Portrait de l’Hérault : Lorène Delcor swingue avec la Surdouée
Des films de Woody Allen aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988 en passant par sa participation au festival ‘Montpellier Danse’… Qui est véritablement Lorène Delcor, l’Héraultaise qui a fondé le Swinging Festival ?
Les journées de Lorène Delcor sont rythmées par les tonalités bondissantes du swing. À 46 ans, l’Héraultaise en a fait un festival unique. “J’étais titillée par l’envie de créer un événement en mon nom-propre”, dévoile-t-elle. Après avoir travaillé au sein de l’université de Montpellier pendant une dizaine d’années, elle rejoint son conjoint qui travaillait dans l’événementiel. Mais “je ne faisais que les événements des autres, pas le mien”, constate-t-elle. Et puis, nous sommes en mars 2020, l’année du confinement, des masques de protection et du gel désinfectant. “Il n’y avait plus de travail. J’ai eu des journées vides, complètement vides”, soupire-t-elle. “C’était assez déstabilisant. Alors je me suis mise à réfléchir. Je savais que je voulais faire un événement populaire. Et finalement, de par l’histoire qu’à Montpellier avec le swing et par ma propre sensibilité, le Swinging festival s’est imposé comme une évidence.”
“Danser à Montpellier, c’est danser avec de grands danseurs”
Si son festival se déroule à Montpellier, ce n’est pas un hasard. Pour comprendre la passionnée il faut comprendre l’histoire du swing dans la ville. Celle qu’on pourrait presque renommer la “Surdouée” par la “Ville dansante”. Lorène Delcor a vu naître, au début des années 2000, ce qui sera l’âge d’or du swing dans la ville : des jeunes passionnés portés par leur énergie fondent une école et commencent à enseigner et à participer à des compétitions internationales. Résultat : pendant cette période, la moitié des compétiteurs internationaux sont Montpelliérains. Selon Lorène : “danser à Montpellier, c’est danser dans la ville de grands danseurs.” Consciente que les habitants ignorent cette histoire, elle décide d’en faire son cheval de bataille. Son objectif devient donc de créer un événement populaire, accessible à tous, tout en gardant la culture musicale si chère à son cœur.
“Mettre des mots sur ce que j’écoutais : le swing et le Lindy Hop”
Et puis, évidemment, c’est une histoire de passion. Une envie d’écouter cette danse jazz des années 1920. “J’ai toujours eu pour les musiques liées au swing une appétence et une oreille”, raconte Lorène Delcor, la fondatrice du Swinging Montpellier. Le style musical s’est imposé naturellement à elle. À quelques semaines de l’événement, l’ancienne participante de “Montpellier Danse” de l’édition 1988 se remémore l’implication dans sa vie de cette musique. Quand on lui demande comment elle l’a découvert, elle hésite, puis se décide à raconter…
Parce qu’en fait, le swing, c’est un peu son premier amour, celui qu’on oublie jamais vraiment. La passionnée se rappelle : “Aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988, l’équipe française de danse synchronisée a performé sur une musique de Louis Prima, trompettiste et chanteur américain de Jazz. Ça m’a plu, on a tout de suite acheté son album avec ma mère.” C’est peut-être un petit détail perdu dans l’histoire pour la plupart des spectateurs de l’époque, mais pas pour Lorène Delcor qui a ensuite persévéré dans la recherche de cet amour de jeunesse.
“Dans les films de Woody Allen, il y a beaucoup de films où il y a du swing. Je me souviens être restée à la fin de séances de cinéma pour noter le nom des morceaux que j’avais entendu sur la bande originale“. Aujourd’hui encore, c’est une madeleine de Proust aux oreilles de la jeune femme qui continue d’écouter les mélodies. Même si, elle reconnaît que si elle adorait les morceaux elle ne connaissait pas pour autant la danse qui s’imposait dans sa vie. “La première fois, c’était au tout début des années 2000, une décennie très importante pour le swing à Montpellier ! J’ai rencontré celui qui sera mon futur directeur artistique, Rémy Kouakou Kouame. Il dansait avec sa sœur et j’ai trouvé ça génial, se souvient-elle. Il m’a permis de mettre des mots sur ce que j’écoutais : le swing et le Lindy Hop.”
“On s’est toujours dit qu’on reviendrait à Montpellier”
Et puis, c’est aussi un amour débordant pour Montpellier. “Je suis la caricature de l’enfant né à Montpellier parce que les parents y étudiaient !”, s’amuse Lorène Delcor, quand on la questionne sur ses origines héraultaises. Elle qui a vécu son adolescence à l’île de la Réunion est rapidement revenue sur le territoire occitan, qu’elle aimait instinctivement. Avec sa sœur jumelle, elles s’étaient promises d’y revenir, et ce, dès l’école primaire. “On s’est toujours dit qu’on y reviendrait, qu’on ferait nos études à Montpellier. Et c’est ce qu’on a fait”, évoque fièrement Lorène.