NJ, de La Grande-Motte aux JO : “Je pensais avoir tout fait dans l’animation micro, puis il y a eu Paris 2024”
Du 7 au 10 août, les épreuves de taekwondo des Jeux olympiques de Paris 2024 se sont déroulées au Grand Palais. Et durant ces quatre jours, la voix entendue dans la salle comme à la télé, était celle de NJ : DJ, MC et speakeuse originaire de La Grande-Motte. Rencontre.
NJ, version artistique de son prénom, est Grand-Mottoise et polyvalente au possible. Destinée à l’adolescence à une carrière de haut niveau dans le tennis, elle s’était dans un premier temps éloignée des terrains pour bâtir sa carrière de DJ et d’animatrice à partir d’une multitude d’événements en France ou à l’étranger. Il y a quelques jours, c’est pourtant dans les tribunes de la plus grande scène sportive du monde qu’elle a fait entendre sa voix.
Une révélation
Sa carrière, NJ dit la devoir au fruit d’un certain hasard : “J’avais 17 ans et j’avais déjà repris mes études après le tennis. Je n’étais encore jamais sortie en boîte de nuit ou autre et un jour, un ami de mes parents a réussi à les convaincre de me laisser sortir. C’est là que j’ai découvert la cabine du DJ. Je suis rentrée chez moi et j’ai immédiatement dit à mes parents que c’était ce que je voulais faire. Après mes études, j’ai donc intégré une école de DJ et ma carrière a vite décollé.”
Dès ses premiers pas en tant que DJ, NJ a souhaité se démarquer en utilisant le micro, qui est rapidement devenu sa spécialité. Celle qui se dit passionnée par l’animation des foules, captivée par l’ambiance électrique, a transformé l’outil en “fer de lance”. Aujourd’hui, elle est convaincue que c’est cette “plus-value” qui lui a permis de se qualifier pour les JO.
Les JO, une opportunité inattendue
Alors, comment passe-t-on d’une carrière à succès derrière les platines au taekwondo ? En étant repéré à Montpellier ! “J’étais à l’Arena Sud de France pour HÉRAIA, une journée dédiée à la promotion du sport féminin, avec notamment le BLMA comme speaker, se souvient NJ. Il y avait du basket, mais pas seulement, et l’Arena était pleine. Il devait y avoir près de 8 000 personnes. Une personne responsable du recrutement des MC et annonceurs français pour les JO était présente et m’a contactée une ou deux semaines plus tard pour me proposer d’être annonceuse française.”
Ainsi, une opportunité rare s’est ouverte à NJ, mais dans un domaine qui n’était pas forcément sa spécialité. Contrairement au MC, l’annonceur a un script à suivre et doit respecter des temps de parole, jouant un rôle plus informatif. “On m’a proposé directement les épreuves de taekwondo, poursuit-elle. Ce qui m’a motivée à accepter, c’est d’abord le challenge, car je n’avais jamais été annonceuse française.”
“Un nouveau challenge impossible à refuser”
Lorsque la proposition lui est faite, NJ s’empresse de demander s’il est nécessaire d’avoir des connaissances en taekwondo, une discipline qui lui est alors complètement étrangère. La réponse est non. Jackpot ! Elle accepte donc le job et se forme elle-même aux règles et aux figures du taekwondo. “J’ai fait des recherches, appris les règles et regardé quelques combats pour ne pas arriver totalement novice, explique NJ. Le fait est que ce sont les JO et que je suis très sportive depuis mon enfance, donc c’était un nouveau challenge impossible à refuser”.
C’est remplie d’énergie et d’enthousiasme qu’elle débute alors une grande préparation, nécessaire au vu de l’événement planétaire que constituent les Jeux olympiques. Et comme souvent, le travail paie puisqu’on lui propose de doubler son rôle d’annonceur d’un rôle de MC et de chauffeuse de salle au Grand Palais : “Là, ça a été la cerise sur le gâteau ! Ce n’était absolument pas prévu, mais comme j’adore chauffer les foules et faire vibrer les lieux avec le public, j’ai dit oui tout de suite. Être annonceur est bien différent d’être MC : c’est plus calme, plus posé, donc au début, j’ai dû me canaliser. Mais dès que je quittais la table et finissais ma tâche d’annonceuse française, je prenais le micro et je partais faire le show dans le public.”
Le public, une question d’adaptation
Réchauffer les foules, c’est sa passion, mais encore a-t-il fallu s’adapter aux conditions atypiques des Jeux Olympiques. Pour cela, NJ a dû relever un autre défi, celui de l’adaptation au public. Car avec des épreuves de taekwondo qui débutent à 9h, des transports en commun perturbés et des portes qui s’ouvrent à l’aube, il ne fallait pas s’attendre à ce que les spectateurs du matin n’aient la même énergie que ceux de 21h. Rien d’effrayant pour la professionnelle, qui a sorti toutes les astuces de son box pour vivre ces moments avec eux : “Moi, je me réveillais à 5h du matin et le public arrivait souvent dès 7h30 donc c’était probablement la même chose pour eux. Je devais accepter que ce public ne soit pas aussi réveillé que celui de 16h. […] À 9h du matin, je les encourageais quand même à soutenir les sportifs, mais différemment.”
Et selon elle, si aujourd’hui la presse internationale applaudit l’ambiance qui régnait durant ces Jeux, c’est aussi parce que ses collègues ont relevé les manches : “Ça allait bien au-delà du simple ‘faites du bruit’ ! Souvent, on reproche aux Français de ne pas savoir dire autre chose, mais je pense que ces JO ont bien montré que les MC, speakers et annonceurs français ont beaucoup de talents.”
“On sentait les gens prêts à rugir”
Malgré l’heure, face à l’intensité des efforts des sportifs, la ferveur du public était au rendez-vous : “Il était phénoménal, inespéré même. […] Je fais beaucoup d’événements en France, parfois il est difficile d’obtenir une réaction puissante du public, mais là, c’était totalement différent. Nous n’avions presque pas besoin de leur demander de faire du bruit ou d’être enthousiastes. Ils étaient vraiment là pour célébrer et soutenir les athlètes.”
Durant les épreuves de taekwondo, NJ a eu la chance de vivre en direct deux médailles françaises : une de bronze pour Cyrian Ravet et une d’or – la première de l’histoire du taekwondo français – pour Althéa Laurin. Marquée par l’euphorie du public, elle raconte : “On avait l’impression d’être un peu les maîtres du monde. Dès qu’on ouvrait la bouche, on sentait les gens prêts à rugir.” Dans les tribunes, une ferveur, une intensité, mais aussi un sentiment de communion se dégageaient : “J’avais l’impression d’être dans un monde de Bisounours. Les gens étaient humains, gentils, souriants, et je n’ai ressenti aucune agressivité ou animosité. Tout le monde était uni dans le soutien des athlètes.” Et là, il n’y avait plus de frontières. “Le public a été incroyable. Même pour les athlètes de petits pays, sans beaucoup de supporters, il y avait toujours une ambiance. Aucun athlète n’a été laissé de côté”, partage-t-elle, encore touchée par la solidarité du public français.
Quid de 2028 ?
Alors, les JO de Los Angeles 2028 pourront-ils faire mieux ? La question est directe, presque un piège, mais NJ ne tombe pas dedans. “C’est la première fois que je participe aux JO, donc honnêtement, je ne sais pas,” répond-elle avec un grand sourire. Elle n’élude pas le sujet, mais son expérience à Paris lui laisse une conviction : quelque chose d’exceptionnel s’est produit. “En France, il y a eu quelque chose de spécial”, glisse-t-elle. Au-delà de l’organisation et de la performance, ce qui l’a marqué, c’est “l’ambiance unique, quasiment irréelle”.
“C’était comme si on vivait à Disneyland, dans un monde où l’humanité prenait le dessus”, affirme-t-elle, la tête encore dans le Grand Palais. À Paris, elle a ressenti “une unité rare”, “une atmosphère de soutien”, loin des tensions habituelles. Les JO de Tokyo, avec ses restrictions liées au Covid, n’avaient pas pu offrir cela.
Le défi pour Los Angeles 2028 ne sera pas seulement d’organiser des Jeux parfaits sur le plan technique, mais de recréer cette alchimie. Unir les foules, les athlètes et les pays dans un élan de solidarité réelle, comme cela a pu se produire à Paris : “Si on pouvait retrouver ça dans chaque JO, partout dans le monde, ce serait un vrai progrès !”.