Occitanie : les notaires au cœur de la tempête, "En 2 ans, nous avons perdu 38 % des volumes de transactions"
À l’aube d’une ère où les fondements du droit et de l’immobilier tremblent sous le poids des transformations économiques, la profession notariale tente de se redéfinir.
Une dépendance à l’immobilier
C’est à l’occasion de la présentation des statistiques 2024 des Notaires du Midi que Philippe Martin, son président, est revenu sur l’impact de la crise immobilière sur la profession, elle aussi fragilisée : “Notre production s’appuie essentiellement, ou en tout cas en grande partie, sur la transaction immobilière,” affirme-t-il. Une dépendance qui mène à une vulnérabilité en raison des dynamiques fluctuantes et des tendances baissières du marché immobilier. “En l’espace de deux ans, nous avons perdu 38 % des volumes de transactions, ce qui représente 65 % de notre activité.”
Crise des effectifs
Face à cette conjoncture délicate, les études notariales se voient contraintes d’adapter leur fonctionnement. Si Philippe Martin avance que le notariat n’a pas “vocation historiquement à prendre en compte le personnel comme variable d’ajustement”, des changements se sont imposés : “Nous avons perdu 8 à 10 % des 2 400 emplois dans la région,” un constat alarmant qui fait écho à “une perte nationale de 10 000 emplois.” Il note également “un frein sur les recrutements” et que “les études accueillent moins de stagiaires”, une situation qui pourrait conduire selon lui à “la perte définitive de force vive formée, celle-ci décidant de se tourner vers d’autres secteurs”.
Une diversification impérative
Si le notariat est souvent réduit à l’immobilier, cette vision ne reflète pas la réalité des missions qui incombent à cette profession. “Il existe une gamme de prestations qui vont bien au-delà de cette activité, poursuit Philippe Martin. Ce sont ces activités qui permettent aux études de tenir malgré la fragilité du marché.” Selon lui, aujourd’hui, “c’est la diversification qui doit guider les notaires dans leur mission.”
En premier lieu, le droit de la famille est un domaine central de l’activité notariale. “C’est la matrice de l’ADN du notariat,” partage le président des Notaires du Midi. Mariage, adoption, succession : le notaire devient un repère en temps de transition, un rôle de conseil sur lequel de plus en plus d’études se focalisent. “Nous devons développer ces compétences pour répondre aux attentes de la société,” lance-t-il.
Outre ce rapport historique au droit, c’est auprès de l’autorité judiciaire que les notaires sont désormais appelés à faire usage de leur expertise. Une évolution qui s’inscrit dans le phénomène récent de déjudiciarisation du droit : “Le notaire se substitue de plus en plus à l’organisation judiciaire en prenant en charge des actes qui relevaient auparavant du tribunal”, explique-t-il. Le meilleur exemple de ce nouveau mode d’intervention est le mandat de protection future, qui permet à une personne de désigner un mandataire pour veiller sur ses intérêts en cas de perte d’autonomie. “C’est un domaine qui nous tient à cœur. Une confirmation que nous sommes des partenaires fiables en temps de vulnérabilité.”