Montpellier : Une moto de course éco-responsable au Bol d'Or, le projet ambitieux d’une classe de lycéens
Dans un contexte mondial où la réduction des émissions de carbone et les économies d'énergie sont un réel enjeu, une classe de lycéens montpelliérains se prépare pour participer à la prochaine édition du Bol d'Or, cette compétition motocycliste d’endurance qui se tiendra du 12 au 15 septembre sur le circuit Paul-Ricard, situé au Castellet. Pour leur projet de fin d’étude, ils préparent une moto écologique puisqu’elle fonctionne avec un biocarburant 100% durable.
Une belle initiative collective qui ne date pas d’hier. La création de l’équipe FMR34 remonte à 2015. « On a fait nos preuves lors du moto tour, entre 2010 et 2015. On faisait l’assistance officielle de tous les pilotes. On a montré que lorsqu’on encadre correctement les jeunes, il y avait un résultat », déclare Marc Sanchez, manager de l’équipe de jeunes.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des formations BTS et bac professionnel d’élèves du lycée Pierre Mendès-France. L’équipe, composée de lycéens et encadrée par quatre enseignants, concourra dans la catégorie expérimentale : « C’est un projet qui permet à des jeunes de vivre une expérience unique. De plus, au niveau technique, l’équipe est mise sous la responsabilité d’un élève que l’on appelle “student manager”. Quatorze camarades sont sous ses ordres », précise le professeur de mécanique moto.
L’objectif de cette initiative ? Mettre en lumière la filière professionnelle moto tout en réduisant l’impact environnemental. Les élèves du lycée, avec leurs professeurs, ont conçu une moto qui roule avec un biocarburant durable issu de biodéchets viticoles et exempt de pétrole et d’éthanol. En répondant au règlement Moto GP, qui interdit l’utilisation d’énergie fossile en 2027, ce carburant permet de réduire les émissions de CO2 de 65 % par rapport aux carburants traditionnels : « Si ce carburant devient la norme, on pourra donner le résultat de nos recherches pour que les grandes industries puissent développer leur nouveaux moteurs. Si le travail que l’on fait permet d’avoir des moteurs un peu moins polluants et un peu plus vertueux, tout en ayant des performances identiques, on aura fait notre travail ».
« On sensibilise nos élèves à respecter la planète »
Ce projet vise à prouver la viabilité de solutions écologiques dans le domaine des courses de moto d’endurance. Avec cette initiative, ces lycéens ne se contentent pas de participer à une compétition, ils montrent la voie vers une pratique sportive plus durable et respectueuse de l’environnement. « On sensibilise nos élèves à respecter la planète. Quand on a un sport qui a une incidence sur l’environnement, si on peut travailler à limiter celle-ci, cela nous permet d’éduquer les élèves. Si après le Bol d’or les modifications sont concluantes, cela veut dire qu’on pourra transférer dans la moto de monsieur tout le monde ce dispositif qui permettra des économies d’énergie », souligne le responsable du projet.
Cette année, les lycéens testeront également un système visant à optimiser la combustion et réduire la consommation de carburant. Ce dispositif, développé avec les étudiants en post-bac “Mécanicien moto spécialisé en conseil et montage de moto et d’accessoires course” et les BTS moto, vise à ajouter des vecteurs de forces aux molécules de carburant pour améliorer l’efficacité énergétique. En cas de succès, ils continueront à travailler sur l’optimisation de cette technologie pour les prochaines années.
« Aujourd’hui, 98% du financement est réalisé par des entreprises privées »
Ce projet ne verrait pas le jour sans financement privé. Marc Sanchez déplore ce manque d’accompagnement de la part des collectivités : « Financièrement, ce sont les entreprises qui nous aident. On a la mutuelle des motards, notre acteur historique du projet. Aujourd’hui, 98% du financement est réalisé par des entreprises privées. Il n’y a pas d’argent public dans le projet. Ce financement privé, sans prendre en compte les motos est de l’ordre de 60 000 €. Avec moto, on dépasse les 100 000 €. Je crois que la plupart des collectivités n’ont pas compris le sens de notre projet. C’est un projet pédagogique. Cela va au-delà de la compétition ».
« Ce que l’on veut, c’est que nos élèves vivent une expérience utile pour leur avenir professionnel et personnel »
Le Bol d’Or, une des courses d’endurance les plus connues, est une plateforme pour ces jeunes talents en termes d’opportunité professionnelle : « Ce projet peut être tremplin. On a des exemples. Un de nos « student manager » de l’année dernière a intégré, au Mans, le « junior team », qui est une formation extrêmement reconnue en France de mécaniciens de course. Puis, il a été immédiatement transféré au SERT (Suzuki Endurance Racing Team). Un autre élève travaille également chez Yamaha, une grande marque japonaise en moto GP. Ce qu’on veut, c’est que nos élèves vivent une expérience utile pour leur avenir professionnel et personnel ».