Collectivités — Lattes

Ode à la mer : le projet L'îlot des platanes à Lattes divise toujours, un recours va être déposé

Parmi les nombreux volets du projet Ode à la Mer, l’îlot des Platanes, à Boirargues, continue de susciter des débats. Alors que certains habitants s’apprêtent à déposer un recours contentieux, la municipalité et le promoteur défendent leurs choix d’urbanisme.

Le projet Ode à la Mer, inscrit dans le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) depuis 2006, ambitionne de réinventer les entrées de Montpellier en transformant 250 hectares de terrains entre la ville et la Méditerranée. Alliant logements, bureaux, commerces et équipements publics, il se veut une réponse aux enjeux démographiques et urbains de la métropole, qui gagne chaque années 6 000 habitants supplémentaires.

L’îlot des Platanes, situé dans le quartier de Boirargues, est l’une des premières étapes de cette transformation. Ce site, anciennement occupé par des parkings et des commerces, prévoit la construction de 300 appartements répartis dans trois immeubles, dont un bâtiment signal de 14 étages. Des aménagements comme un parc public et un pôle autonomie-santé sont également inclus.

“Ca va ressembler au quartier de La Défense”

Le collectif Bien vivre à Boirargues critique notamment la disproportion entre le projet et le quartier existant. “Boirargues est composé de petites maisons, la tour signal prévue est de 14 étages, ça va ressembler au quartier de La Défense”, souligne un responsable du collectif qui souhaite garder l’anonymat. Il dénonce également une densité excessive avec “300 appartements, plus de 600 personnes sur un hectare”, ainsi que les risques accrus de bouchons et de pollution. En plus, “ça va créer des problèmes d’ensoleillement et de visibilité sur les jardins et maisons. La valeur des maisons va donc diminuer”.

Après avoir déposé deux recours gracieux, l’un contre le Plan Local d’Urbanisme et l’autre contre le permis de construire, “nous n’avons pas de réponse de la mairie donc on va se pourvoir au tribunal administratif avec un recours contentieux. On a jusqu’au 12 février pour le faire, on attendra cette date pour gagner du temps”. Ensuite, le délai administratif est de 10 à 12 mois, une décision judiciaire n’est donc pas attendue avant 2026.

Le collectif d’habitants du quartier Solis Soriech, de son côté, demande des constructions plus modestes et adaptées au tissu urbain local. “La quasi-totalité de la population qui habite dans ces quartiers refuse de voir se construire des immeubles d’une telle hauteur démesurée”, affirme leur porte-parole qui souhaite lui aussi ne pas être nommé. Une pétition “signée par 98 % des habitants rencontrés” exige que les bâtiments soient limités à “4 étages hors zone pavillonnaire et 2 étages à proximité des zones résidentielles. Ce collectif privilégie pour l’instant le dialogue et espère une rencontre avec le maire en 2025.

On est bien obligé de passer à la verticalité

Pour Cyril Meunier, maire de Lattes, les critiques sur l’urbanisme du projet sont compréhensibles mais doivent être mises en perspective avec les contraintes imposées à la commune. “Nous sommes obligés de faire 2 100 logements, tout confondu, tous les six ans, on n’y arrive pas.” Il insiste sur le fait que le projet répond à plusieurs défis locaux, notamment la “progression démographique à laquelle il faut faire face, un coût de l’immobilier qu’il faut faire baisser en augmentant l’offre, des demandes de logements sociaux qui sont montées : juste pour les Lattois, on est passé de 250 demandes à 450.”

La verticalité des bâtiments est, selon lui, une solution nécessaire pour éviter de compromettre l’identité pavillonnaire du reste de la commune. “À partir du moment où vous devez respecter 50 % de terre pleine et les normes environnementales, on est bien obligé de passer à la verticalité. Je refuse qu’on détruise les lotissements de Lattes, de Boirargues et de Maurin, il faut donc que j’ai une politique d’urbanisme qui soit le long de l’avenue de la mer”.

“On va désimperméabiliser les sols de 47%”

Des efforts d’aménagement ont également été inclus dans le projet, selon l’édile. “En plein milieu de l’îlot des Platanes, il y a le pôle autonomie-santé, un élément fort de notre politique communale, ainsi qu’un parc ouvert à tous. Ce programme garantira un trajet sécurisé piéton pour les enfants et pour les habitants se rendant à la station de tram, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.” Concernant les craintes des riverains sur la visibilité de la tour, il se veut rassurant : “Ils savent très bien que l’immeuble de 14 étages, ils ne le verront pas de chez eux. On l’aura prouvé dix fois, cent fois, mille fois par des perspectives”.

Ces persepctives, c’est Laurent Romanelli, de M&A Promotion, qui les a montés aux habitants avec qui il est “régulièrement en contact”. Selon le promoteur du projet, “l’immeuble de 14 étages est contre l’avenue de la Mer, trop loin donc pour qu’on voit chez les gens, surtout qu’il y a les platanes”. Sur les embouteillages, il se veut pragmatique : “Ils existent déjà. C’est justement la création de ce barreau nord qui va résoudre le problème.” Il met également en avant les bénéfices environnementaux et sociaux : “On va désimperméabiliser les sols de 47 % et donner aux gens un parc et plus d’espace libre”.

Perspective Ilôt des platanes ©MA Promotion
Perspective Ilôt des platanes ©MA Promotion
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