Saint-Brès : Laurent Jaoul pointe du doigt "la dictature verte"
Ancré dans les traditions et la ruralité, Laurent Jaoul maire de Saint-Brès ne mâche pas ses mots, souvent emplis d’humour : « on est là, même si Caron ne veut pas, nous on est là, » une pichenette depuis les arènes d’Arles, à l’attention du député Nupes de Paris. Entretien.
Être Maire d’une commune comme Saint-Brès impose une vraie proximité avec les habitants, pour vous Laurent Jaoul, c’est une contrainte ou un plaisir ?
Laurent Jaoul : Saint-Brès compte aujourd’hui 3 500 habitants. J’aborde mon troisième mandat de maire. Depuis ma première élection jusqu’à aujourd’hui, des liens forts avec mes concitoyens se sont créés. Ils savent que j’attache beaucoup d’importance à cette relation de proximité. J’ai toujours eu grand plaisir à rencontrer les uns et les autres. Dans les moments de joie, de célébration et de fêtes, mais aussi dans les moments de peine que peuvent réserver les aléas de la vie. Cette relation de proximité avec les habitants me permet d’écouter leurs préoccupations et de répondre à leurs attentes de manière directe, sans contrainte.
Comment on veille à l’épanouissement d’une population, en tant que maire ?
LJ : Le mandat de maire exige beaucoup de rigueur, de passion, énormément de volonté et d’obstination. Mes racines rurales m’ont appris la nécessité de travail et la persévérance. Je travaille avec mon équipe pour fournir des services publics de qualité. Nous cherchons à améliorer constamment ces services en fonction des besoins et des attentes de la population. Favoriser la cohésion sociale, développer l’emploi et l’économie locale, préserver le patrimoine et l’environnement : nous encourageons les initiatives locales qui promeuvent la solidarité, la convivialité et le vivre-ensemble.
Nous soutenons les associations, les événements culturels et sportifs, ainsi que les projets citoyens qui renforcent les liens sociaux au sein de notre commune. En mettant en œuvre ces mesures, nous cherchons à créer un environnement propice à l’épanouissement de notre population, en tenant compte de ses besoins, de ses aspirations et en favorisant le bien-être de chacun de nos concitoyens.
2026 pointe le bout de son nez, à mi-mandat quel bilan vous pouvez déjà faire ?
LJ : En 2020, nous avons élaboré avec mon équipe un programme de campagne intitulé « 30 propositions pour les Saint-Brésois ». Il ne s’agissait pas de promesses démagogiques, mais d’un projet réaliste puisqu’à ce jour, 25 propositions sur 30 ont été concrétisées. Aujourd’hui, je porte un regard positif sur les différentes réalisations que nous avons accomplies et qui ont permis d’améliorer la qualité de vie des Saint-Brésois.
A mi-mandat je suis fier du travail accompli. La maîtrise de notre budget, la stabilité de nos taux communaux pour la 8e année consécutive, ainsi que la recherche constante de subventions nous permettent de mener à bien les projets pour lesquels nous nous étions engagés. Nous venons de lancer les travaux du nouveau groupe scolaire Antoine de Saint-Exupéry, un projet enthousiasmant, mais lourd à porter sur le plan financier. La gestion des écoles étant une compétence du maire, je concentre aujourd’hui mes efforts sur ce projet d’envergure, dont le coût est estimé à 10,5 millions d’euros.
Vous défendez et vous êtes attaché aux traditions et à la ruralité. Avec la charte du « Serment du Midi », vous fédérez plus d’une cinquantaine de communes, est-ce que vous pouvez nous expliquer vos objectifs ?
LJ : Le samedi 11 février, nous étions 15 000 sur l’Esplanade à Montpellier, à dire et redire notre attachement viscéral à ce qui fait notre culture, notre histoire et, osons le dire, notre civilisation. Il s’agit d’une démonstration de force exceptionnelle, en réaction à une tribune paraphée par 50 élus écologistes et animalistes.
Avec mon collègue Jean-Luc Meissonnier, maire de Baillargues, nous avons réuni, côte à côte, sous le même étendard, les maires d’Arles, Béziers, Perpignan, Sommières, Lunel, La Grande-Motte, Le Grau-du-Roi, mais aussi des centaines de maires de petites communes, des parlementaires issus de diverses formations politiques, qui ont défilé pour la même cause avec les acteurs de bouvine, du Président de la fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, des agriculteurs et de toutes les composantes de la ruralité. C’était un évènement inédit. Il en a découlé le « Serment du Midi » en réaction à celles et ceux qui se moquent de la France rurale.
À votre façon, vous êtes un auteur, vous avez le sens de la punchline, vous tweetez une vidéo dans les arènes d’Arles « on est là, même si Caron ne veut pas, nous on est là ! » avec le hashtag #ouialacorrida. C’est de la provocation ou l’affirmation d’une identité, ou les deux ?
LJ : Depuis l’arrivée de Caron et de ses amis à l’Assemblée nationale, la donne a changé… Il y a aujourd’hui, dans notre pays, un mouvement politique qui veut remettre en cause des pans entiers de nos traditions et de notre manière de vivre. Cette écologie sectaire s’est installée au Parlement, mais aussi dans des villes comme Bordeaux, Lyon, Grenoble.
Dans la métropole de Montpellier, des élus écologistes et animalistes sont sur la ligne dure de l’écologie punitive. Depuis leur arrivée aux affaires, je dénonce régulièrement leurs intentions. L’objectif n’est pas de faire de la provocation ou du buzz, mais de pointer du doigt cette dictature verte. Les exemples ne manquent pas… Le cas de la mise en place de la ZFE dans les agglomérations en est une véritable démonstration. Il s’agit d’une mesure fondamentalement inégalitaire et discriminatoire pour les foyers les plus modestes, c’est pourquoi beaucoup d’agglomérations repoussent l’échéance. Avec les attaques contre la bouvine, les élus animalistes et écologistes oublient que nos traditions taurines émanent d’un patrimoine commun et qu’elles participent à la vie économique de nos territoires. La décision d’interdire la chasse à Montpellier a engendré une prolifération importante de sangliers générant des nuisances considérables pour les citoyens (dégâts matériels, accidents de la route). C’est encore une fois le contribuable qui trinque !
Ces exemples démontrent que nous devons mener une bataille politique contre celles et ceux qui veulent pourrir la vie des Français. Cette bataille-là, je n’ai aucun souci pour l’assumer et je n’aurai pas la lâcheté de courber l’échine devant ceux qui veulent nous dicter notre mode de vie. L’écologie oui, l’écologie punitive non !
Quel regard portez-vous sur la démission de Yannick Morez, maire de Saint-Brévin ? Est-ce qu’il vous arrive de vous sentir en insécurité ?
LJ : L’annonce de la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins, après avoir été victime d’intimidations et de dégradations de son domicile a mis en lumière la banalisation et l’augmentation des pressions, menaces et agressions de toute nature dont les maires sont victimes dans l’exercice de leur mandat. Par le passé, j’ai moi-même fait l’objet de tentatives d’intimidations et de menaces de mort.
Cette violence à l’égard des élus révèle une crise civique et démocratique profonde. Dans les communes, l’État ne délègue pas de représentants dotés de compétences générales, comme il le fait avec les préfets dans les départements. Dans le domaine judiciaire par exemple, le maire est chargé de remplir au nom de l’État et sous l’autorité du procureur de la République, les fonctions d’Officier de police judiciaire. On peut donc être confronté d’un point de vue sécuritaire, à des situations extrêmement tendues.
Mais au-delà de cette problématique, la fonction est de plus en plus complexe. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un champ très large de responsabilités où la responsabilité pénale du maire peut être engagée. Si autrefois le maire était considéré comme un notable qui inspirait le respect, aujourd’hui quand vous refusez de délivrer un permis de construire qui ne respecte pas les règles d’urbanisme ou que vous n’avez pas la capacité d’accorder un logement social, vous n’êtes pas à l’abri d’une menace ou d’une insulte sur les réseaux sociaux. De ce point de vue là, je ne me laisserai jamais marcher sur les pieds pour ne pas finir comme un paillasson. Un maire doit se faire respecter.