Pézenas : États Généraux de l'AOP Languedoc-Pézenas, un pas de plus vers la reconnaissance officielle

Organisée pour échanger de l’avancée du dossier de reconnaissance officielle par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), cette rencontre a permis de dresser un état des lieux des efforts accomplis et des étapes restantes. La reconnaissance de l’appellation AOP Languedoc-Pézenas semble désormais à portée de main, marquant une étape pour la filière viticole locale.

Jacques Bilhac, président du Syndicat Terroir Pézenas, a détaillé les efforts déployés pour répondre aux critères stricts de l’INAO. Selon lui, le dossier déposé est complet et bien structuré, intégrant non seulement la spécificité du terroir, mais aussi les retombées économiques qu’implique cette reconnaissance. « Le dossier qu’on a déposé résume pas mal de choses. Il y a maintenant une prise, une reconnaissance de la réalité économique. Il s’agit de prouver qu’il y a une bonification sur les exportations pour les vins produits sous l’appellation Languedoc-Pézenas et ceux qui porteront demain le label Pézenas », a-t-il précisé. En plus des qualités intrinsèques des vins, la dimension touristique et l’ancrage territorial jouent un rôle stratégique. « Ce volet touristique est un vecteur fort de développement pour notre territoire », a ajouté Jacques Bilhac.

Interrogé sur les défis que rencontre le monde viticole et les mobilisations actuelles, Jacques Bilhac a souligné que, bien que l’AOP ne puisse résoudre toutes les problématiques, elle représente un levier majeur pour structurer et renforcer la filière. « Une AOP, c’est une marque collective. La réussite dépend de l’engagement des vignerons à s’approprier cette démarche, à la défendre et à la développer. Je pense que les vignerons de notre territoire sont tout à fait capables de relever ce défi. L’AOP englobe un large éventail de facteurs agricoles et reflète la volonté des paysans, des vignerons et des agriculteurs de protéger et valoriser leurs produits.“

Le maire de Pézenas, Armand Rivière, a rappelé l’importance historique et culturelle des vignerons dans la structuration du territoire. « Les paysans et les vignerons ont façonné notre paysage, qui attire aujourd’hui habitants, visiteurs et investisseurs », a-t-il déclaré. Pour la ville, l’obtention de l’appellation est un enjeu d’attractivité majeur. « Si elle porte le nom de Pézenas, c’est un atout supplémentaire pour promouvoir notre qualité culturelle, patrimoniale et gastronomique », a ajouté le maire. L’AOP devient ainsi un levier pour dynamiser non seulement le secteur viticole, mais l’ensemble de l’économie locale.

La réunion a également été marquée par un point économique présenté par Olivier Legrand, directeur du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc. Il a rappelé que le contexte actuel reste difficile pour la filière viticole française et régionale. « Cette année, la production nationale a reculé de 23 %, atteignant un niveau historiquement bas de 37,5 millions d’hectolitres », a-t-il expliqué. Sur le marché mondial, la baisse de la consommation de vin se poursuit, avec une chute de 15 % des exportations françaises depuis la période post-Covid. Cependant, les AOP du Languedoc affichent une certaine résilience, avec une baisse limitée de 5 % en 2023 et une légère croissance sur les vins blancs (+1 %). Les vins rouges et rosés subissent des baisses plus marquées, respectivement de 6 % et 7 %.
Olivier Legrand a insisté sur trois piliers de succès pour une appellation : l’ancrage territorial, la solidarité entre acteurs, et une ambition partagée : « L’ambition se traduit aussi par un positionnement prix adapté pour refléter la qualité du produit. »

Armand Rivière a également insisté sur la nécessité de mettre en synergie les initiatives locales pour dynamiser le territoire. Il a évoqué la prochaine reconstitution historique prévue pour 2025, où les vignerons pourraient être bien intégrés, comme ce fut le cas en 2022. Le maire a également mentionné des projets liés à la reconquête de la prune de Pézenas et le développement agricole sur des terres comme celles de l’Auribelle. « La viticulture est au cœur de cette dynamique territoriale. Malgré les défis, avancer vers l’appellation, c’est offrir de nouveaux débouchés économiques aux vignerons et permettre aux caves coopératives de continuer à structurer nos territoires. »