Pays Cœur d'Hérault, Assises de la TPE : "Pas de coopération, pas de transitions"
Étudiants, jeunes actifs, chercheurs d’emploi, chefs d’entreprise, tous unis par une volonté commune de relever les défis, avec la détermination de véritables héros… Ce matin, le château de Malmont, à Villeneuvette, avait des allures de rentrée des classes, accueillant les 3e Assises de la TPE du Pays Cœur d’Hérault.
Au programme de cette matinée : la transition – “ou plutôt, les transitions.” Et au micro, les acteurs publics comme privés se sont accordés à dire que le par cœur n’était plus au goût du jour, mais qu’elles devaient prendre la forme d’un contrôle continu transversal mobilisant un écosystème entier dédié à l’apprentissage, à la coopération et à la transmission.
Tous unis pour l’accélération
Le ton était donné : accélérer la création de richesses, en unissant ambitions et efforts. Ce n’était pas seulement une question de croissance économique, mais bien de faire marcher l’ensemble du territoire au même rythme, avec la même énergie. Un défi ambitieux ? “Oui, mais à portée de main”, selon les acteurs locaux, qui ont ce matin joué carte sur table sur les réussites, les échecs et les compromis nécessaires.
Laurent Albert, le maire de Villeneuvette, ne mâche pas ses mots : “L’objectif d’une matinée comme celle-ci et des échanges que nous encourageons est la mutualisation des idées et des savoir-faire.” Ce jeudi matin, l’idée était bien de mettre les bonnes recettes en commun et de poursuivre ensemble, parce qu’on ne gagne pas en jouant solo. Et ça, Alex Larue, président de l’Agence du développement et des transitions, le martèle : tout se joue dans la collaboration. Pour lui, la solution est simple : une stratégie à plusieurs échelles. Au niveau local, il faut soutenir les initiatives, tandis qu’au niveau macro, il faut négocier les ressources nécessaires pour permettre aux petites entreprises d’intégrer des ambitions de transition écologique. “Pas de coopération, pas de transitions” : le message est passé.
“Les acteurs publics doivent être des catalyseurs”
L’État et les collectivités, loin de se contenter de jouer les appuis financiers, sont appelés à structurer, accompagner et surtout connecter les initiatives locales pour faire avancer l’économie. Pour Eric Suzanne, sous-préfet de Lodève, il ne s’agit pas de distribuer des aides sans réfléchir : “Le soutien de l’État ne doit pas se limiter aux subventions, il passe par l’ingénierie : ce qu’il faut faire, comment et vers qui il faut se tourner.” D’après lui, l’État doit être un coach stratégique, qui aide les territoires à se redéfinir et à trouver les bons leviers, mais c’est aux acteurs de terrain de prendre les rênes avant même de chercher du soutien extérieur.
Et au Pays, tout comme dans les communautés de communes du territoire, les “architectes” de la vision collective sont conscients que pour faciliter les projets locaux et impulser des dynamiques durables, il est urgent de “rappeler quel peut être leur rôle”, comme le signale Jean-Luc Requi, président du Lodévois et Larzac. D’autres, comme Claude Revel, président du Salagou Cœur d’Hérault, et Fadhila Benamar Koli, conseillère régionale, sont convaincus que les enjeux de croissance et de transitions doivent irradier les perspectives locales. Pour eux, il s’agit de créer un cadre favorable où les entreprises, mais aussi les talents, peuvent venir s’installer et prospérer. “Cela passe par une meilleure mise en avant du territoire, les mobilités décarbonées, une modification des usages, y compris en coulisses”, avancent-ils
“Il est clair que l’attractivité et la mobilité sont des clés essentielles” pour réussir cette transformation, reconnaît Jean-François Soto, président de la Vallée de l’Hérault et du Sydel Pays Cœur d’Hérault. Car, pour attirer, “il faut une connectivité”, non seulement sur le plan des infrastructures, mais aussi sur celui des relations entre les acteurs locaux. “La situation est grave, les finances sont au plus mal, mais nous devons investir auprès de ceux qui voudront prendre des initiatives”, lance-t-il. Pour lui, pas de doute, un territoire bien relié est un territoire qui attire et qui engage.
Le foncier économique, la recherche d’équilibre
Le foncier, c’est un peu le nerf de la guerre pour les territoires. Entre la volonté d’attirer les entreprises et la nécessité de préserver l’environnement, il y a un chemin étroit à tracer. Comme le souligne Frédéric Roig, président de la commission économique du Sydel Pays Cœur d’Hérault : “Il faut réfléchir à comment on peut accueillir les entreprises, marier le développement foncier et le zéro artificialisation nette. Le mot d’ordre est la conciliation.” C’est là toute la problématique : comment concilier la croissance des entreprises et la protection des terres agricoles et naturelles ? La réponse n’est pas simple, et chaque décision a son lot de compromis.
Les difficultés sont bien réelles, comme l’admet Eric Suzanne, sous-préfet de Lodève : “Je suis favorable à la Zéro artificialisation nette des sols (ZAN) mais je reconnais qu’il y a un problème de foncier économique.” C’est le casse-tête auquel les collectivités locales doivent faire face. D’un côté, on a une demande exponentielle de foncier pour les entreprises, qui cherchent à se développer et à s’installer. De l’autre, des lois de plus en plus strictes sur la préservation des sols, avec un objectif de “zéro artificialisation nette”. “Personne ne doit rester à l’écart de cette réflexion” : le foncier, c’est un enjeu collectif, qui nécessite de repenser notre manière de construire, d’aménager, mais aussi de recycler l’espace.