Rétrospective 2024 : les grandes affaires judiciaires qui ont marqué l'Hérault
Durant l'année 2024, les tribunaux héraultais ont vu passer leurs lots d'affaires qui ont marqué les esprits. Scandales politiques impliquant des maires, crimes effroyables ou violences conjugales dans le milieu sportif : retour sur ces dossiers qui ont rythmé l’actualité judiciaire.
L’affaire Gilles d’Etorre et sa voyante à Agde
Le 19 mars 2024, un séisme politique et judiciaire secouait la ville d’Agde lorsque son maire, Gilles d’Etorre, a été place en garde à vue pour “prises illégales d’intérêts et corruption”. L’autre personnage clef de cette affaire rocambolesque, Sophia Martinez, est une proche du maire qui se présentait comme voyante. Elle est accusé d’avoir mis sous son emprise l’édile agathois mais aussi des cadres régionaux du groupe de BTP Eiffage ou encore un promoteur immobilier et avait ainsi fait financer sa véranda ou encore une partie du buffet de son mariage. Cinq personnes de sa famille avaient également été recrutées à différents postes au sein de la mairie et de la communauté de communes, dont la fille de la voyante, elle aussi été placée en garde à vue. En tout, ce sont plus de 40 personnes qui étaient visées par cette enquête.
Le 26 juin, Gilles d’Etorre, qui avait démissionné de son mandat de maire, est finalement sortie de prison et a été placé sous contrôle judiciaire avec de nombreuses restrictions, notamment l’obligation de résider en Dordogne. Quant à la voyante, elle a été libérée le 28 juin mais sous des conditions strictes : interdiction de se rendre dans l’Hérault, obligation de résider à Strasbourg, et interdiction totale d’exercer toute activité en lien avec l’ésotérisme, les médecines douces ou alternatives. L’histoire est loin d’être terminée et devrait à nouveau faire couler de l’encre en 2025 puisque les investigations menées par le service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ) de Montpellier se poursuivent, sous l’autorité du procureur de la République de Béziers.
Prison avec sursis et inéligibilité pour le maire de Marseillan
Yves Michel, maire de Marseillan, accompagné de six autres personnes, comparaissait devant le tribunal de Béziers le vendredi 22 novembre 2024. Au cœur de l’affaire : l’attribution répétée de 12 marchés publics à des entreprises locales suspectées d’être en lien avec le maire. Parmi elles, une société spécialisée dans les échafaudages dirigée directement par Yves Michel, et une autre pilotée par un membre de sa famille, un cousin par alliance.
Le 20 décembre, le tribunal a déclaré M. Yves Michel coupable des infractions qui lui sont reprochées et, à titre de répression, l’a condamné à 15 mois d’emprisonnement avec sursis, à une amende de 10 000 euros, dont 5 000 euros avec sursis, ainsi qu’à une peine complémentaire de privation de son droit d’éligibilité pendant une durée de 2 ans. Il a annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Béziers : ces joueurs de rugby condamnés pour violences conjugales
Les valeurs du rugby ont déjà été entachées à plusieurs reprises cette année dans le club de Béziers. D’abord, le néo-zélandais Taleta Tupuola, trois-quarts centre de 35 ans, a écopé de 14 mois de prison avec sursis pour des faits de violences contre son épouse, le 13 novembre 2024. Il est accusé par sa femme de l’avoir insultée, frappée à plusieurs reprises et de l’avoir faite dégringoler dans l’escalier, sous les yeux de leur fils de trois ans, la nuit du 5 octobre. Malgré sa condamnation, le joueur a pu réintégrer l’effectif de l’ASBH, “sous certaines conditions“, comme l’a précisé le club de rugby.
Le 17 décembre, c’est Hans Nkinsi, deuxième ligne de l’équipe de rugby de Béziers (Pro D2), qui a été condamné à 18 mois de prison, dont douze avec sursis probatoire de deux ans, par le tribunal correctionnel de Béziers. L’ancien Grenoblois avait déjà été condamné en avril 2023 par le tribunal d’Aix-en-Provence, pour des faits similaires, à une peine de dix mois avec sursis assortie d’un sursis probatoire de cinq ans. Une partie de ce sursis (six mois) a été révoquée. Au total, Nkinsi a donc été condamné à un an de prison ferme et renvoyé devant le juge d’application des peines pour un aménagement.
Affaire Aurélie Vaquier : 30 ans de prison pour féminicide
Le mardi 9 janvier, la cour d’Assises de l’Hérault se penchait sur l’affaire du meurtre d’Aurélie Vaquier, dont le corps a été découvert enterré sous sa terrasse à Bédarieux, le 7 avril 2021. L’accusé, Samire Lymani, comparaissait pour “meurtre sur conjoint”. Le 17 janvier, après 4 heures de délibéré, le jury a reconnu cet ancien militaire et chauffeur routier, père divorcé de deux enfants, “coupable” du meurtre. Il niait farouchement les faits depuis le début de l’enquête même si tout l’accablait. Il a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
L’ancien boxeur qui a décapité une Agathoise passera sa vie en prison
Du 9 au 11 décembre, Jean-Michel Moulun, ancien boxeur professionnel de 53 ans, comparaissait devant les Assises de l’Hérault pour le meurtre d’Évelyne, une institutrice à la retraite. Le 13 octobre 2021, le corps de cette femme de 77 ans était découvert à son domicile, une maison située dans une zone pavillonnaire d’Agde. Elle était décapitée, la tête posée sur la table de la cuisine. Très vite, les policiers s’étaient orientés vers Jean-Michel Moulun, qui effectuait de petits travaux au domicile de la victime avant d’être renvoyé. Celui qui niait les faits depuis trois ans avait finalement avoué lors de son procès. Finalement, les jurés l’ont condamné à la prison à perpétuité avec une peine de sûreté de 18 ans. Le jour du verdict, ses avocats ne savaient pas encore s’ils feraient appel.