Occitanie : la fédération du bâtiment alerte, "14 000 emplois perdus en 3 ans"
La Fédération Française du Bâtiment (FFB) en Occitanie tire la sonnette d’alarme sur la situation que traverse le secteur. Faillites d’entreprises, perte d’emplois et déficit de logements neufs mettent en péril l’économie régionale, selon le syndicat.
“La situation est grave”, selon Frédéric Carré, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) de la région Occitanie, qui organisait ce jeudi sa “première conférence de presse en 5 ans”. Alors que la France attend son nouveau gouvernement, le syndicat majoritaire du secteur regrette le vote de la motion de censure, “pénalisante” pour la profession car “il y a des choses que nous avions gagné dans le projet de loi de finances (PLF) 2025”.
Entre 2023 et 2025, 14 000 emplois sont voués à disparaître en Occitanie, selon la FFB. Rien qu’en 2024, “1 300 entreprises du secteur auront fait faillite”, soit une augmentation de 31 % par rapport à la moyenne des dix dernières années. “Les prévisions pour 2025 sont alarmantes, nous allons perdre 10 000 emplois de plus si on ne renverse pas de suite la tendance”, prévient Frédéric Carré.
Concernant la construction de logements neufs, seulement 27 000 logements auront été édifiés en 2024, bien en deçà des 40 000 par an construit en moyenne jusqu’en 2019 et des 47 500 nécessaires annuellement pour répondre aux besoins de la région. Ce déficit, qui s’élève à 20 000 unités cette année, pourrait atteindre 100 000 logements manquants d’ici 2030 si aucune mesure corrective n’est adoptée. “Le parcours résidentiel est cassé, les gens ne trouvent plus de logement dans une région qui accueille 150 000 nouveaux habitants par an”, ajoute le président de la FFB Occitanie.
Les exemples de l’Hérault et de l’Aude
Dans le département de l’Hérault, 850 entreprises sont adhérentes de la FFB, ce qui représente 12 000 salariés. “Notre territoire attire tous les ans plus de 12 000 personnes, dont 4 000 sur la métropole de Montpellier, précise Gilbert Comos, président de la FFB Hérault. Nous avons des besoins énormes en logements et on prend du retard sur la construction. On va détruire 2 000 emploi sur l’année”.
L’Aude compte sur son territoire une particularité, Port-la-Nouvelle, qui attire des travailleurs de nombreux secteurs. “On a créé ce port sans tenir compte du logement, regrette Xavier Levy, président de la FFB Aude. Il y a trois éoliennes dans ce port et 15 nouvelles vont arriver. Cela implique que des gens vont venir travailler mais nous n’avons pas de quoi les loger”.
Quatre mesures pour sortir de la crise
Face à cette situation critique, la FFB Occitanie réclame “une vraie politique du logement”, qui représente 25% de l’activité de cette filière, et propose quatre mesures pour relancer le secteur. Tout d’abord, pour relancer l’accession à la propriété, le syndicat propose de réinstaurer un prêt à taux zéro universel, accessible à tous. “On l’avait gagné dans le PLF 2025, on demande que ce soit remis dans le prochain”.
Deuxièmement, pour favoriser l’investissement locatif privé, la FFB veut sortir du dispositif Pinel d’investissement locatif – même si son président admet que “c’est mort” – et créer un statut pour les bailleurs privés afin d’amortir les constructions neuves ou les rénovations sur 50 ans. Enfin, la structure propose d’encourager les donations pour le neuf et de relancer le logement social réduisant la contribution des bailleurs sociaux à la réduction de loyer de solidarité à 1,1 milliard d’euros par an. “En Occitanie, cette mesure permettrait de construire 650 logements sociaux supplémentaires chaque année”.