Romiguières : Valérie Rouveirol, "un aménagement alliant économie circulaire et circuit court"
Sans étiquette politique, Valérie Rouveirol effectue actuellement son troisième mandat en tant que maire du village de Romiguières, après un mandat en tant qu’adjointe. Elle évoque notamment une opération d’économie circulaire mise en place dans sa commune de 31 habitants, à l’occasion d’un aménagement de l’espace public.
Quelles sont les principales problématiques auxquelles vous êtes confrontée pour la gestion de votre village ?
Valérie Rouveirol : « Nous sommes 31 habitants. On fait un peu tout quand on est élu(e) d’une toute petite commune. Qui dit peu d’habitants dit peu de budget, donc on est ‘homme à tout faire’, on fait de la gestion administrative, de la gestion des espaces publics, du nettoyage. Mon équipe municipale et moi faisons régulièrement, nous-mêmes, des demi-journées de nettoyage de l’espace public. Un secrétaire de mairie vient à la mairie une demi-journée par semaine le mardi matin ».
Comment décririez-vous Romiguières ?
Valérie Rouveirol : « Romiguières est situé dans le nord de l’Hérault, à proximité de Lodève, à 600 mètres d’altitude. C’est un village atypique, situé sur le plateau de l’Escandorgue, sur des terrains basaltiques. Le village a pour particularité d’être constitué de pierre de basalte. C’est assez déroutant de trouver ce type de village dans l’Hérault.
Romiguières reprend vie petit à petit. Il y a trente ans, il était habité par seulement 7 habitants et ses maisons étaient en ruine. Un grand chantier de rénovation a débuté dans les années 1990 et s’est tenu jusqu’à maintenant. Il reste encore de petites choses à faire, mais le plus gros a été réalisé.
Notre village est dans une dynamique positive. De plus en plus de visiteurs aspirent à venir habiter au calme depuis la pandémie. Il y avait 2 maisons à vendre dans le village ; les ventes sont en train de se concrétiser ».
Ressentez-vous les effets du changement climatique à Romiguières ?
Valérie Rouveirol : « On les ressent au niveau du climat. Par exemple, il y a de moins en moins de neige en hiver et les étés sont plus chauds et secs. Romiguières est situé sur la ligne de partage entre le climat méditerranéen et océanique. Nous avons souvent des épisodes de brouillard et de pluie, il y a beaucoup de ruissellement d’eau.
Durant la canicule de cet été, comme nous avons la chance d’avoir plusieurs sources sur la commune, il n’y a pas eu de souci d’eau potable. Mais les prés et la forêt de chênes et de châtaigniers ont souffert du manque d’eau. Les agriculteurs n’ont pu effectuer qu’une seule coupe du foin au lieu de plusieurs ».
Quels dispositifs avez-vous mis en place pour faire face à ces changements ?
Valérie Rouveirol : « Depuis dix ans, nous souhaitions réhabiliter l’espace public. Un aménagement de 500 000 euros de travaux pour 25 habitants. C’est une grosse dépense, même si, avec les aides, il ne reste plus que 20 % à la charge de la commune. C’est la première fois que nous souscrivons un emprunt.
Nous avons fait réaliser ces aménagements récemment, notamment pour faire face au ruissellement des eaux. Notre village est en pente. Il a fallu faire en sorte de canaliser l’eau de pluie en créant une calade sans caniveaux centraux pour couper la vitesse de l’eau et que les écoulements soient plus doux. Nous avons perméabilisé le plus possible les sols. Nous avons revu la place de la voiture sur des aires de stationnement pour laisser des espaces de convivialité sur les espaces publics, afin de les rendre plus attractifs.
Nous avons également fait installer un éclairage public à Led, peu consommateur d’électricité. Dans les jours à venir, il y aura des coupures nocturnes d’électricité de 23h à 5h du matin. Nous avons sollicité l’intervention d’animateurs du Parc naturel régional du Haut Languedoc pour le Jour de la Nuit, un atelier de sensibilisation à la pollution lumineuse nocturne qui se déroulera le 7 octobre prochain. Ces intervenants extérieurs expliqueront au public la nécessité de réduire la pollution lumineuse nocturne pour la faune et la flore. Lors d’une déambulation en soirée, les promeneurs en apprendront davantage sur les halos de lumière. Comme le village n’a pas pu changer la totalité de l’éclairage public en Led, le public pourra voir la différence entre l’éclairage public normal, qui éclaire de façon large, et l’éclairage public à Led, qui éclaire uniquement la voirie. Cela permettra de prendre conscience de la pollution lumineuse nocturne. »
Pouvez-vous détailler les conditions dans lesquelles la calade a été mise en place ?
Valérie Rouveirol : « Nous avons sélectionné les architectes de l’Atelier Sites (Montpellier), qui ont travaillé sur le hameau de Navacelles. Notre budget ne nous permettait de faire la calade que sur une partie du village. Les architectes nous ont donc proposé de créer la calade non pas avec des pierres taillées pour l’occasion mais avec des rejets des carrières de Montdardier (Gard). Cette solution économique nous a permis de faire réaliser l’ensemble du village en calade.
C’est cela, l’économie circulaire : avec un matériau pas valorisé et qui aurait dû être jeté, nous avons pu mettre en valeur le village dans son ensemble. De plus, nous avons travaillé en circuit court, car la carrière est située à proximité, pas en Chine. L’équipe municipale n’aurait pas accepté de faire venir les blocs de pierre de très loin. Nous avons donc combiné économie circulaire et circuit court dans cette opération importante pour la réhabilitation du village. »