Servian, Instadrone : “Le drone du futur est sans pilote”
Sur une table, une grande boîte ressemble à une imprimante. Un simple bouton, et voilà qu’elle s’ouvre, révélant un drone endormi, prêt à déployer ses quatre bras. D’apparence modeste, de taille moyenne, difficile de croire qu’il s’agit d’un outil capable de bouleverser des secteurs entiers.
Pourtant, derrière cette simplicité apparente, à Servian, au cœur du Biterrois, se cache une révolution. C’est ici, dans ce cadre discret, que l’avenir aérien d’Instadrone prend forme. Cette société audacieuse a pris son envol bien au-delà des frontières locales, devenant un pionnier des drones autonomes et un acteur incontournable dans des domaines aussi essentiels qu’étonnants, tels que l’inspection industrielle, l’agriculture et la santé.
Une histoire de vision
Créée en 2014 par Cédric Botella, ancien gendarme passionné par l’aérien, Instadrone a débuté dans la simplicité. “Avec ma compagne Aurélie, on a commencé dans notre garage. On n’avait qu’un drone et une idée”, se souvient-il. Le projet était simple à l’origine : faire de la captation d’images, mais bien vite, le couple voit un potentiel et décide d’aller plus loin. Dès lors, l’entreprise se transforme, évolue et les entrepreneurs se lancent dans les missions d’inspection, de collecte de données et d’analyse topographique.
Et les résultats sont là. En dix ans, Instadrone a connu une trajectoire impressionnante. “Aujourd’hui, avec une trentaine d’agences et 32 collaborateurs, nous opérons partout en France”, explique Cédric Botella. “On a franchi un cap énorme : en 2023, notre chiffre d’affaires a atteint 6,5 millions d’euros, et on a effectué plus de 9 000 missions.”
Mais si le succès d’Instadrone réside dans ses chiffres, c’est surtout dans sa vision que réside l’essence de sa réussite. “Le drone va devenir l’outil commun, le marteau de l’ouvrier, intégré dans tous les secteurs, promet le CEO. On veut rendre le drone accessible à tous les secteurs. Mais ce n’est pas juste une question de nombre de drones : ce qu’il faut voir aujourd’hui c’est la manière dont on les utilise et où”.
Transformer des secteurs clés
L’agriculture est l’un des secteurs fertiles pour Instadrone. En 2023, l’entreprise a traité plus de 50 000 hectares de données agricoles. “Les drones permettent de cartographier des terrains, d’optimiser les récoltes et de gérer les sols avec une précision inégalée. Cela permet aux agriculteurs de prendre des décisions plus éclairées, ce qui impacte directement leur rentabilité, développe-t-il. Les besoins dans ce domaine sont immenses.”
Mais l’innovation d’Instadrone ne s’arrête pas à l’agriculture. L’entreprise a également pénétré le secteur du transport médical par drone. “À Montpellier, on est la première société à opérer des livraisons médicales, ici entre le laboratoire Innovie et la clinique Saint-Jean. On transporte du sang, des échantillons, des médicaments, en quelques minutes, entre différents sites. C’est un service essentiel pour sauver des vies”, souligne Cédric Botella. Le développement d’un “couloir aérien” réglementé et sécurisé, appelé U-space, est indispensable pour le succès de ces missions.
Vers plus d’autonomie
Le véritable enjeu pour Instadrone réside dans l’automatisation de ses services. “Nous proposons des solutions où nos drones effectuent des missions récurrentes sans pilote. Par exemple, sur des sites industriels ou des carrières. Cela permet de réduire les coûts tout en augmentant la fréquence des inspections”, explique-t-il. Une option qui, il y a quelques années encore, n’existait pas : “Aujourd’hui, ces drones autonomes peuvent apprendre de leur environnement et s’adapter, c’est ce qui change complètement la donne.”
Ainsi, le pari fait par Instadrone est de se détacher de plus en plus de la simple téléopération, en retirant le pilote tout en maintenant une surveillance à distance depuis leur centre opérationnel par le biais de quatre personnes, pouvant observer dix modules chacun. “Imaginez des drones capables de mesurer la qualité de l’air, détecter une fuite, ou même effectuer une récolte dans des champs en analysant les sols et les cultures, sans que l’opérateur n’ait besoin de se déplacer. C’est ce qu’on développe aujourd’hui”, révèle le CEO. Et pour un tel résultat, le chef d’entreprise envisage deux options : l’implantation de drones sans pilote avec un relevé effectué par ses équipes et la formation du personnel, notamment ceux chargés de la sécurité des sites.
À ce titre d’ailleurs, Instadrone ne fait pas dans la dentelle, conscient qu’un vol de drone sans pilote à proximité peut apporter son lot d’inquiétude : “On met tout en œuvre pour qu’il n’y ait aucun souci, explique-t-il. Caméras externes, gyrophare, un petit son comme celui d’un camion qui recule, et même une caméra périmétrique pour vérifier qu’il n’y ait personne autour.” Si ce n’est peut-être pas le son le plus agréable, l’objectif est clair : éviter tout accident. “Nous allons avoir à l’avenir des centaines de systèmes comme ça installés. La sécurité est notre priorité, et on ne laisse rien au hasard.”