Pays Cœur d'Hérault : l'attractivité économique territoriale en réflexion aux Assises de la TPE
Cent trente personnes ont participé aux Assises de la TPE sur les ressources humaines organisées toute la matinée du mardi 6 décembre au château de Granoupiac, à Saint-André-de-Sangonis.
Photo : Frédéric Roig, président de l’Association des maires de l’Hérault, vice-président délégué au développement économique du Pays Cœur d’Hérault ; le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne ; Béatrice Fernando, présidente du GAL Cœur d’Hérault, et Jean-François Soto, président du SYDEL Pays Cœur d’Hérault.
La matinée a débuté par des discours introductifs officiels, suivis d’une intervention de Philippe Pierre, praticien des ressources humaines, enseignant et chercheur. Trois ateliers ont ensuite permis aux personnes présentes (étudiants, dirigeants, partenaires…) de réfléchir sur divers sujets liés aux ressources humaines. Une plénière a ensuite permis une restitution des ateliers.
Un livre blanc
Après une brève introduction d’Annick Ferry, responsable du pôle économie du Pays Cœur d’Hérault, Jean-François Soto a ouvert la matinée en sa qualité de président du SYDEL Pays Cœur d’Hérault (rassemblant les communautés de communes Vallée de l’Hérault, Clermontais et Lodévois et Larzac). Il a rappelé les différentes étapes qui ont abouti à ces assises : un petit déjeuner économique organisé à Sallèles-du-Bosc destiné à “fidéliser et manager ses collaborateurs” et incluant des témoignages de dirigeants inspirants ; et un afterwork à Clermont l’Hérault sur l’accompagnement de la Région et les actions de Pôle Emploi et de la Mission Locale Jeunes pour soutenir le recrutement dans les entreprises du territoire du Pays Cœur d’Hérault.
Il s’est adressé à l’assistance par ces mots : “Les Assises de la TPE, consacrées aux nouveaux rapports au travail – “innover pour attirer, recruter et fidéliser” – sont organisées pour vous, chefs ou salariés des entreprises du Cœur d’Hérault”. Evoquant sa volonté de mettre l’entreprise au cœur de l’action publique, il a rappelé : “les TPE représentent 90 % de nos entreprises”. Il a expliqué : “Cette année, les Assises sont la conclusion de notre travail sur l’attractivité territoriale et de nos entreprises « RH attractivité » que nous avons entrepris depuis fin 2021″ et invité le public à prendre connaissance du Livre Blanc qui en résulte.
La rédaction du Livre blanc “a été l’opportunité de mieux appréhender ce qui contribue à rendre le territoire et ses entreprises attractifs mais également de révéler les facteurs pouvant nuire à son développement dans un contexte de forte mutation et sur lesquels agir. Bien au-delà d’une réflexion sur les métiers en tension, la main d’œuvre disponible ou la nécessaire montée en compétence des salariés dans les entreprises locales, la démarche a permis de mettre en avant la question centrale de l’accessibilité : accessibilité au logement, aux transports, à l’éducation ou à la formation, aux loisirs… Véritable ressort de l’attractivité territoriale, cette thématique impose néanmoins de respecter et de préserver l’identité du territoire dans un contexte continu de croissance démographique (environ 2 % par an)”.
Il a appelé à identifier les freins, les priorités et les leviers à actionner afin de renforcer l’attractivité du Pays Cœur d’Hérault et de ses entreprises en lien avec le Schéma de cohérence territoriale (SCoT), qui valide la stratégie du territoire pour les années à venir.
Une logique territoriale de développement
Pour sa part, Frédéric Roig, président de l’Association des maires de l’Hérault, vice-président délégué au développement économique du Pays Cœur d’Hérault, a évoqué les thèmes à développer pour renforcer l’attractivité territoriale du Cœur d’Hérault. Parmi eux figure en premier lieu la mobilité, car la Pitchouline, les plateformes de covoiturage et le transport collectif ne suffisent pas à combler tous les besoins de déplacement des habitants d’une zone à l’autre. Ensuite le logement, car les personnes qui pourraient être tentées de venir travailler sur le territoire se heurtent aux prix prohibitifs de l’immobilier ou au manque de logements sociaux. “Il est difficile de trouver une maison à moins de 300 000 euros, et il y a 30 000 demandes de logement social en instance chez Hérault Logement”, a-t-il souligné.
Puis vient la formation. “Malgré l’offre de formations de la Région et la construction du nouveau lycée à Gignac, il reste une incapacité à s’adapter à la demande locale. Deux entreprises de menuiserie locales veulent la création d’un diplôme de soudeur-assembleur sur le territoire. Pour l’instant, c’est impossible car il faudrait au moins 15 postulants pour ouvrir cette formation. Donc les élèves sont condamnés à aller à Lézignan-Corbières”, déplore Frédéric Roig. Il évoque une piste : “rencontrer les principaux et proviseurs pour ouvrir des formations même s’il n’y a que 6 gamins intéressés par une formation”.
Le vice-président du Cœur d’Hérault a insisté sur la volonté d’ “intégrer les travaux des participants des assises”. Cela permettra de “créer des cadres pour aider à créer des entreprises, les développer, créer des emplois”… Il s’est dit déterminé à “pousser les cloisons qui nous étreignent et avoir une vraie logique territoriale en matière de développement”.
Le recours aux fonds européens
Béatrice Fernando, présidente du GAL Cœur d’Hérault, a souligné l’importance des fonds européens et du programme Leader (Liaison entre les actions de développement économique et rural). “Souvent, on pense que l’Europe est loin, contraignante et complexe. Peu de gens savent que l’Europe a distribué 3,5 millions d’euros ces six dernières années sur notre territoire pour des projets inclusifs, en lien avec le développement et l’innovation sociale, écologique, technologique”.
Elle a invité l’assistance à “avoir le sens du lien, de l’échange, pour faire corps et micro-nation sur notre territoire pour contribuer à l’attractivité du Cœur d’Hérault et fidéliser les salariés par la qualité de vie, le respect de l’environnement, etc.”.
Avoir une vision à long terme du territoire
Pour sa part, le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne a appelé à faire preuve d’originalité dans la réflexion pour éviter la grande démission et attirer et fidéliser les collaborateurs en Cœur d’Hérault. Pour cela, il faut avoir une vision de ce que pourrait être le territoire en 2030 voire 2040, selon lui. Il souhaite tirer l’économie du territoire vers le haut par la production de haut de gamme, “comme on a fait pour le vin”. “Notre territoire peut produire plus de richesses. Le haut de gamme doit être travaillé dans l’hôtellerie et la restauration. Des laboratoires et industries pourraient s’implanter sur ce territoire, à condition de construire les logements correspondant aux besoins des collaborateurs”, estime-t-il.
Intervention d’expert
Grand témoin de cette matinée de réflexion, Philippe Pierre, praticien des ressources humaines, enseignant et chercheur, est ensuite intervenu devant les chefs d’entreprise présents pour questionner leur mode de recrutement et de management, leur donnant des outils pour se réinventer et attirer et fidéliser des talents dans leur entreprise. Une vision disruptive et très riche en enseignements pour les dirigeants.
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Trois ateliers ont suivi ces discours et cette dernière intervention. Ils étaient dédiés respectivement à l’attractivité des métiers des filières en tension ; aux filières d’avenir et aux métiers de demain ; et au dépassement du manque d’attractivité territoriale pour attirer, recruter et fidéliser sur des territoires en dehors des métropoles.