84e Congrès HLM : le secteur accable la politique du logement menée par Emmanuel Macron
Réuni au Parc des Expositions de Montpellier depuis mardi et jusqu'à jeudi, le monde HLM critique vigoureusement l'Etat pour son immobilisme face à la crise du logement et sa politique menée depuis 2017, et espère tourner la page avec une nouvelle ministre de plein exercice.
Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale de l’habitat (USH), confédération de bailleurs qui représentent 80% des logements sociaux, ne mâche pas ses mots en tant que porte-voix du secteur. “Avec nos partenaires de l’Alliance pour le Logement, nous avons annoncé la crise du logement” et “quand tout le secteur s’est fissuré”, il n’y a “pas eu de réaction” de l’Etat, “si ce n’est le rappel de quelques mantras libéraux aussi vieillots qu’inefficaces pour relancer notre économie”, a-t-elle lancé lors de son discours d’ouverture du congrès organisé par l’USH.
“Depuis des mois, l’État se dérobe”
Le “choc de l’offre”, voulu par l’ex-ministre du Logement Guillaume Kasbarian pour relancer le secteur, “c’est un slogan, et depuis 2017 on nous donne des slogans mais il n’y a rien derrière”, a asséné Emmanuelle Cosse. “Depuis des mois, nous réclamons le retour de la puissance publique pour éviter la crise qui englue aujourd’hui tout un pan de notre économie. Depuis des mois, l’État se dérobe”, a poursuivi l’ancienne ministre écologiste du Logement, de 2016 à 2017. La liste des griefs est longue : le nouveau périmètre des prêt à taux zéro, la suppression d’aides pour un premier achat, le prélèvement de la réduction de loyer de solidarité (RLS) sur les recettes des bailleurs sociaux, ou encore le gel des aides à la rénovation énergétique.
La politique poursuivie depuis l’arrivée du président Emmanuel Macron à l’Elysée n’est pas à l’origine de la crise du logement, qui trouve ses racines dans la montée des taux d’intérêt et des coûts de construction, mais elle l’a “accélérée”, selon Marie-Noëlle Lienemann, présidente de la fédération des Coop’HLM.
“Les décisions politiques et budgétaires prises depuis 2017 ont gravement affaibli nos capacités à produire et à rénover les logements sociaux”, a renchéri Marie Piqué, vice-présidente de la région Occitanie déléguée aux solidarités. Bruno Arcadipane, président d’Action Logement, géant des logements sociaux qui gère paritairement la contribution des entreprises à la construction, partage le constat: “Il n’y a jamais eu de politique pro-logement ni pro-construction”.
“Beaucoup d’attentes”
En juin, après avoir dissous l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait fait un “mea culpa” sur “l’accès au logement des jeunes” au sujet duquel “nous n’avons pas assez avancé”. Désormais, et pour la première fois depuis le début de son premier quinquennat, le sujet du logement est doté d’un ministère de plein exercice, occupée depuis samedi par la députée UDI Valérie Létard. La décision est saluée par tous les acteurs, aussi bien du côté du logement social que du privé.
Pour Bruno Arcadipane, “il va falloir retrouver la confiance”, mais il croit en la “capacité (de Valérie Létard) à fédérer et à faire”, estime-t-il auprès de l’AFP. Un ministère de plein exercice est “un signal très fort, cela veut dire que Valérie Létard est au conseil des ministres chaque semaine”, ce qui donne “une force à sa parole”, estime Emmanuelle Cosse. Valérie Létard, qui a travaillé sur des textes liés au logement en tant que députée, “coche beaucoup de cases et donc il y a beaucoup d’attentes”, relève de son côté Yannick Borde, président de la fédération de bailleurs sociaux Procivis.
Valérie Fournier, présidente de la fédération des Entreprises sociales pour l’habitat (ESH), retient l’accent mis par la ministre sur les enjeux sociétaux du logement, un “changement de paradigme” selon elle. Cependant, “la situation des finances publiques est ce qu’elle est, je ne pense pas que ce sera le grand soir dans la loi de finances”, nuance-t-elle.
Plusieurs représentants de bailleurs sociaux s’interrogent en effet sur les marges de manoeuvre de Valérie Létard, qui sera présente au congrès HLM mercredi et jeudi. La ministre a déjà prévenu lundi qu’elle attendrait le discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier, prévu le 1er octobre, avant de faire des annonces.