Justice — Département Hérault

Procès Pissarra : "Je reconnais les punitions mais elle n'a jamais été privée de nourriture" déclare la mère d'Amandine, morte de faim

Le procès de Sandrine Pissarra et Jean-Michel Cros a débuté ce lundi 20 janvier à la cour d'Assises de Montpellier. Le couple est jugé pour avoir affamé et torturé Amandine, 13 ans, jusqu'à sa mort en août 2020. Si le beau-père de la victime semble avoir pris la mesure de la gravité des faits, sa mère, elle, n'admet pas avoir affamé sa fille et ne se remet pas en question.

C’est dans la salle pleine de la cour d’Assises de Montpellier qu’a commencé, ce lundi 20 janvier en début d’après-midi, le procès de Sandrine Pissarra et Jean-Michel Cros, accusés d’avoir affamé et torturé Amandine, 13 ans, jusqu’à sa mort, le 6 août 2020. Vers 14 h, le couple entre dans le box, affichant un air impassible. Lui, vêtu d’un pull blanc, observe la salle tandis qu’elle ne quitte pas le président de le cour des yeux, évitant ainsi le regard du public et des parties civiles. Alors que le premier magistrat fait lecture des faits terribles qui sont reprochés au couple, Sandrine Pissarra fixe le sol et Jean-Michel Cros s’essuie les yeux avec un mouchoir, visiblement ému.

Je ne sais pas pourquoi elle ne mangeait pas

Après ce long rappel du supplice qu’a vécu Amandine jusqu’a sa mort, l’opportunité est donnée aux deux prévenus de prendre la parole et de répondre aux questions de la Cour. Sandrine Pissarra est accusée d’actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en l’espèce d’avoir affamée sa fille et de l’avoir privée de soins. Debout dans son pull noir, maquillée, cheveux châtains bien coiffés qui tombent sur la poitrine, la mère de huit enfants continue de nier avoir affamé sa fille, qui ne pesait plus que 28 kilos pour 1,55 mètres le jour de sa mort. “Comment ne pas s’apercevoir qu’elle est dans cet état ?”, demande le président de la cour d’Assises à Sandrine Pissarra, qui répond : “Je ne peux pas vous expliquer, depuis quatre ans je me pose la question du comment, du pourquoi…” “Vous lui refuser à manger”, lui objecte le magistrat, “ce n’est pas le cas, je ne sais pas pourquoi elle ne mangeait pas. Elle n’a pas été privée de nourriture”, affirme-t-elle.

Quand on lui demande pourquoi la petite n’a pas été vue par un médecin, la mère répond qu’Amandine “refusait”. Le président de la cour poursuit et raconte comment Cassandra, la sœur d’Amandine, a déclaré avoir reçu “les mêmes punitions, il lui arrivait de boire l’eau des WC. C’est une habitude que vous avez de punir comme ça vos enfants ?” “S’ils le disent c’est que c’est vrai, répond-elle stoïquement, mais pas pour Amandine.”

“J’avais peur des réactions et des colères” de Sandrine Pissarra

Depuis des mois, Amandine vivait dans une pièce, un débarras, filmée en permanence par une caméra reliée aux téléphones de sa mère et de son beau-père. Sur certaines images, la petite était nue à genoux sur un rondin en bois ou devait écrire des lignes jusqu’à épuisement. “Je reconnais les punitions“, admet Sandrine Pissarra qui se justifie en disant que “c’était une enfant compliquée dans son comportement : des vols, des mensonges, elle faisait des bêtises.” Alors, le premier magistrat lui demande : “Vous l’aimiez ?” “Oui”, dit-elle simplement. Alors, comme une opportunité d’avouer et d’assumer, il ajoute “qu’est ce que vous admettez devant cette cour aujourd’hui ?”, et Sandrine Pissarra de répondre, “de ne pas avoir su voir“.

Jean-Michel Cros, lui, est visiblement mal à l’aise au moment de prendre la parole, il se lève, se frotte la barbe mais lui non plus dit ne pas avoir vu l’état de l’enfant. En pleurs, il ajoute “je ne saurais pas l’expliquer”. Le président de la Cour affirme alors avoir “des photo de 2019, de la rentrée scolaire, Amandine est une petite fille jolie, magnifique. Et on a des photos le 6 août. Comment vous pouvez ne pas avoir vu. Vous l’avez vu s’écrouler sur la caméra alors que vous emmeniez ses frères et sœur à la rivière et qu’elle était punie. Vous êtes aveugles ou vous êtes idiots ?” Penaud, l’homme murmure “je ne sais pas, j’avais peur des réactions et des colères” de Sandrine Pissarra. “J’étais ailleurs, j’étais pas là”.

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