Politique — Saint-Jean-de-Védas

Saint-Jean-de-Védas : François Rio, “les élections municipales approchent et les couteaux s’aiguisent”

Après le conseil municipal de mardi dernier, François Rio, maire de Saint-Jean-de-Védas, se retrouve dans une situation délicate. “À une voix près”, il a perdu sa majorité, conséquence directe des défections au sein de son équipe municipale. 

Des élus, dont sa première adjointe Véronique Fabry, ont quitté le groupe majoritaire, certains démissionnant de leurs mandats, d’autres rejoignant des mouvements d’opposition. Le maire, sans être surpris, note un changement politique qu’il avait anticipé : “les couteaux s’aiguisent”, dit-il, faisant allusion aux ambitions qui émergent à l’approche des élections municipales de 2026.

Les tensions qui se sont manifestées lors des derniers débats sont pour lui révélatrices des nouvelles dynamiques politiques à l’œuvre. Plusieurs de ses anciens alliés cherchent désormais à structurer des partis politiques locaux, tels que les écologistes ou les communistes, autrefois absents du paysage municipal. Alors que les pièces de l’échiquier politique entament leur mouvement, François Rio refuse de se laisser abattre, affirmant “avoir bien dormi” le soir du conseil, évoquant même sa candidature à sa réélection. Interview.

Comment avez-vous vécu les tensions et défections du dernier conseil municipal ?  

François Rio : Écoutez, cela fait à peu près un an que j’en parle à mes proches, pas seulement ceux du conseil municipal, mais aussi des amis dans ma vie personnelle et des collègues qui font de la politique dans d’autres communes. Je leur ai dit que, à 40 ans, je pensais que certains voulaient ma place. Je sentais que le conseil municipal de la rentrée de septembre 2024 serait difficile à gérer et que les couteaux allaient commencer à s’aiguiser. À 18 mois des élections municipales de 2026, il était évident que ça allait bouger. Mais moi, je suis quelqu’un de résilient, ces choses-là ne m’atteignent pas, et j’ai bien dormi le soir du conseil je vous rassure. Mon expérience est similaire à celle vécue par Jacques Atlan lors de son premier mandat, à ses côtés j’ai appris que les conflits internes sont une partie normale de la politique. Il faut juste rester calme lors des situations conflictuelles. C’est d’ailleurs pour cela que, lors de la séance, j’ai distribué la parole même si j’étais sous le coups de reproches et d’attaques. 

Est-ce que vous aviez été informé en amont de certains départs ? 

F.R : Le jour du conseil, entre midi et deux, plusieurs élus voulaient me voir, dont Véronique Fabry, ma première adjointe. Je la connais depuis plus de 30 ans, et pour moi, elle ne sera pas une opposante. Elle a souhaité rester dans un groupe majoritaire, pas dans l’opposition, et chacun est libre de son engagement. J’avais des indices pour d’autres membres du conseil. L’adjoint au sport Patrick Hivin, par exemple, je lui ai envoyé deux messages cet été, mais il ne m’a jamais répondu. J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles il souhaitait rejoindre l’opposition, ce qu’il a confirmé avec son collègue Ludovic Trépreau, adjoint à la jeunesse. Ils ont simplement envoyé un courrier indiquant qu’ils rejoignaient l’opposition, tout en voulant conserver leurs délégations. Ce qui est un peu étrange dans cette situation, c’est qu’il semble désormais y avoir autant d’oppositions que d’élus ! Après je tiens à préciser que toutes les raisons ne sont pas politiques. Prenons mon adjoint aux finances, Jean-Paul Piot, que je connais depuis 2007 et qui m’a accompagné sur plusieurs campagnes. Il a démissionné pour des raisons personnelles et professionnelles, rien de politique. 

Comment percevez-vous l’impact que ces démissions et défections auront sur la gestion de la commune ?

F.R : On va se dire les choses clairement : dans trois jours, les gens passeront à autre chose. L’intérêt pour les conseils municipaux est souvent limité aux élus eux-mêmes, à leurs proches et aux journalistes. En réalité, les conseils municipaux traitent de sujets concrets comme la propreté de la ville, les questions fiscales, la circulation et les projets en cours. Ce sont, en règle générale, des délibérations qui sont votées sans trop de controverses, sauf pour le budget qui fixe les orientations politiques de l’année. La plupart des citoyens se préoccupent de ces aspects pratiques plutôt que des débats internes du conseil. Ce qui intéresse vraiment les gens, ce sont les décisions qui affectent leur quotidien, comme les augmentations d’impôts ou l’avancement des travaux, et non les querelles politiques dans lesquelles les couteaux s’aiguisent.

Comment gérez-vous les défis posés par les changements dans la majorité municipale ?

F.R : Je suis concentré sur le travail à accomplir pour la ville. Les défections, qu’elles soient personnelles ou politiques, ne m’affectent pas au point de changer mon approche. Je suis là pour avancer et faire progresser les projets. Si certains choisissent de quitter la majorité, je me concentre sur les objectifs de la ville et continue de travailler avec ceux qui souhaitent avancer. Je suis convaincu que ce qui compte réellement, c’est ce que nous faisons au quotidien pour les citoyens. Mon engagement est de rester visible et actif dans la gestion de la ville, et de travailler directement avec les associations, les quartiers, et lors des réunions publiques pour répondre aux besoins des Védasiens.

Comment imaginez-vous travailler dans ce nouveau paysage politique ? 

F.R : L’objectif est de se concentrer sur les projets communs et de dépasser les conflits personnels pour assurer l’efficacité du conseil. Adopter une approche sereine et apaisante est essentielle dans le climat politique actuel, qui peut être de plus en plus tendu. Pour maintenir une certaine cohésion, il faudra privilégier la communication ouverte et le dialogue, je veillerai à ce que chaque membre de l’équipe soit entendu et que les désaccords soient abordés de manière constructive. Nous devons démontrer aux citoyens que leurs élus sont capables de gérer les conflits de manière mature.  Il va falloir dialoguer pour construire notre projet dans l’intérêt du territoire et de ses habitants. 

Est-ce que ce retournement de situation change votre volonté quant à la suite de votre carrière politique ? 

F.R : Naturellement, je vais repartir pour les élections municipales de 2026. Je l’ai dit par le passé et les dernières actualités n’ont rien changé. Il y a encore tellement de choses à faire que j’ai envie de prolonger l’aventure. J’aime les gens, j’aime mon territoire, et j’ai envie de les faire progresser dans le bon sens. Je dis souvent que j’ai un projet sur trente ans pour la ville, ce que certains de mes détracteurs de l’opposition me reprochent. Mais ce que je veux dire par là, c’est que pour avoir une stratégie, il faut avoir une vision, et que ce que je fais aujourd’hui, sont des choses qui porteront les trente prochaines années. 

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