Portrait de l'Hérault : Barbara Pastre, atout cœur de la Montpellier Reine
Ancienne gouvernante du prestigieux Hôtel Prince de Galles, Barbara Pastre est à la tête de la Montpellier Reine, une course caritative pour servir une noble cause : la lutte contre le cancer du sein.
Barbara Pastre a 55 ans. À Montpellier et ailleurs, elle est connue comme l’organisatrice de la Montpellier Reine. Une course qui, chaque année depuis 15 ans, réunit près de 10 000 participants, pour un parcours de 4 km, marché ou couru, en soutien de la lutte contre le cancer du sein. Une initiative solidaire pour ces femmes courageuses et un engagement évident pour Barbara : “Cette idée n’est pas née d’une situation personnelle ou de la maladie d’une proche. Quand j’étais enfant, j’ai vu un reportage sur ces médecins qui partent à l’autre bout du monde soigner des enfants. Et ça m’a vraiment touché, j’ai trouvé ça très généreux. Petite, je ne savais pas quel métier je ferai, mais je savais que je voulais être utile aux autres”.
Pourtant, Barbara Pastre a d’abord choisi une tout autre trajectoire que l’engagement caritatif et solidaire. Originaire de Paris, elle est scolarisée au lycée privé Charles Péguy , situé dans le 11e arrondissement. Après cela, elle s’oriente vers l’hôtellerie-restauration, au sein de l’Institut Vatel. Elle entame sa carrière en travaillant comme gouvernante dans des établissements de luxe tel que l’Hôtel Prince de Galles, un cinq étoiles situé avenue Georges V, dans le 8e arrondissement parisien, puis elle s’expatrie : Saint-Barthélemy, Écosse…
Mais l’expérience lui déplaît. “C’était très misogyne la restauration, même si je pense que ça a dû changer. Mon côté féministe n’acceptait pas du tout la misogynie des chefs de cuisine. Pendant très longtemps, j’ai travaillé dans un très grand restaurant étoilé à Paris, un 3 étoiles Michelin, que j’ai décidé de quitter”. Sa réorientation, elle la fera dans l’événementiel. “J’ai eu la chance de rencontrer un homme fabuleux qui a travaillé à Bercy et qui m’a tout appris du milieu de l’événementiel. C’est grâce à lui que j’ai pu faire cette bascule”.
C’est une autre rencontre qui va toutefois bouleverser la vie de la jeune femme. “L’amour m’a fait partir à Montpellier, la ville m’a fait rester”, confie Barbara Pastre, aujourd’hui maman de trois filles, nées avec la Montpellier Reine. Deux “grandes” et la petite dernière, fière détentrice d’une médaille récompensant une participation à la course de sa maman. Un trophée qu’elle n’hésite pas à brandir à quiconque serait susceptible de participer, pour le motiver !
En fait, la Montpellier Reine est un peu le quatrième enfant que Barbara a conçu, avec amour, mais dans un contexte plus triste. “Il y a 15 ans, j’étais professeure d’événementiel dans une école de Montpellier. L’une de mes élèves, Élise, a perdu sa maman à 40 ans d’un cancer du sein. Ça m’a tellement marqué, j’ai décidé d’en faire ma cause. Je me suis dit que j’allais faire une course à pied contre ce cancer. Alors que je ne suis pas du tout sportive, même au bout de 15 ans… Et puis les étoiles étaient alignées : la maire de l’époque, Hélène Mandroux, était médecin, dans une ville avec les plus grands centres de cancérologie et où ce genre d’événement n’existait pas”.
Au-delà de la course et à travers l’association organisatrice “La Montpellier Reine a du cœur”, Barbara Pastre mène une mission essentielle de recherche de fonds auprès de donateurs, et ce toute l’année. Rien que pour la course, les fonds avaient frôlé le million d’euro l’an dernier, un cap qui sera franchi cette année, espère-t-elle. “Cet argent, il sert à d’autres associations qu’on finance dans le cadre d’appels à projet avec le CHU ou l’Institut du Cancer de Montpellier. On donne vraiment aux associations qui font des choses concrètes. Pas tant au niveau de la recherche médicale, qu’on contribue à financer également, mais elles agissent plutôt sur l’accompagnement de la vie des femmes : support de soin, accompagnement à l’emploi, etc.” Dans cet esprit de solidarité et en plus des dispositifs des associations partenaires de “La Montpellier Reine a du cœur”, Barbara Pastre a créé son propre réseau solidaire. “Pour aider en direct toutes les femmes malades d’un cancer et qui ont besoin d’aide : que ce soit pour leurs soins, financièrement, constituer un dossier pour la CPAM ou même pour la garde de leurs enfants. Parce qu’en 2024, il y a encore des femmes malades qui ne peuvent pas aller en chimio parce qu’elles n’ont pas de solution de garde pour leurs enfants”.
La Reine de la course s’implique aussi activement dans la prévention, notamment auprès des plus jeunes, moins ciblées, mais tout aussi concernées. C’était le cas d’Élise, qui, après le décès de sa mère, a elle-même succombé à la maladie, malgré sa vigilance. Cette ancienne étudiante de Barbara “devenue l’une de mes meilleures amies”, les médecins ne l’ont pas crue, regrette Barbara. “Plusieurs fois, elle a consulté et on ne l’a pas prise au sérieux, parce qu’elle était jeune. Elle est décédée d’un cancer du sein le jour de la Montpellier Reine, à 30 ans. Je l’ai accompagnée jusqu’au bout. C’était la première fois que la mort du cancer me frappait si directement”.
Le cancer du sein des moins de 50 ans est une situation moins courante, certes, mais bien réelle. “Élise était malade depuis ses 26 ans. Je me suis aperçue qu’on ne parlait pas du tout de ces cancers chez les jeunes. Quand j’étais prof et que je parlais de cancer du sein, je voyais bien que mes élèves pensaient à des femmes aux cheveux grisonnants. Et quand on tape ‘boule sein’ sur Internet, on ne voit effectivement que des femmes avec des cheveux blancs. Donc il y a un vrai message à faire passer”.
Et ce message, il s’adresse aux décideurs : “Pour les 15 prochaines années, je souhaiterais que l’on puisse sensibiliser le ministère de la Santé au dépistage automatique des femmes, à partir de 40 ans et non pas 50 ans comme actuellement. Ce serait un bon début”.
Et en attendant le feu vert du ministère, Barbara sera au départ de la Montpellier Reine, dimanche 26 mai, 11h, aux jardins du Peyrou, prête à donner le coup d’envoi.