Pézenas : « Cette ville joue un rôle qui dépasse largement sa taille démographique ! » Armand Rivière
Des festivals, des talents et des rendez-vous culturels tout au long de l’année, font de Pézenas une ville toujours dynamique. La cité de Molière et de Boby Lapointe sait aussi s’imposer comme « une capitale au nord de l’Agglo Hérault Méditerranée. » Interview.
Pézenas, la Capitale au nord de l’agglo
« La plus-value de Pézenas pour l’agglo, c’est son côté patrimonial et ce tourisme à la fois culturel, métier d’art, et artisans qu’elle peut proposer, qui n’est pas forcément proposé sur l’intégralité du territoire, ou pas de la même façon » explique Armand Rivière, maire de Pézenas qui sait très bien que sa ville a de gros atouts touristiques, mais pas uniquement. C’est pour cela qu’il aime en parler aussi, comme « d’une capitale au nord de l’agglo. »
Certes, la capitale administrative de l’EPCI, c’est Agde. Mais Armand Rivière défend cette notion de « pôle d’équilibre pour une agglo qui fonctionne sur ses deux jambes : le nord, plutôt rural, et le sud avec son littoral. Et puis Pézenas a sa marque de fabrique qui est reconnue par les autres. »
« Cette ville joue un rôle qui dépasse largement sa taille démographique ! » Armand Rivière
L’exemple le plus parlant pour le maire, c’est l’éducation : « je dis toujours, nous sommes une ville de 8 000 habitants qui a un rôle de centralité […] Et les 4 000 élèves qui viennent tous les jours à Pézenas pour une ville de 8 000 habitants, ce ne sont pas 4 000 Piscénois. Nous avons trois lycées et un collège, et si on compte le privé, on a un lycée et un collège en plus. Donc ça veut dire que cette ville joue un rôle qui dépasse largement sa taille démographique et sa forme géographique. » Une confirmation pour Pézenas avec son côté « cœur d’Hérault, qui dépasse les limites de l’agglomération. Elle rend service, elle a un hôpital, une clinique […] elle a un rôle de Capitale, qu’elle joue et qu’elle assume. »
Fin juin, l’équipe municipale a présenté son bilan de mi-mandat aux habitants, dans la cour d’honneur de la mairie. Un temps de rencontres et d’échanges, points forts de cette majorité. Ont été abordés les projets, les réalisations déjà faites et à venir, avec un temps de prises de paroles pour entendre les observations des administrés.
Le rapport au temps
Le rapport au temps pour les élus est un paramètre essentiel dans la gestion d’une cité : « il y a des échéances, soit elles n’arrivent pas assez vite, soit au contraire, on aimerait les voir un peu s’éloigner pour avoir plus de temps. » Armand Rivière reste réaliste sur la particularité de ses trois années qui viennent de s’écouler : « c’est un mandat particulier, même si en tant qu’élu majoritaire, je n’en ai pas connu d’autres, mais c’est un mandat où l’on enchaine les crises, Covid, crises économiques, inflation, soulèvements dans les banlieues ces derniers jours. J’ai discuté avec mes collègues élus depuis plus longtemps, ils n’ont pas vu ça. Donc, pour un premier mandat, on essuie pas mal de plâtre. Mais bon, du coup, le fait d’être à mi-mandat, on se dit, sortons un peu le nez du guidon et regardons si on est conforme à nos engagements de campagne. »
La question que se pose Armand Rivière : « est-ce que nous sommes toujours dans la philosophie de ce que l’on avait défendu ? » Réponse : « je n’ai pas par nature, un égo surdimensionné, je suis plutôt modeste, je crois. Mais je pense que nous n’avons pas à rougir de l’action que nous avons menée. Nous avons encore des pistes d’amélioration, de progrès, de coordination, d’information, d’association de la population, de réactivité […] Mais nous avons, sur trois ans, de premières réalisations qui sont conformes, à ce que nous avions expliqué pendant la campagne. »
Le sentiment d’être utile, faire les bons choix
« On s’est dit qu’il y avait un besoin réel, pas forcément exprimé dans la population […] mais c’est quelque chose qu’il fallait faire. » Armand Rivière parle de sa mesure sur la cantine, accessible dès 1 euro, avec en parallèle 5 tranches de prix. Une décision qui a eu pour résultat satisfaisant de voir une augmentation de la fréquentation, avec 20% d’enfants en plus qui viennent y manger. « On ne savait pas sur le papier, si ç’était utile, mais il fallait le faire encore plus dans une période où l’inflation des prix alimentaires et autres, pénalisent les plus précaires. Je crois que nous avons fait le bon choix. Là, on a le sentiment d’être utile. »
Côté démocratie participative, le projet Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée est en cours de réalisation avec le Comité Local pour l’Emploi (CLE), et comme l’affirme le maire « on n’est pas là pour échouer. » D’autant que le projet est accompagné par l’agence de développement économique Blue. Puis, il y a d’autres aspects dans la gestion de la cité, « quand on inaugure un centre aquatique, la deuxième année du mandat avec la communauté d’agglomération, il y a là aussi une fierté de voir que ce centre aquatique moderne, ouvert 7 jours sur 7, était quelque chose de très attendu par la population, et utile à la vie de la ville. Je pourrais citer l’école de musique, le centre social… » on l’aura compris, le maire de Pézenas se veut à l’écoute de sa ville.
Question saisonnalité, bio et production locale, quel bilan est-il possible de faire ? « Aujourd’hui au niveau de la production agricole locale, on fonctionne de plusieurs manières. D’abord, on a réalisé en début de mandat un diagnostic foncier des terres agricoles potentiellement disponibles, facilement mobilisables, pour essayer aussi de remettre en contact l’offre et la demande. Il y avait du foncier public, du foncier privé, il pouvait y avoir des porteurs de projets, c’est un peu du travail de dentelle, mais au moins nous avons réussi à avoir de la visibilité. Dans le foncier public, il y avait 13 hectares sur le secteur d’Auribelle-Basse, et nous sommes dans un partenariat avec la fondation Terre de Liens pour remettre en agriculture ces 13 hectares. Alors pourquoi avec un partenaire tiers ? Parce que nous avons estimé, que si nous voulions que ce projet aille vite et se réalise, il fallait de la compétence en termes agricole pour sélectionner les candidats, et suivre le projet […] On fait un bail emphytéotique qui donne les terres pour 99 ans à la Fondation Terre de Liens, et elle sélectionne des agriculteurs pour les installer sur ces 13 hectares. C’est une fondation à but non lucratif, pour remettre en agriculture des terres, et pour aider des agriculteurs à s’installer. »
L’autre volonté de réussite affichée par Armand Rivière, c’est le site de Saint-Christol, avec le projet de quartier désormais orienté : « bien-être, nature et sport », avec le choix d’une procédure de Zone d’Aménagement Concertée (ZAC). La municipalité travaille à baisser le nombre de logements, et à candidater pour intégrer une gendarmerie.
« On occupe les esprits, pour ne pas traiter les vrais problèmes. »
« L’avantage d’une ville à taille humaine, c’est que l’on peut discuter avec tout le monde […] La réflexion en tant qu’élu, c’est : comment on va vers ceux qui ne s’expriment pas ou ceux qu’on ne croise pas tous les jours, à la sortie de l’école, sur le marché ? C’est aussi la raison qui nous a amenés à créer un centre social, là où cette année avec la CAF, nous avons réaménagé et inauguré un bâtiment pour y installer le CCAS […] C’est une façon aussi de se dire, est-ce qu’on peut s’adresser à d’autres publics ? Comment on va vers de nouveaux publics ? Comment on relance une politique jeunesse ? » L’envie pour le maire de Pézenas est bien de rester au contact de ses administrés. L’élu ne veut pas se laisser enfermer dans une bulle, mais souhaite nourrir sa réflexion et son action, « en rencontrant un maximum de personnes. »
Concernant l’actualité et les émeutes, pour Armand Rivière, « le débat est plus large que ça. On parle ici de la défaillance d’un État qui a tout de même abandonné des secteurs comme l’éducation. Si on se remettait à investir dans l’instruction publique, on aurait d’autres résultats. » Alors, surtout ne venez pas lui parler des petites phrases des uns et des autres, à gauche comme à droite, qui surfent politiquement sur les vagues des violences urbaines, sa réponse est directe : « on occupe les esprits, pour ne pas traiter les vrais problèmes. »