Quand Londres et Narbonne se rencontrent autour du cercueil d’un archevêque…
Au début des années 2000, l’Angleterre prend la décision de rapprocher le terminus du…
Au début des années 2000, l’Angleterre prend la décision de rapprocher le terminus du train international Paris-Londres dénommé du centre de la capitale et de fait de prolonger la ligne jusqu’à la vieille gare de Saint Pancrace. D’immenses travaux sont entrepris et ils mettent au jour un site archéologique de grand intérêt : un cimetière catholique où reposent plusieurs centaines de réfugiés de… la Révolution Française. Y figurent dans des cercueils étonnamment bien conservés des membres du haut clergé dont un certain Monseigneur Dillon.
La création du canal de jonction
La découverte de 2003 est d’envergure pour les spécialistes britanniques mais ils ne se doutent pas que la nouvelle, qui ne se répand qu’un an plus tard de l’autre côté de la Manche, va susciter l’émoi à… Narbonne. Et pour cause, exilé à Londres à la fin des années 1700, il était le dernier archevêque de la cité septimanienne. On lui doit notamment la création du canal de jonction à Sallèles d’Aude qui a donné réellement vie à la Robine. On sait aussi qu’il projetait l’achèvement de la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur.
Bref, pour la commission archéologique, il s’agit d’une immense personnalité de la ville dont la trace avait été perdue depuis quasiment 200 ans. Alors, lorsque son président, le Professeur Jacques Michaud annonce que la dépouille d’Arthur-Richard Dillon a été retrouvée par le plus grand des hasards sur le chantier de l’Eurostar à Londres, c’est la stupéfaction.
Deux jours d’hommage en 2007
Dès lors, des démarches officielles sont entreprises pour rapatrier les restes du dernier archevêque de Narbonne. Soutenu par Georges Frêche, féru d’Histoire et alors président de la Région, l’évêque de Carcassonne demande officiellement aux autorités anglaises que le cercueil de Dillon soit « rendu » aux Narbonnais. Presque deux cents ans après sa mort.
Il faut néanmoins patienter trois ans pour que l’archevêque Monseigneur Dillon puisse retrouve sa bonne vieille ville de Narbonne et y reposer définitivement en paix. La cérémonie dure deux jours, les 15 et 16 mars 2007. A travers les rues de la ville, c’est un impressionnant cortège d’élus, d’ecclésiastiques, d’universitaires et de membres des confréries qui accompagne les restes de Monseigneur Dillon vers le Palais des Archevêques puis la cathédrale théâtre d’une grande messe présidée par le cardinal Lustiger. Arthur-Richard Dillon est ensuite inhumé près de maître-autel, au sein de la chapelle baroque Saint-Martin. Après un exil anglais long de deux siècles…