Noël 0% dans l'Hérault : la fête "aussi folle" sans alcool
À l’aube des fêtes, Noël prend une direction inattendue : le 0%. L’Hérault, terre de vin et de grandes tablées arrosées, n’échappe pas à la vague nationale de déconsommation d’alcool. Et ce n’est pas qu’une mode passagère.
Selon une étude de CGA par NielsenIQ, 52 % des Français ont décidé de réduire leur consommation d’alcool cette année. Le constat est sans appel : en deux ans, la consommation d’alcool a chuté de 13 %. Une révolution discrète mais bien réelle, qui laisse place à une ascension fulgurante des alternatives sans alcool. Loin d’être un épiphénomène, cette tendance a rapidement séduit les producteurs héraultais, bien décidés à offrir un Noël 0% aussi festif que sans excès.
De la niche au raz-de-marée
Il y a encore quelques années, le vin sans alcool faisait sourire. Aujourd’hui, il fait vendre. Ce qui semblait être un produit de substitution s’impose comme un choix à part entière. Bière, vin, spiritueux, cocktails : tous les grands classiques de l’apéro se déclinent désormais en version 0%.
Cette révolution s’inscrit dans une dynamique de fond. Pour preuve : en 2023, le marché de la bière sans alcool a bondi de 20 %, et le vin suit la même trajectoire. Vincent Pugibet, coresponsable du domaine de La Colombette, est bien placé pour en témoigner : “On vend 3 millions de bouteilles, et cette année, on va passer le million de bouteilles sans alcool.”
Et tout le monde s’y met. Cavistes, bars et restaurants étoilés s’y mettent aussi, portés par la montée des accords mets et vins sans alcool. Florian Farion, cofondateur de Pure Drink, observe un engouement similaire chez les professionnels : “Les grands chefs veulent une alternative crédible au vin. Aujourd’hui, l’offre sans alcool est bien placée pour jouer ce rôle”.
Pourquoi le 0% séduit-il autant ?
Fini le temps où l’on proposait un soda ou un jus d’orange à ceux qui ne buvaient pas d’alcool. Les temps ont changé, et avec eux, les mentalités. L’offre s’est largement diversifiée et la demande a explosé. Aujourd’hui, on ne boit plus “sans alcool par défaut”, mais par choix. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’abord, la recherche de bien-être et de santé. Les jeunes générations, plus soucieuses de leur hygiène de vie, plébiscitent les boissons légères. Du moins c’est l’avis de Vincent Pugibet, qui explique : “Les jeunes ont une culture du corps, de la santé. Ils sont beaucoup plus attentifs que nous.”
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 12 et 14 kilocalories pour 5 centilitres de vin sans alcool, bien loin des 35 à 50 kilocalories d’une bière sans alcool ou des 90 kilocalories d’un soda. Cette légèreté séduit. “Aujourd’hui c’est l’un des principaux arguments qu’on met sur la table”.
Mais au-delà de la santé, il y a aussi la recherche de goût. Les producteurs n’hésitent plus à miser sur la qualité et l’innovation. La bière sans alcool, la “light” longtemps moquée pour son goût fade, a radicalement changé de cap. Jonathan Dubois, cofondateur de Goxoa, dont la Blonde a été sacrée “meilleure bière sans alcool du monde” aux World Beer Awards, se réjouit de cette métamorphose : “Les standards évoluent, les clients veulent de la qualité en 0% et on est loin des clichés. On voit de plus en plus d’hommes, de jeunes, être séduits par le 0%. C’est simple : l’alcool, ce n’est plus ‘cool’. Les clichés tombent, le marché grimpe”.
Une quête de produits de qualité qui va de pair avec l’essor du bio et du naturel. Nicolas de Royer Dupré, cofondateur de Pierre & Nico, en a fait son cheval de bataille : “Les consommateurs ne sont plus prêts à acheter n’importe quoi. Ils veulent des produits authentiques, bio, naturels. Ce n’est pas juste un effet de mode, mais une prise de conscience collective.”
Les jeunes, moteurs de la tendance
S’il y a bien une génération qui fait bouger les lignes, c’est la génération Z. Cette jeunesse, plus connectée, plus engagée, plus soucieuse de son bien-être, se détourne de l’alcool au profit de boissons “fun mais safe”. Pour Vincent Pugibet, ce virage générationnel est évident : “Je vois les gamins qui sont ados, entre 15 et 20 ans, et c’est clair qu’ils boivent beaucoup, beaucoup, beaucoup moins d’alcool que ce qu’on pouvait en boire à leur âge.” À la table familiale, il fait le même constat : “Tu mets du vin à table, ils ne vont pas boire. Tu mets des bouteilles de cola, ils se servent de suite.”
Les jeunes ne cherchent pas seulement à “faire attention”. Ils veulent aussi vivre des expériences différentes, plus inclusives. Dans cette quête d’inclusivité, les codes de la fête changent. Proposer une alternative sans alcool, ce n’est plus “faire un effort pour les autres”, c’est désormais la norme.