Pour Aurélien Pradié, candidat LR aux régionales " Delga est la championne de l'endettement !"
Autant dire que le jeune homme politique ne manque pas d’ambition. Celui qui a été élu seul conseiller général de droite à seulement 22 ans dans le Lot, véritable terre de gauche, a le sens des défis. Devenu depuis n°3 des républicains, Aurélien Pradié se lance dans la bataille des régionales pour challenger Carole Delga, la présidente PS sortante. Il était ce mercredi à Agde pour lancer sa campagne dans l’Hérault.
A seulement 35 ans, le parcours politique d’Aurélien Pradié ne manque de références. Ce fils de gérants d’une petite entreprise de récolte de noix dans le Lot n’était pourtant pas destiné à embrasser une carrière politique. « J’ai un frère boulanger et c’est finalement le goût du contact humain qui m’a poussé très jeune à me présenter comme conseiller général de mon canton ». À seulement 22 ans, l’apprenti politique n’est pas encore titulaire du permis de conduire et c’est en mobylette qu’il mènera une « vraie campagne de proximité ». « Je suis allé frapper aux 12 000 portes de mon canton ! » se souvient le néophyte. Une stratégie qui se montrera payante puisqu’il est élu au premier tour de scrutin conseiller général du Lot en battant, ironie du sort, son ancien instituteur.
Faire bouger les lignes
« C’était quelqu’un que j’appréciais et qui n’était pas vraiment rejeté par les électeurs, mais mon style de campagne et mon côté atypique ont semble t-il fait bouger les lignes dans ce canton ancré à gauche ». Seul élu de droite dans un hémicycle départemental de gauche, il sera à bonne école. « Seul et jeune, rien ne m’a été épargné, mais cela m’a forgé un caractère. Je n’ai jamais rien lâché dans mes convictions et j’ai fini par être respecté. » lâche le candidat, qui veut être celui de la jeunesse et de l’expérience.
Une ascension fulgurante
En 2011, il est repéré par Xavier Bertrand, alors ministre du Travail, qui lui confie une mission sur l’emploi des jeunes. En 2014, il est élu maire de sa commune avec 70 % des voix et accède dans la foulée à la présidence de la communauté de communes du Causse de Labastide-Murat.
En 2015, il est élu conseiller régional d’Occitanie, après avoir été tête de liste dans le Lot et enregistré un des scores les plus élevés de son parti sur la région Occitanie. Il siégera alors à la commission Emploi, Formation professionnelle et Apprentissage, ainsi qu’à la commission Agriculture et Appels d’offres.
En juin 2016, il est élu Député du Lot et crée une nouvelle fois la surprise dans cette terre historiquement ancrée à gauche.
En octobre 2019, après l’élection de Christian Jacob à la présidence des Républicains, il en devient le secrétaire général et de fait le n°3 du parti.
« Delga est la championne de l’endettement ! »
Si Aurélien Pradié préfère mettre en avant la qualité de ses convictions et son programme ambitieux, il ne manque pas d’égratigner la présidente sortante. « Carole Delga est prise dans un dogmatisme de gauche et manque d’ambitions pour notre région » égratigne le jeune loup politique.
Les reproches de gestion ne manquent pas. « Sous sa présidence, la région est devenue une super administration à l’effectif pléthorique. L’endettement a explosé de 48 % pour un résultat à peine moyen, fait de décisions prises à l’emporte-pièce et de bric et de broc ».
“Stopper le gaspillage”
En ligne de mire du candidat LR, la réduction des dépenses publiques. «Carole Delga manque de décisions politiques et dépense sans compter. Prenez par exemple l’organisation des assemblées régionales, chaque réunion coûte 110 000 euros aux contribuables. Qui peut accepter une chose pareille ? C’est juste inadmissible et sous ma présidence, je réduirai fortement la facture en adoptant une nouvelle organisation. Il y a des moyens modernes à mettre en place, comme par exemple la visioconférence. »
Aller plus loin dans la politique de transport
La région Occitanie attend les LGV Bordeaux-Toulouse et Montpellier Perpignan depuis 30 ans et leur avenir se jouera dans le prochain mandat. « Sur cette question, il n’y a pas de polémique, il faut poursuivre le chemin engagé, mais malgré les promesses, le tour de table des investisseurs n’est pas encore bouclé ; nous le mènerons à bout » prévient le candidat LR
Pour les TER, Aurélien Pradié promet également d’enfoncer le clou. « Il faut aller plus loin sur les amendes infligées à la SNCF suite à des incidents de service. Je proposerai également un fonds d’investissement de 20 millions par an fléché sur les réseaux routiers et la mobilité. »
Une certaine idée du volontarisme politique
Les questions du handicap, de lutte contre la pauvreté et des violences faites aux femmes et aux enfants seront aussi des axes prioritaires de sa campagne, tout comme l’aménagement du territoire. « Je souhaite mettre en place des urgences cardiaques de proximité dans chaque coin de notre territoire. Ce n’est pas forcément de notre compétence, mais nous le ferons, car on ne peut pas rester sans solution » prévient le jeune candidat, marqué par la paraplégie de son père suite à un AVC.
Créer une bulle de sûreté autour des lycées
« Alors que la majorité actuelle se contente d’assurer un entretien courant des lycées, je propose de changer de braquet pour notre jeunesse et de mettre en œuvre un véritable plan de sécurité autour des lycées. L’idée est de créer une bulle de sûreté autour des lycées en mettant en place de la vidéo protection. Il faut un véritable périmètre protégé pour éviter les trafics. Les présidents de région d’île de France et des Hauts de France ont mis en place des brigades de prévention, c’est très efficace. Tout cela est une question de volonté politique, Carole Delga n’y va pas car elle est freinée par une idéologie de gauche. Par son inaction sur les questions de sécurité, elle laisse les trafics prospérer aux portes des lycées, c’est inadmissible » déplore le candidat de droite, qui compte bien ne pas laisser le sujet de la sécurité aux mains du Rassemblement national.
L’union des droites ne sera pas dans son programme
Appelée par certains comme le médiatique Robert Ménard, réélu l’an dernier maire de Béziers avec près de 70 % au 1er tour, l’idée de l’union des droites est balayée d’un revers de main par le candidat LR. « Ma liste sera la même au 1er tour comme au second tour, je ne me rapprocherai ni du rassemblement national, ni de LREM, c’est une question de conviction et d’éthique politique. J’attends de voir comment le maire de Béziers va se positionner vis-à-vis de la liste RN de Jean-Paul Garraud ; cela va être intéressant à suivre » note Aurélien Pradié qui n’envisage pas d’effectuer « des prises de guerre » entre les 2 tours. « Je souhaite rassembler sur les idées et ne pas vendre mon âme, je sais d’ores et déjà pouvoir compter sur les élus locaux LR ». Notamment le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, réélu en 2020, qui lui a déjà apporté son soutien.
Si l’ensemble des élus LR de la région se sont rangés naturellement en soutien de la liste de sa candidature, à l’instar de Christophe Rivenq, l’actuel leader de l’opposition à la région, Aurélien Pradié note quelques déceptions. « J’ai appris qu’un jeune maire LR héraultais avait indiqué récemment qu’il soutiendrait la liste de Carole Delga. La région n’est pas un guichet, il apprendra surement que le grand écart est un exercice délicat en politique ; on risque souvent une déchirure, l’opportunisme politique a ses limites » ironise le candidat, taclant au passage le maire de Vias Jordan Dartier.
Une campagne rendue difficile par les conditions sanitaires
« C’est une réelle difficulté mais nous faisons avec. Je ne suis pas fan d’un report des élections, l’exercice démocratique doit se réaliser en temps et en heure. Nous sommes prêts, nos têtes de listes sont connues et désignées dans chaque département, nous sommes prêts à relever le défi. Dans l’Hérault, c’est le maire de La Grande-Motte Stéphan Rossignol qui est tête de liste avec Géraldine Sanchez d’Ettore en 2e position. Exit les traditionnels meetings politiques, nous allons faire une campagne innovante et dynamique » note le candidat, pour qui le véritable défi de demain est celui de la jeunesse « Notre région compte 400 000 jeunes de moins de 30 ans, c’est pour eux que nous préparons l’avenir »
Pour quel résultat ?
Réponses les 13 et 20 juin prochains, si le calendrier électoral n’est pas bouleversé d’ici là.