit de la cyberviolence, des violences physiques, psychologiques, sexuelles, administratives ou financières”, ajoute Marion Garbay, gynécologue du CHU et coordinatrice médicale de la maison des femmes de Montpellier, qui a ouvert huit ans après le premier établissement similaire en Seine-Saint-Denis.

Un lieu unique  

Ici, pas de blouses blanches ni de matériel médical dans chaque pièce. L’idée est de créer un cocon où les femmes puissent se sentir en confiance. “Les femmes victimes de violence ont besoin d’interlocuteurs différents, médicaux, psychologiques ou juridiques. Tous ces partenaires sont séparés en plein d’endroits donc les parcours de ces femmes sont très compliqués. Dans cette même structure à guichet unique, le monde associatif et le monde médical travaillent main dans la main”, se réjouit Mme Garbay. “Cela facilite les démarches”, renchérit  Lili Galleguillos, qui s’occupe entre autres de la mise à l’abri des victimes alors que cette maison ne fait pas d’hébergement. 

Avec 20 consultations par mois au début de l’activité en juillet dernier, la maison des femmes reçoit aujourd’hui plus de 150 femmes par mois. Pour une file active de 250 à 300 patientes. “Nous suivons principalement des jeunes mères de 20 à 40 ans, même si nous avons aussi quelques personnes de 60-70 ans ou quelques adolescentes et mineures en situation de prostitution”, compte Mme Garbay.

Du matériel médical discret 

À l’étage, une petite salle avec un fauteuil moelleux est utilisée pour les interventions volontaires de grossesses (IVG) médicamenteuses simples. À la moindre complication, la patiente est réorientée vers le CHU. 

Juste à côté, la sage-femme a un grand bureau derrière lequel elle peut accueillir des patientes sur des fauteuils molletonnés. Discrètement, une table d’examen a été installée derrière un paravent avec le matériel nécessaire pour faire des échographies. “Les violences apparaissent ou s’aggravent lors de la séparation mais aussi pendant la grossesse”, constate la gynécologue qui a son bureau un peu plus loin. 

Cette pièce, où trône une table d’examen, sert aussi pour les permanences des autres médecins comme l’équipe des urgences pédiatriques pour les enfants victimes de violences ou victimes collatérales violences.  

Une psychiatre du CHU va aussi bientôt assurer une permanence pour traiter les traumatisme, ainsi que des médecins légistes pour faire des certificats en cas de coups, de viol ou de mutilation génitale. 

Deux psychologues viennent déjà trois jours par semaine, dont une qui est spécialisée en sexologie pour suive les femmes victimes de viol ou d’agression sexuelle. Une autre va bientôt rejoindre l’équipe pour traiter des mutilations génitales comme l’excision. 

Dépôt de plainte simplifiée sur place 

Trois juristes se relaient pour assurer des vacations toute la semaine. L’une vient de l’association France victimes 34 pour suivre les dossiers de plaintes et faire le lien avec le parquet. Une autre est issue du CIDFF, notamment pour gérer les violences intrafamiliales. Une dernière vient du CICADE et traite du droit international et des titres de séjour des étrangers. 

C’est dans ces mêmes murs que les femmes peuvent aussi faire un dépôt de plainte simplifié. “Nous recueillons les grandes lignes de ce qu’elles souhaitent mettre dans la plainte”, explique Lili Galleguillos, l’assistante sociale. “La victime est ensuite appelée par la police ou la gendarmerie pour fixer un rendez-vous pour déposer sa plainte”, explique l’assistante sociale. 

Sororité et solidarité 

C’est un lieu qui est pensé comme un sas de décompression, pour que les femmes aient leur bulle à elles”, explique Mme Galleguillos. À termes, la maison des femmes envisage d’organiser des ateliers collectifs de sophrologie, de yoga mère-enfant, de chant, de cuisine ou de jardinage. Autant d’ateliers qui sont ou qui seront animés pour la plupart par des bénévoles. “Les femmes peuvent discuter ensemble et se rencontrer. Elles se rendent compte qu’elles ne sont pas toutes seules”, explique la gynécologue Mme Gabray. De quoi tenter de leur redonner confiance et de rompre l’isolement dans lequel beaucoup se retrouvent.

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