Montpellier : Voler une télé ? Jamais ! Sauf pour Emmaüs
Ce mercredi 7 février se tenait la signature d’une convention originale entre le tribunal judiciaire de Montpellier et Emmaüs . Désormais, certains scellés du tribunal pourront être donnés à l’association et à ses bénéficiaires.
“14 objets sont pour l’instant concernés par cette remise”, précise Fabrice Belargent, le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Montpellier. “14 pour l’instant, mais c’est très variable. Nous ne sommes pas un commerce, nous n’avons pas de stock et vous comprenez bien qu’on ne va pas saisir des biens exprès pour alimenter Emmaüs ! ”, s’amuse le procureur. Fou rire général en salle de presse.
Mais que trouve-t-on dans les scellés du tribunal de Montpellier ? “On saisit beaucoup de trottinettes, de vélos, de réfrigérateurs, de télés… C’est plutôt de ce type d’objets saisis dont on parle pour les dons”, indique le procureur.
Car la présidente du tribunal, Catherine Lelong, et le procureur l’ont dit et répété : tous les scellés ne sont pas concernés. “J’insiste. Ne feront jamais partie de la liste les objets dits dangereux : les armes, les stupéfiants, l’argent, les bijoux, etc. On ne touchera pas non plus aux objets passés sous scellé dont nous avons encore besoin pour les procédures judiciaires en cours ou à venir”, a affirmé la présidente.
“Il s’agit plutôt d’objets de faible valeur ou qui sont manifestement invendables, car le service des Domaines, qui gère la vente et les enchères des biens saisies devenus propriété de l’Etat, n’en veulent pas. Ils ne devront de toute façon pas être vendus par Emmaüs ou ses bénéficiaires, mais utilisés en tant qu’objets”, ajoute Fabrice Belargent.
Martine Marragou, la présidente d’Emmaüs Montpellier, a ensuite remercié les acteurs du tribunal pour ce don. “Tous les compagnons d’Emmaüs se joignent à moi pour vous remercier de ces dons. Vous le savez, nous fonctionnons en auto-suffisance et parfois, à jongler avec les chiffres pour continuer à faire fonctionner cette communauté qui accueille plus de 100 compagnons à Montpellier, on n’en dort pas la nuit”.
Pour la présidente d’Emmaüs, c’est aussi l’occasion pour les bénéficiaires de porter un regard différent sur la justice. “Certains compagnons ont parfois eu des passés chaotiques avec la justice, puisque nous accueillons de manière inconditionnelle, et ces dons vont permettre d’humaniser cette institution auprès de ceux qui en avaient une mauvaise image, de faire tomber cette appréhension quand on prononce le nom de tribunal et de Justice”.
A terme, la signature de ce type de convention devrait s’étendre à d’autres associations humanitaires. Actuellement, des initiatives de ce type sont déjà en place à Narbonne, Pau ou Reims.