Pérols : le maire Jean-Pierre Rico revient sur son agression dans "une commune pourtant calme"
Agressé le 20 juillet dernier alors qu'il tentait de faire respecter la piétonnisation dans une rue du centre-ville, le maire de Pérols, Jean-Pierre Rico, revient sur les faits et évoque l'ambiance qui règne sur sa commune.
Quel est le contexte de cette agression ?
Jean-Pierre Rico : “A Pérols, nous avons un problème récurrent : les scooters qui roulent à vive allure dans tous les sens et ne respectent rien, ni l’espace partagé à 20 km/h, ni le sens de la circulation. Il m’arrive de leur demander de couper le moteur et de pousser leur scooter jusqu’à ce qu’ils soient sortis de la zone piétonne. Dans ce genre de situation, depuis 7 ans que j’interviens sur les incivilités, je dis toujours “bonjour” par politesse, et je les informe que je suis le maire de Pérols et que c’est à ce titre que j’interviens”.
Et dans ce cas précis ?
Jean-Pierre Rico : “Je me trouvais attablé dans un café de la zone piétonne avec des administrés. Nous avons vu de loin arriver deux scooters à très vive allure. J’ai mis deux chaises en travers de la rue pour les obliger à s’arrêter, en leur disant que j’étais le maire et que les scooters n’étaient pas autorisés à circuler à cet endroit. Ils se sont approchés de moi à 15 mètres environ, et ont tourné en rond autour de moi en scooter. L’un des deux a commencé à me charger. J’ai dû le freiner avec les pieds d’une chaise pour me protéger. Une fois descendu de son scooter, il a vociféré, jeté son casque par terre et failli jeter son scooter au sol avant de se raviser. Puis il a débité une avalanche d’insultes contre moi : “ta race tu vas crever ; ta race, je vais te crever ; toi et ta mère je t’encule”, et j’en passe. J’avais beau lui dire que j’étais le maire, rien n’y faisait. Un employé municipal a cherché à s’interposer et lui a demandé d’arrêter à plusieurs reprises en disant : “Monsieur, calmez-vous, c’est le maire”. Mais rien n’y a fait.
Je suis resté le plus stoïque possible pendant les trois minutes durant lesquelles il m’a insulté. Il attendait visiblement que je m’énerve moi aussi, que je sorte un mauvais mot ou une insulte raciale, pour passer à une agression physique. Il ne portait pas de masque et éructait devant mon visage ; il m’a postillonné dessus. Je lui ai demandé à de multiples reprises de se calmer. Un témoin a appelé la police, qui est arrivée rapidement sur les lieux. Deux policiers ont cherché à le maîtriser. Tous les trois sont tombés au sol, tellement il était dans un état de fureur. Il a dû être menotté”.
Vous avez donc décidé de porter plainte…
Jean-Pierre Rico : “Je considère que ce n’est pas que le maire qui a été agressé, mais toute une population régulièrement importunée par les scooters dans des zones piétonnes. En effet j’ai porté plainte. Ce jeune homme [ex-mineur isolé, selon nos sources, NDLR] a fait 72 heures de garde à vue et a été relâché et mis sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en relation avec moi. Il sera jugé pour outrage et menaces de mort à mon encontre. On verra s’il se présente le 5 août au procès. Dans sa déposition, il a dit ne pas savoir ce qu’est un maire ni un outrage. Il a tout de même 24 ans ! A son âge, il a déjà été condamné à un mois de prison pour un problème de stupéfiants…”
Que pensez-vous de l’augmentation de la violence ?
Jean-Pierre Rico : “Tout devient de plus en plus électrique… La population honnête se sent agressée, en insécurité. Notamment quand des jeunes en scooter font des roues arrière devant elle. Il existe un sentiment d’impunité pour certaines personnes. Les habitants ont le sentiment qu’il n’y a pas de sanctions contre ces individus, qui sont immédiatement relâchés…”
En règle générale, quelle est l’ambiance à Pérols ?
Jean-Pierre Rico : “Pérols est une ville calme, sereine. Ce type d’incivilité y est moins fréquent que dans d’autres lieux…”
Comment se passe cet été dans votre commune ?
Jean-Pierre Rico : “L’an dernier, nous avions dû annuler les festivités après le 31 juillet car la pandémie de Covid avait repris. Cette année, quasiment toutes les festivités ont lieu, sous condition de présenter le Pass sanitaire. Le cœur de ville est barriéré. Les 5 entrées et sorties sont gardées par des vigiles et la police, qui contrôlent les pass sanitaires. Toutes les manifestations sont arrêtées à minuit, et il n’y a pas de dérogations.
Parce qu’il était compliqué de boucler le périmètre ou parce que ces événements impliquaient de forts regroupements de la population, nous avons juste dû annuler l’encierro (on a maintenu seulement les abrivado et bandido), les feux d’artifices et deux fêtes qui devaient se dérouler dans le secteur des Cabanes.”
Y a-t-il des problèmes sécuritaires, ou liés au Pass sanitaire ?
Jean-Pierre Rico : “Il n’y a pas de problèmes sécuritaires à Pérols. Nos festivités attirent essentiellement des habitants de la commune, l’ambiance est bon enfant. Les gens ont envie de sortir, de se détendre. On n’entend quasiment pas de personnes antivaccin ; elles constituent une minorité. Il y a très peu de grogne de la part de la population sur le fait d’être contrôlée.
Les gens sont contents et rassurés de pouvoir faire la fête en sachant que le contrôle du Pass sanitaire préserve leur santé”.