Plages des Chalets (2/3) : « Les prix ont flambé depuis le Covid »
Produits atypiques du littoral, les chalets sont de plus en plus prisés depuis la crise sanitaire. Faisant mathématiquement grimper leurs prix d’achat.
De l’avis de tous, les prix des chalets de Gruissan ont flambé. Alors que l’on pouvait en acheter un « pour une bouchée de pain dans les années 70 », selon un agent immobilier du territoire, les anciennes cabanes de pêcheurs se négocient à prix d’or aujourd’hui. Du fait de la transmission de générations en générations et de l’attachement affectif de leurs propriétaires (lire notre article), « ces chalets sont une rareté sur le marché, c’est un produit atypique, ce qui explique le prix fort, analyse Jade Schouten, de l’agence Anaïs immobilier de Gruissan. De plus, le style bohème-chic qui règne dans le quartier est tendance, ce sont des biens très prisés.»
« Environ 7 000 €/m2»
En fonction de la proximité de la mer, les premières et deuxièmes lignes étant les plus plébiscitées, et du terrain (de 100 à 400 m2 environ), le prix au m2 tourne « autour des 7 000 € pour un chalet en pas trop mauvais état» , explique un agent, voire davantage. Exemple avec ce chalet de 40 m2 vendu par Alexandra immobilier 420 000 €, soit 10 500 €/m2. « Maintenant, c’est hors de prix. Il y a des chalets qui se vendent 450 000 € et qui ne sont même pas habitables« , souffle un propriétaire ayant acheté son chalet environ 200 000 francs en 1985, l’équivalent de 61 891 euros aujourd’hui selon le convertisseur de l’Insee.
En effet, la construction des premiers chalets remonte aux années 1950, après que les Allemands aient rasé les chalets originels durant l’Occupation, puis elle s’est échelonnée dans le temps. Ainsi, certains chalets sont encore dans leur jus et nécessitent d’importants travaux. Qu’importe, « certains clients sont prêts à mettre le prix pour le raser et en reconstruire un plus grand à la place, en le montant à 7 m de hauteur, le maximum autorisé », toujours selon l’agent immobilier local.
« Les prix ont presque doublé depuis le Covid »
Bien sûr, il y a toujours un écart entre le prix escompté par le vendeur et celui négocié lors de la vente, mais en général, « le prix moyen pour un chalet tourne, au final, autour de 300 000 € », note Jade Schouten. Mais « c’est vraiment au cas par cas en fonction de l’emplacement, du terrain et de l’état du chalet. Certains sont encore dans leur jus des années 70 et 80, d’autres ont été construits il y a un peu plus de dix ans, en 11e ligne» , explique un professionnel.
En tout cas, la demande existe et croisse depuis l’après Covid. « J’ai énormément de demandes, j’ai une liste d’attente. C’est à 70 % des gens de Toulouse ou des personnes de Narbonne, des enfants qui ont passé leurs vacances ici et qui veulent aussi un chalet« , indique Alexandra Dufour de l’agence immobilière éponyme. « Les prix ont presque doublé après le Covid, même à Gruissan, dans le village, ils ont augmenté d’au moins 30% », poursuit Jade Schouten.
Je l’ai payé moins de 300 000 € avant le Covid mais les prix ont flambé depuis, confirme Pierre*, récent acquéreur d’un chalet. Quand j’ai commencé à visiter c’était autour de 200 000 € mais avec des travaux à faire. » A titre de comparaison, Claudine et Marco ont acheté le leur 110 000 € en 2005.
« Ce n’est plus accessible à tout le monde »
Résultat des courses, il n’y a pas que les prix qui changent : le profil sociologique des vacanciers se modifie peu à peu sous la pression immobilière conjointe à l’augmentation de la demande de clients fortunés souhaitant s’acheter une résidence secondaire proche de la mer. Quoiqu’il en coûte. « Il n’y a qu’à voir les voitures dans les allées pour s’apercevoir qu’il y a des propriétaires de plus en plus aisés, estime un agent immobilier. Ce n’est plus accessible à tout le monde. »
Reste, comme Pierre, à miser sur le bouche à oreille (lire notre article) pour espérer acquérir un de ces chalets sur pilotis si atypiques. Ou le louer (compter entre 600 et 2000 € voire plus la semaine, selon les chalets et la saison). Le prix à payer pour goûter ne serait-ce que quelques jours à ce fameux « esprit des chalets » qui séduit tant.
* Prénom modifié.