Roqueredonde : des spéléologues bénévoles à la rescousse de deux chiens de chasse
Il aura fallu une semaine pour extraire d'une cavité deux chiens de chasse, bloqués à plus de 30 mètres de l'entrée depuis le dimanche 24 novembre dans le Lodévois. Grâce à des bénévoles de Spéléo Secours Français de l’Hérault, ils ont pu être ramené successivement à la surface sains et saufs vendredi 29 novembre, puis dimanche 1er décembre. Récit.
Il en aura fallu du temps et de la persévérance pour extraire ces deux chiens de la mauvaise posture dans laquelle ils se trouvaient depuis le 24 novembre dernier. Ce jour-là, “Ria” et “Ricard”, deux griffons frère et soeur de 4 ans, participent à une battue dans les bois de Roqueredonde, une petite commune rurale du nord de l’Hérault, située sur le plateau de l’Escandorgue, en bordure du Larzac, en début d’après-midi. Pistant vraisemblablement un animal, ils partent dans les fourrés avant que le contact GPS avec leurs colliers ne s’arrête brutalement à l’entrée d’une cavité.
“J’ai aperçu deux yeux verts dans l’obscurité”
Les chasseurs ont d’abord contacté les pompiers venus faire une reconnaissance le soir même, avant d’appeler le numéro vert du Spéléo Secours Français (SSF) qui a envoyé une équipe de bénévoles à son tour sur site le lendemain, lundi 25 novembre. “On est monté à cinq sous des trombes d’eau”, explique Jean-Michel Salmon, conseiller technique du Spéléo Secours Français de l’Hérault (SSF34). L’endroit est difficile d’accès et nécessite l’intervention de spéléologues pointus. “Je suis parti en premier, explique M. Salmon. J’ai aperçu deux yeux verts dans l’obscurité. J’ai vu un chien bouger avant qu’il ne s’enfonce encore plus loin.”
Faute d’identification formelle des deux animaux, les spéléologues ne peuvent être appuyés par des moyens officiels. Ils rebroussent donc chemin. Mais n’abandonnent pas pour autant. “Nous sommes revenus le mercredi où deux sauveteurs ont pu avoir accès à la cavité. Ils ont vu une boule de poils et ont enregistré des aboiements sur un secteur extrêmement étroit et difficile d’accès”, raconte Jean-Michel Salmon.
Vers minuit, les recherches sont stoppées
Preuves en main, le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne donne son feu vert pour une opération conjointe de sauvetage avec le SSF34 et le Sdis 34 et son Groupe de recherche et d’interventions en milieu périlleux (Grimp). Les opérations menées conjointement ne permettent pas de sortir les chiens, mais de leur laisser de la nourriture et de baliser un chemin potentiel de sortie avec des lumières. Les sauveteurs du SSF34 arrivent toutefois à filmer la position des deux bêtes “Ils ont vu les deux animaux bloqués, ils étaient comme autoclavés, l’un sur l’autre, dans l’impossibilité de faire demi-tour. Et l’accès était trop étroit et compliqué pour les atteindre”. Vers minuit, jeudi 28 novembre, les équipes sont épuisées et les recherches officielles, stoppées.
Fort heureusement pour les deux malheureux griffons et leurs maîtres, le SSF a une doctrine : “Tant que quelqu’un, humain ou animal, est en vie sous terre, nous ferons tout ce qui est en notre possible pour le sortir”, assène Jean-Michel Salmon. Une ténacité qui permettra, vendredi 29 novembre après 6 heures de travail pour élargir finement le passage, de permettre au plus mince des spéléologues de pénétrer l’étroit boyau et aller au contact du premier chien, “Ria”, et de le sortir de la cavité. Puis de revenir dimanche 1er décembre – “impossible de laisser l’autre chien” – pour défaire “Ricard” d’une bien mauvaise posture.
“On est bien fatigués mais contents et les chasseurs sont ravis”, se réjouit Jean-Michel Salmon, qui ne peut que conseiller à la mairie et aux chasseurs de mettre une grille à l’entrée de la cavité. “Un humain coincé là-dedans, c’est impensable.”