« On donne du temps, mais on reçoit tellement plus » : Catherine Brualla, bénévole aux Petits Frères des Pauvres d’Agde
En France, plus de 2 millions de personnes âgées sont touchées par l’isolement. 530 000 vivent dans un état de "mort sociale", privées de tout lien humain et des joies simples de la vie.
Depuis 1946, les Petits Frères des Pauvres se battent pour offrir une présence chaleureuse et du réconfort aux aînés les plus isolés. En Agde, une équipe de bénévoles agit quotidiennement pour retisser ces liens précieux. Catherine Brualla, bénévole depuis quatre ans et responsable d’équipe, partage son expérience.
Une association à l’écoute des plus démunis
L’association, née après-guerre pour accompagner les personnes âgées sans famille, continue de répondre aux défis de l’isolement. Aujourd’hui, elle s’adresse à ceux qui, malgré leur environnement, ressentent une solitude profonde. « On peut être entouré physiquement, mais se sentir seul », explique Catherine Brualla. « Beaucoup de nos bénéficiaires sont veufs ou vivent en EHPAD. »
Les Petits Frères des Pauvres d’Agde interviennent aussi bien auprès des aînés à domicile qu’en établissement. « Nos bénéficiaires ont entre 55 et 95 ans. Une fois le lien établi, notre mission est de leur redonner goût à la vie. Cela passe par des visites, des jeux, des promenades… ou simplement du temps partagé. »
Quand les confidences changent tout
Pour Catherine, être bénévole, c’est bien plus qu’une simple mission : c’est un échange humain et intime. « On donne du temps, mais on reçoit tellement plus », confie-t-elle. Parmi ses expériences marquantes, elle évoque son accompagnement auprès d’une personne atteinte de la maladie de Charcot, décédée un 25 décembre. « Cette dame m’a confié ses dernières volontés et des réflexions très personnelles sur sa vie. Ces moments de confidence sont d’une richesse incroyable. Ils touchent profondément. »
Une solidarité qui prend vie à Agde
En Agde, l’équipe compte 12 bénévoles pour 9 bénéficiaires. « Nous formons une petite famille soudée, que ce soit entre bénévoles ou avec les bénéficiaires. On partage des moments de complicité, des éclats de rire, et parfois des larmes “. Les actions menées tout au long de l’année par les Petits Frères des Pauvres sont essentielles pour rompre la solitude des personnes âgées accompagnées. Ces moments de convivialité se traduisent par plusieurs événements marquants tout au long de l’année. Parmi eux, le repas de Noël, qui se tiendra cette année au restaurant Les Deux Frères, au Cap d’Agde. « Nous serons 18 à partager un moment festif, autour d’un bon repas, de discussions, et d’un petit cadeau pour chacun. Pour beaucoup, ce sera leur seul vrai repas de fête », confie Catherine Brualla.
D’autres activités, telles que des sorties et goûters, viennent ponctuer les trimestres. Une croisière sur une péniche ou des moments conviviaux à thème permettent aux bénéficiaires de se retrouver et de partager un moment de détente. « Ces moments leur redonnent le sourire et un sentiment d’appartenance. C’est simple, mais tellement essentiel », ajoute la bénévole. Des temps forts annuels, comme la galette des rois en janvier, les festivités de Pâques ou encore les rencontres estivales, offrent autant d’opportunités de tisser des liens et de créer des souvenirs chaleureux.
L’isolement : un combat quotidien
Une augmentation du nombre de personnes isolées est observée ces derniers temps. « Le vieillissement, les maladies, la perte d’un conjoint, et l’éloignement des enfants… tout cela contribue à l’isolement. Le plus difficile pour nous est de les atteindre, car beaucoup ne demandent pas d’aide d’eux-mêmes. Heureusement, des organismes comme les CCAS ou les cabinets d’infirmiers nous alertent souvent. »
Face à cette réalité, les Petits Frères des Pauvres s’efforcent d’adapter leurs actions. « Nous essayons de personnaliser chaque activité en fonction des capacités et envies de chacun. Par exemple, pour une personne en fauteuil roulant, nous privilégions des sorties simples. L’important est de les inclure et de leur offrir un moment sans contraintes.»
“Être bénévole est un enrichissement personnel”
Pour Catherine Brualla, l’engagement au sein de l’association a transformé sa vie. « Être bénévole, c’est s’ouvrir à des relations sincères. Nous ne sommes ni soignants ni membres de la famille, ce qui permet aux bénéficiaires de se confier librement. Des amitiés profondes se tissent, et c’est une richesse immense ». Son message à ceux qui hésitent à s’engager : « Rejoindre l’association, c’est donner un sens à son temps libre. Vous entrez dans la vie de quelqu’un, vous apportez de la lumière… et vous repartez toujours enrichi. Attention cependant, une certaine régularité reste indispensable. »
Une invitation à s’engager
Alors que l’isolement des aînés continue de croître, les Petits Frères des Pauvres d’Agde appellent à une mobilisation collective. « Ces personnes ont tant à partager, et elles méritent qu’on prenne soin d’elles », conclut Catherine. Pour briser ce cercle vicieux de solitude, chaque geste compte.
Si vous souhaitez offrir de votre temps, l’association des Petits Frères des Pauvres est prête à vous accueillir.