Ouest Hérault : l'ONF traque grenouilles et crapauds dans les Avants-Monts et les Monts d'Orb
L'Office national des forêts organise régulièrement des inventaires pour prendre le pouls de la biodiversité. Ici comme ailleurs, les populations de batraciens sont sur le déclin.
Le printemps est un moment privilégié pour observer et étudier la nature. Les 220 forestiers naturalistes de l’ONF sont à pied d’œuvre pour réaliser des inventaires naturalistes partout en France. Leur mission : bien connaître la biodiversité pour mieux la protéger.
Dans l’Hérault, l’herpétologue Cédric Baudran (spécialiste des reptiles et amphibiens) et son équipe sont partis, mardi 25 et mercredi 26 avril, explorer les forêts domaniales des Avants-Monts, dans la commune de Saint-Pons-de-Thomières, et des Monts-d’Orb pour dresser un inventaire des batraciens peuplant les mares de ces bois. Une opération menée dans le cadre du programme national “Pop amphibiens” de la Société herpétologique de France.
Une quinzaines de mares observées
“Nous faisons un inventaire amphibien dans le cadre d’un projet plus large de l’amélioration du réseau des zones humides sur les terrains que l’ONF a en gestion. Cette année, nous avons choisi deux forêts : celle des Avants-Monts et celle des Monts-d’Orb, une dizaine de mares dans la première, quatre dans la seconde”, précise Cédric Baudran. “On fait un passage nocturne pour détecter les chants des grenouilles et des crapauds, et observer les tritons et salamandres. On les voit mieux de nuit, avec les lampes, on éclaire bien les mares”, précise l’herpétologue depuis les Avants-Monts.
“Les points d’eau déjà très bas”
Premier constat : “Certains points d’eau sont déjà très bas”, se désole Cédric Baudran. Une observation inquiétante pour le développement des populations de batraciens. Les spécialistes ont, par exemple, pu observer la présence de nombreuses larves de salamandre dans les Monts-d’Orb mais le faible niveau des cours d’eau laisse planer un sombre doute quant à leur chance de se développer et de devenir adulte. “Notre troisième passage avant l’été nous permettra de le savoir”, poursuit le scientifique.
Un manque d’eau évidemment néfaste mais ce n’est malheureusement pas le seul problème pour l’avenir des amphibiens : “Avant même les sécheresses de l’année dernière et de cette année, il y avait déjà beaucoup d’espèces en baisse. Il y en a quelques unes qui se portent de mieux en mieux – par exemple la grenouille agile – mais globalement, les trois quarts sont en déclin”, regrette le spécialiste. En cause, l’urbanisation, sous-entendu la destruction des milieux naturels, et la fragmentation des paysages, autrement dit les routes et auto-routes fracturant les territoires.
“Les populations vont décliner, puis s’éteindre”
Trop brusque, évoluant trop rapidement, les batraciens, dont l’espérance de vie est en moyenne d’une quinzaine d’années, n’auront, de plus, pas le temps de s’adapter génétiquement au réchauffement climatique. “Les sécheresses, que l’on nous annonce de plus en plus fréquentes, assèchent les points d’eau dès le mois de mai. C’est trop court pour la plupart des amphibiens [pour la période de reproduction], cela veut dire que les populations vont décliner, puis s’éteindre. Il en restera peut-être dans des zones en France moins fragilisées par la sécheresse. C’est malheureusement le scénario le plus probable”, regrette Cédric Baudran.
Les solutions pour enrayer le phénomène
“Dans le cadre de ce projet, nous ne faisons pas que contempler le déclin, souligne cependant l’herpétologue. Nous avons pour objectif de regarder ce que nous avons dans nos mares et nos forêts pour ensuite voir comment on peut améliorer les choses. On a de petites marges de manœuvre, il y a des mares que l’on peut approfondir pour qu’elles gardent de l’eau plus longtemps, au moins jusqu’au mois de juin, ou les ombrager, par exemple. C’est ce que l’on va proposer à nos collègues gestionnaires de l’ONF.” De quoi jeter un peu d’espoir dans la mare.