Pays de Lunel : Pierre Soujol, “Le service à la population, vecteur social primordial”
Le budget 2023 de la Communauté de communes du Pays de Lunel vient d'être voté. Le président Pierre Soujol détaille les projets budgétisés en matière de services à la population…
Le budget de la communauté de communes du Pays de Lunel est de 39 millions d’euros dont 7 millions d’investissement (inclus dans un Plan pluriannuel d’investissement de 45 millions d’euros de 2021 à 2026). La part du budget d’investissement du Pays de Lunel consacrée au service à la population (qui comprend la culture, l’enfance, l’action sociale et l’insertion) est de 73 %, soit plus de 5 millions d’euros, c’est donc le plus gros poste d’investissements du budget. Questions à Pierre Soujol…
Vous souhaitez bâtir un nouvel accueil de loisirs intercommunal.
Pierre Soujol : « Il sera implanté à Entre-Vignes et aura vocation à accueillir principalement les enfants des communes du nord du Pays de Lunel, même s’il sera ouvert à tous les enfants du territoire. Il complétera les 5 structures déjà existantes. Les études sont lancées. Le budget qui y sera dédié s’élève à 3,2 millions d’euros. Il s’agira d’une base d’accueil de loisirs. Dans le futur, il pourrait être amené à évoluer en fonction des arbitrages opérés par les élus. »
Autre équipement structurant, la nouvelle piscine intercommunale est très attendue…
Pierre Soujol : « L’étude réalisée a préconisé que le mieux serait de bâtir la piscine intercommunale à Lunel, en lieu et place de la piscine Aqualuna, devenue obsolète. Ce choix est le plus opportun car Lunel est située au centre de l’intercommunalité, où vit plus de 50 % de la population du Pays de Lunel. D’autres éléments militent en faveur du choix de Lunel. Nous sommes déjà propriétaires du foncier, aucune acquisition de terrain n’est nécessaire. Ensuite, une réserve foncière constructible nous permet d’édifier une piscine plus importante. De plus, il ne sera pas nécessaire d’adapter le PLU.
Le coût du projet a été réévalué au regard de la flambée du coût des matériaux et de la hausse prévisible du nombre d’habitants sur notre territoire. Nous ajusterons donc le plan de financement. Nous nous devons d’anticiper la croissance démographique à venir. Actuellement, elle est de 1 % par an. Au lieu de 900 m² de bassins, il sera certainement nécessaire de construire 1 200 m² pour répondre aux exigences démographiques.
Il semble d’après l’étude qu’il sera impossible de garder la piscine actuelle en fonctionnement pendant les travaux. Il y aura donc une “rupture de service” pendant un temps que nous essaierons de réduire au maximum. La piscine actuelle fonctionne avec de la géothermie. Nous allons améliorer le dispositif en place pour le rendre encore plus vertueux du point de vue énergétique. Nous souhaitons que ce projet sorte pendant ce mandat. »
L’emploi est un sujet problématique sur votre communauté de communes. Quelles actions d’insertion sont menées ?
Pierre Soujol : « Nous nous trouvons face à une réalité : nous savons par Pôle Emploi que le taux de chômage en Pays de Lunel se situe au-dessus de la moyenne nationale. Celui qui nous a été fourni concerne le bassin d’emplois, pas notre territoire. Il se situerait autour de 7,9 %. A Lunel, nous savons que le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 500 personnes ; il y a donc une amélioration de la situation.
De son côté, la Communauté de Communes lance des marchés intégrant des clauses d’insertion dont le suivi de la mise en œuvre est assuré par le Plan Local Insertion Emploi (PLIE). Par ailleurs, nous finançons des chantiers d’insertion sur le territoire. Pour sa part, la Régie Emploi Service s’adresse aux personnes en grande difficulté, demandeuses d’emploi de longue durée. Et la Mission Locale des Jeunes accompagne les jeunes de moins de 25 ans. Par ailleurs, la Communauté de Communes est cosignataire du Contrat de Ville, qui participe à améliorer l’accès à l’emploi et à la formation. »
Qui dit chômage dit parfois habitat dégradé. La Communauté de communes a inscrit dans son budget la participation à la réhabilitation de logements dégradés… Quelle est votre politique du logement et du cadre de vie ?
Pierre Soujol : « Nous avons finalisé le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) cette année ; il vient d’être validé. Nous travaillons actuellement sur le Plan local d’Habitat. Les communes sont sollicitées pour participer activement à ce dossier. Le PLH sera décliné en 2023, mais il n’est pas encore définitivement arrêté.
Notre territoire a un besoin important de logements sociaux. La ville de Lunel est à 17,2 % de logements sociaux au lieu des 25 % exigés. Jusqu’à 2019, les quotas de la loi SRU ne s’imposaient pas. Désormais, la demande de logements sociaux est telle que l’on est incapable d’y répondre à court terme. C’est pourquoi nous imposons à Lunel 30 % de logements sociaux sur toutes les nouvelles réalisations de résidences. Nous voulons absolument éviter la concentration de logements sociaux donc nous les incluons dans l’ensemble de nos opérations sur tout le territoire ».
Vous allez créer une aire provisoire d’accueil de gens du voyage en attendant la réhabilitation de celle de Lunel… Cela crée-t-il des crispations ?
Pierre Soujol : « Le schéma départemental nous impose la présence d’une aire d’accueil, de terrains familiaux pour accueillir les sédentaires, et la création d’une aire de grand passage. Nous y réfléchissons, mais il n’est pas simple de trouver le lieu où l’implanter. Nous avons fléché un terrain qui reste à valider, mais il ne fait que 3 hectares au lieu des 4 hectares exigés. C’est un projet très coûteux qui comporte de fortes contraintes.
L’aire d’accueil actuelle doit être libérée tous les ans pour être remise en état, car de nombreux dégâts y sont constatés. La réhabilitation est très coûteuse. Pour la réaliser, nous devons demander aux occupants de libérer les lieux, ce qui entraîne des déplacements sauvages, des installations sur des terrains non autorisés, des nuisances sonores ; le voisinage s’en plaint. Nous proposons donc de créer une aire d’accueil provisoire pour les gens du voyage, située près de l’aire d’accueil. Le budget dévolu à ce projet est de 220 000 euros TTC”.
Le Pays de Lunel accueille de plus de plus de tournages sur ses terres. A quoi est-ce dû ?
Pierre Soujol : « Lunel est désormais plébiscitée pour ses sites remarquables, ses arènes, ses paysages Natura 2000… J’attribue cette tendance au bouche-à-oreille né avec les séries tournées dans la région. Les équipes de tournage installées sur place ont exploré le territoire, découvert Lunel et ses environs, leurs atouts. Le Pays de Lunel est un territoire remarquable, un espace de respiration, le jardin des Montpelliérains, et l’étang de l’Or un véritable espace camarguais. Forcément, nous ne pouvons qu’encourager les tournages et tout ce qui contribue à valoriser notre territoire. »
Vous évoquez parfois un projet de salle culturelle intercommunale…
Pierre Soujol : « A mon sens, il en faut une, mais pas au cours de ce mandat, pour des raisons financières. Le territoire reçoit beaucoup de nouveaux habitants qui ont quitté les métropoles et qui souhaitent bénéficier des mêmes offres de service, notamment culturelles. Il me semble nécessaire d’intégrer une salle de spectacles intercommunale dans le projet d’aménagement. Cela ne pourrait que contribuer à l’attractivité de notre territoire. A l’automne 2023, nous lancerons le premier festival intercommunal sur le thème du féminin. Cet événement itinérant et pluridisciplinaire concernera la condition féminine et la diversité des itinéraires, en partenariat avec les communes, les associations, les commerçants… »