Portrait de l’Hérault : William Squive, sous l’œil du greffier
Grâce au livre de William Squive : « Sous l’œil du greffier », il est possible de revivre d’étonnantes chroniques judiciaires montpelliéraines. Du berger assassiné, au meurtre de l’ex-pharmacienne à Castelnau-le-Lez, en passant les dérapages de Georges Frêche, l’ouvrage propose un rythme passionnant de lecture dans une Histoire encore vivante.
Plongée au cœur de la Justice !
Au-delà de ses fonctions administratives et techniques, le greffier joue un rôle social fondamental. Il est souvent le premier interlocuteur des justiciables au sein du tribunal, les orientant et les informant sur leurs droits et sur les procédures. Cette dimension humaine est essentielle, le greffier permet de démystifier le système judiciaire et de le rendre plus proche des citoyens. Son engagement, son éthique et sa déontologie sont des piliers de la confiance que le public accorde à la Justice.
Complexe, ce métier est un carrefour décisif, il est le garant de la régularité des procédures, il contribue à l’efficacité et à la transparence de la Justice.
En 1985, William Squive souhaite faire une carrière de greffier pénaliste. Il travaille dans un cabinet d’instruction, il prend les interrogatoires des criminels présumés, des assassins, des violeurs et découvre « la part sombre de la nature humaine. » Le 1er mars, il prête serment : « je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions, et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance à l’occasion de leur exercice. » Dès lors, il devient greffier dans un service pénal au TGI de Montpellier.
« Le greffier d’instruction a pour principale mission d’assister le juge, lors des interrogatoires, des auditions de victimes, des confrontations, et des reconstitutions sur les lieux des crimes », explique William Squive.
« Un geste que tout le monde doit bien voir »
Durant sa carrière l’auteur de « Sous l’œil du greffier » confie ses moments les plus intenses. « Le mieux, ce qu’il y a de plus équilibrant, c’est quand il suffit d’un regard avec le juge pour que l’on se comprenne. Là, c’est une symbiose formidable. » Et puis il y a la mise sous scellés et leur levée qui sont régies par le Code de procédure pénale français. L’objectif initial de sceller des éléments est de préserver l’intégrité des preuves potentielles, pour empêcher toute modification, altération ou destruction. « Les moments de grandes intensités aussi, c’est lorsque l’on se rend sur la scène de crime. Les scellés ont été posés, il faut les respecter. On ne touche à rien. Quand c’est sous scellés, personne n’y touche, sauf le greffier… C’est-à-dire que c’est un peu l’heure de gloire du greffier. Surtout il faut le faire savamment, c’est un geste que tout le monde doit bien voir quand vous brisez les scellés. »
En entretien, William Squive nous ouvre les portes sur ce métier passionnant et exigeant. Il révèle ses multiples facettes et ses défis. Il lâche cette phrase importante : « la passion avant tout. » Greffier expérimenté, il va intervenir et briefer les nouvelles promotions à l’École nationale des greffes. « En ce moment, il y a de grosses promotions de deux-cent-cinquante, trois-cents greffiers qui vont sortir » nous confie-t-il. Une affluence de nouveaux professionnels essentielle pour répondre à la demande croissante de compétences spécialisées dans le traitement des affaires judiciaires.
Entre Civil et Pénal : un choix déterminant
Le choix de la spécialisation en droit civil ou pénal est un tournant décisif dans la carrière d’un greffier. Pour William Squive, ce choix a été guidé par sa passion : « le droit pénal m’a toujours passionné. » Cette préférence personnelle a orienté sa carrière vers des affaires souvent plus sombres, mais aussi plus captivantes. « Vous devez être bien accroché, » explique-t-il, « il y a des greffiers qui n’aiment pas parce que c’est trop violent, parce que c’est trop dur. » Les réalités sont parfois très brutales en droit pénal : assassinats, viols, et autres crimes graves. Ces expériences contrastent avec la relative tranquillité du droit civil.
L’aspect le plus difficile du métier peut être son impact émotionnel. « Ma pire autopsie, c’était un bébé… et ça, je n’ai pas pu, j’y suis allé, mais j’ai tourné la tête, je n’ai pas regardé, c’était insupportable, » confie-t-il avec émotion. Si le juge est présent, les greffiers assistent à toutes les autopsies. Les techniques d’autopsie, « à la parisienne » ou « la provinciale », impliquent une ouverture du corps en ‘I’ ou en ‘Y’. « Ensuite, le médecin légiste coupe les côtes avec un sécateur, c’est aussi simple que ça », décrit-il. Chaque organe est alors extrait, pesé et inventorié, un processus que le greffier doit observer et souvent décrire, sans détourner le regard.
Le métier de greffier requiert un engagement profond et une réelle passion pour la Justice. Avec le livre de William Squive « Sous l’œil du greffier », l’immersion est totale dans les chroniques judiciaires montpelliéraines, du « saucissonnage » de la bijouterie Briant en passant par l’assassinat du sacristain de la cathédrale ou celui de « la femme cellophane », les dossiers étonnent, interrogent et inquiètent.