Mur de Pérols : inauguration de la fresque “aux couleurs du printemps” de Salamech
Le vendredi 25 mars, le maire de Pérols Jean-Pierre Rico a inauguré la fresque de l'artiste Salamech, sur le Mur de la Ville, route de la mer. L’œuvre en cours de finition est une composition abstraite qui tire sa force d’une rythmique colorée et musicale.
© M_Weisbuch
De grands aplats de couleurs unis ou en dégradé s’enchevêtrent sur près de 40 mètres de long. Les formes géométriques se suivent mais ne se ressemblent pas. Sous nos yeux d’automobilistes, de cyclistes ou de passagers du tramway, une immense partition colorée déroule une alternance de notes chaudes et froides. “Mes couleurs du moment, précise l’artiste Salamech. Ici on se trouve entre la terre et la mer donc je trouve que cela correspond très bien.”
Un monde vu en passant
Debout, devant la fresque, impossible de l’embrasser dans sa totalité. “Cette œuvre se regarde en mouvement, prévient l’artiste. J’ai voulu réaliser un paysage panoramique de couleurs, rythmé, parce qu’ici, c’est un lieu de transition où les gens sont toujours en train de passer.” Le sentiment du passage est donc la clé d’entrée pour pénétrer l’œuvre de Salamech. Et en effet, en passant devant, on croit distinguer au milieu du ballet de formes et de couleurs, des fenêtres sur un autre monde. Ici un bout de ciel, là une voile de bateau, soudain l’angle d’un toit, un soleil qui apparaît et une étoile filante… La fresque semble rendre hommage au monde de l’éphémère, à ces choses qu’on ne fait qu’apercevoir mais dont le souvenir laisse une empreinte, ces choses belles parce que humbles.
Les beautés éphémères
“Je viens du graffiti, d’où cette volonté de saturation de l’espace, d’aller occuper le plus de place possible. C’est pourquoi je répète les signatures, les motifs. J’ai gardé cette empreinte de mon passé de graffeur. Aujourd’hui, je l’ai adaptée à un travail de peinture plus contemporain, plus minimaliste et plus stylisé” raconte Salamech. L’œuvre inaugurée ce vendredi 25 mars est elle aussi éphémère. Un ou une autre artiste viendra la recouvrir dans 3 mois. Or c’est dans l’ADN des artistes de la rue de savoir jouer avec ce monde qui va trop vite, qui change sans cesse. Salamech comme les autres graffeurs jonglent avec nos perceptions de passage et nous restituent un monde vivant qui retient pour nos yeux des beautés qu’on a désappris à voir.
“Les couleurs, c’est la vie”
Pour que ce petit miracle se produise, la Ville de Pérols soutient et encourage les artistes qu’elle convie tous les 3 mois à couvrir le Mur. Un engagement que le maire Jean-Pierre Rico confie à Dorel Plantier. L’agent de la commune est sensible à l’intérêt que suscite l’opération. Une fête pour les yeux des 50 000 personnes qui passent chaque jour devant le Mur. Malgré tout, Dorel Plantier s’interroge : “En ces temps mouvementés, de Covid et de guerre, on est en droit de se demander à quoi sert l’art. Cela coûte cher. En a-t-on besoin ? Moi je trouve que cela nous permet de réaliser que le monde n’est pas si manichéen qu’on le croit. Entre le noir et le blanc il y a tout un dégradé de couleurs.” Le maire Jean-Pierre Rico a été touché lui aussi par “cet aspect multicolore (…) Car la végétation est en train de prendre le dessus et ce mur s’associe à ce moment” a-t-il ajouté. Un sentiment partagé avec la députée Patricia Mirallès qui a adressé un message de reconnaissance à l’artiste Salamech : “On a besoin de vos couleurs, parce que les couleurs, c’est la vie.”