"Nous allons rester centrés sur nos missions" : la Maison des adolescents de l’Hérault se refait une santé
Déficit budgétaire, missions trop larges, couverture territoriale incomplète : dans un rapport publié le 28 janvier, la Chambre régionale des comptes pointe des failles dans la gestion et le financement de la Maison des Adolescents de l’Hérault. En première ligne face à la détresse des jeunes, la structure a enregistré 1 300 nouvelles demandes en 2023. Face aux critiques, ses dirigeants assurent avoir pris des mesures pour redresser la barre.
Depuis sa création en 2010, la Maison des adolescents (MDA) de l’Hérault joue un rôle clé dans l’accueil et le suivi des jeunes de 11 à 21 ans, en proposant une prise en charge gratuite et confidentielle. Premier niveau d’accueil et d’information pour les jeunes, elle traite des problématiques de santé mentale, de difficultés familiales, scolaires ou encore de harcèlement. Le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), qui a étudié la période 2019-2023, met en avant un élargissement de ses activités par rapport aux missions classiques d’une MDA. En plus de l’accueil, de l’écoute et de l’orientation, celle de l’Hérault propose des suivis psychologiques grâce à une équipe du CHU de Montpellier, ainsi que des activités culturelles ou de bien-être, comme la sophrologie.
“Nous souhaitions apporter des réponses à la diversité des ados de 11 à 21 ans, qui ne sont pas tous réceptifs au même support d’expression“, explique Julie Alborghetti, directrice de la MDA 34. Mais cette diversification a un coût et l’établissement doit désormais se recentrer sur ses missions essentielles. “C’est plutôt une chance d’offrir tout ça mais on en a peut-être pas les moyens. Nous allons rester centré sur les missions qui sont les nôtres“, ajoute Frédéric Hoibian, administrateur de la structure.
Une situation financière tendue mais maîtrisée
Le financement de la MDA repose sur des subventions annuelles de l’Agence régionale de santé, du Département et des villes de Montpellier et Béziers, où sont implantés les deux sites. Elle bénéficie aussi d’aides ponctuelles (CAF, CPAM, Fondation de France, par exemple) pour des projets spécifiques. L’un des points les plus critiques du rapport de la CRC est la forte dégradation de la situation financière de la MDA34, en 2023. “Nous nous sommes retrouvés face à un déficit du budget construit sur des recettes attendues qui ne sont pas arrivées”, admet Frédéric Hoibian.
Face à cette difficulté, la direction a très rapidement mis en place un plan de retour à l’équilibre. “Nous avons beaucoup de leviers, comme réduire les prestations que nous proposons“, précise Frédéric Hoibian. La situation financière s’est stabilisée : “Fin 2024, nous sommes revenus à un équilibre comptable et budgétaire.“, ajoute Julie Alborghetti.
L’avenir a tout de même de quoi inquiéter. Avec les baisses de dotations de l’Etat, les collectivités souffrent d’un budget réduit. C’est le cas du Département, l’un des principaux financeurs de la MDA. “Nous savons déjà qu’il y aura une baisse de financement du Département“, confie Frédéric Hoibian. Si le chiffre n’est pas encore annoncé, il pourrait tourner autour de 20% en moins.
Une présence départementale à renforcer
Autre point soulevé par la CRC : la couverture territoriale de la MDA34. Si les pôles de Montpellier et Béziers assurent l’essentiel des consultations, des permanences existent aussi à Bédarieux et Lunel. Mais certains secteurs du département restent mal desservis et l’accès aux services est inégal selon la localisation. “Nous avons une vocation départementale, nous sommes sollicités par des parents, des enseignants et des ados de tout le territoire“, insiste Frédéric Hoibian. Toutefois, “on ne peut pas apporter le même niveau sur tous les sites mais on a vocation à repérer les besoins partout“, nuance Julie Alborghetti.
Le rapport recommande la mise en place d’un diagnostic territorial pour ajuster les actions en fonction des besoins locaux. Mais avec des ressources limitées, la Maison des adolescents devra arbitrer entre sa volonté d’élargir son accès et la nécessité de stabiliser son modèle économique.