Pézenas : Tom Belhomme, artisan de la culture et de l'engagement associatif
Pézenas, cité marquée par l’histoire autant que par ses personnalités emblématiques, se dévoile à travers son centre historique préservé.
Dans ce cadre pittoresque où se mêlent patrimoine architectural et échoppes d’artisans, la passion pour le théâtre et le spectacle vivant reste palpable. Ancienne ville de foires associée à Molière et son illustre théâtre, ainsi qu’à Boby Lapointe, natif de ses terres, Pézenas célèbre un héritage culturel aussi riche que vivant. Portrait de Tom Belhomme, défenseur de la mémoire culturelle de Boby et piscénois engagé.
Un parcours atypique
Tom Belhomme, jeune homme de 25 ans né à Blois et ayant grandi dans le petit village de Saint-Pons-de-Mauchiens, est un véritable pilier de la vie associative et culturelle de Pézenas. Il y a trouvé une nouvelle maison il y a dix ans. «C’est une ville qui a su m’ouvrir ses bras quand j’ai déménagé,» se remémore-t-il. Tom a obtenu son bac pro conducteur routier en 2017, mais c’est le Printival Boby Lapointe et Eh ! Dis Boby qui ont véritablement marqué le début de son aventure à Pézenas. «J’ai également fait pas mal d’extras dans les restaurants du village, j’ai travaillé un an et demi au château Saint- Pierre-de-Serjac qui n’est pas très loin, j’ai fait de l’hôtellerie», raconte-t-il. Tom se considère comme un véritable couteau suisse. Cette polyvalence l’a mené, depuis trois ans, à devenir co-gérant de balades en 2CV dans le département, une activité qui lui permet de partager son amour pour la région.
L’engagement associatif, une vocation née au Printival
Son engagement au Printival Boby Lapointe marque un tournant dans sa vie. Bénévole depuis 2015, il y exerce diverses fonctions durant deux ans, du service civique à chargé de production. «Ce festival m’a fait confiance et m’a donné l’opportunité de m’investir dans des projets passionnants», se souvient le jeune homme. La production d’artistes, l’organisation d’un festival lui ont fait acquérir beaucoup de compétences.
Eh! Dis Boby
En 2018, Tom Belhomme a rejoint le conseil d’administration de l’association Eh! Dis Boby. Cette association a pour mission de perpétuer la mémoire de Boby Lapointe à travers diverses actions telles que la gestion de L’A-Musée Boby Lapointe, l’organisation d’événements culturels comme des concerts (Le Cheval d’Or, les Printiguettes) et des expositions. Elle propose également une aide pour l’élaboration de projets liés à Boby Lapointe. Une fois par mois de septembre à juin, le musée se transforme même en salle de spectacle. Tom souligne : «C’est une association qui a été créée par les enfants de Boby Lapointe. Nous avons toujours ce qu’on appelle notre sirène d’honneur, Ticha, la fille de Boby, qui est à nos côtés et veille sur nous depuis tout ce temps».
Musée Boby Lapointe
Aujourd’hui, Tom est vice-président du musée Boby Lapointe, un petit musée 100% associatif dédié à l’artiste. “C’est un musée qui retrace toute la vie de Boby Lapointe avec sa discographie, une expo biographique, des photos, des œuvres d’artistes qui lui rendent hommage, et une boutique souvenir”. Tom y a également mis en place la Boby Box, un jukebox dédié exclusivement aux chansons de Boby Lapointe. En collaboration avec les autres membres de l’association, il explique avoir “beaucoup développé la boutique, notamment pour pouvoir financer le salaire d’une employée à l’année, étant donné l’absence de subventions pour les contrats aidés”. Avec le soutien du Fagoteur, spécialisé dans l’impression textile à Pézenas depuis 10 ans, ils ont créé une gamme complète de t-shirts, de pin’s et de magnets, des produits qui se vendent très bien aujourd’hui.
La Balade des Deuchs Heureuses, un projet entrepreneurial local
Tom est également co-gérant de La Balade des Deuchs Heureuses, une entreprise proposant des balades en 2CV dans le département. Avec Emma, sa meilleure amie, il a créé ce concept pour faire découvrir le patrimoine local. «Nous voulons faire découvrir le véritable patrimoine du département, en dehors des circuits touristiques habituels, en visitant des petits producteurs de vin, de lavande ou d’huîtres, ainsi qu’en dévoilant le charme des petits villages. Nous offrons également des visites privées, comme celle du Moulin de Roquemengarde. Il s’agit vraiment de mettre en avant la face cachée du département et tous les joyaux que l’Hérault peut offrir», précise-t-il.
Le record du monde de rassemblement de marinières
Parmi ses initiatives les plus originales, le rassemblement de marinières pendant le Printival Boby Lapointe est une véritable fierté. «Tout a commencé en 2018 alors que je travaillais au Printival. Une nuit d’insomnie, l’idée a germé : avec toutes les marinières que l’on voit pendant le festival, pourquoi ne pas organiser un rassemblement en hommage à Boby La Pointe et tenter de battre un record mondial ? Ainsi est né le projet du record du monde de rassemblement de marinières. Au fil des années, nous avons régulièrement amélioré notre propre record, jusqu’en 2024 où les bretons de Roscoff ont surpassé notre chiffre. Nous avons eu seulement deux semaines pour mobiliser les troupes, passant de 416 à 924 participants, doublant ainsi notre précédent record. Depuis, nous avons été dépassés une première fois par le Gers, puis par la Normandie. Le défi est relancé et nous prévoyons de nous surpasser à nouveau en avril 2025 pour reconquérir le titre, avec pour objectif de mobiliser plus de 1500 participants, doublant encore une fois notre engagement initial», s’enthousiasme le vice-président.
Les défis de l’engagement associatif
Tom reconnaît que la rigueur n’est pas son point fort, mais il s’efforce de surmonter les défis. «La principale difficulté est de trouver du temps pour tout faire, mais on y arrive», admet-il. Son engagement pour la culture locale est palpable et il déplore l’arrêt des dispositifs de soutien de matériel scénique aux associations, qui menace l’avenir du tissu culturel de la région. Il souligne également l’importance du tissu associatif pour mettre en lumière les jeunes chanteurs et les talents émergents qui ne trouveraient pas nécessairement leur place dans les grandes salles de concert. «C’est pourquoi nous sommes là avec l’association Eh! Dis Boby, et cela a déjà porté ses fruits pour de nombreux artistes». Il insiste sur le rôle crucial du dispositif Hérault Matériel Scénique (HMS), qui permet un accès à la culture pour tous, indépendamment des moyens financiers. «L’arrêt de cette initiative représente une véritable menace pour le secteur associatif culturel local, privant les festivals du soutien matériel nécessaire à leur organisation. Si nous ne pouvons plus bénéficier de prêts de matériel, nous n’aurons pas les moyens de louer du matériel professionnel, mettant ainsi en péril l’avenir de l’associatif culturel dans notre région. Le futur dépendra donc des mesures que le département mettra en place pour remplacer l’HMS et soutenir cette dynamique culturelle essentielle», conclut-il.
Pour l’avenir, Tom a tout de même de nombreux projets en tête, comme l’expansion du musée Boby Lapointe et la mise en place de nouvelles activités pour La Balade des Deuchs Heureuses. «Nous avons pour projet de faire découvrir le côté marin du département et attirer encore plus de monde pour le record du monde de marinières», explique-t-il. Son rêve ultime ? Un nouveau musée Boby Lapointe plus grand pour accueillir toutes les pièces et les expositions dédiées à l’artiste.