Sète Agglopole Méditerranée : les entrepreneurs de l'Ile de Thau
L’une des choses que l’on apprend quand on va à la rencontre des Talents de Thau, rencontre organisée le 5 mai dernier par le Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance de Sète agglopôle méditerranée, c'est que le Street Workout serait né dans le quartier. On rencontre et on échange également avec des personnes au parcours riche, atypique, réussi, qui ont beaucoup de choses à partager.
A l’image de la prochaine manifestation ‘l’Ile en fête le 21 mai‘, Sète Agglopole Méditerranée organise régulièrement des rencontres et moments d’échanges dans le quartier. Cela permet aux habitants de se retrouver, de partager des activités, de suivre le parcours des uns et des autres.
Le Street Workout serait né à Sète
Salim Rakrouki habite le quartier depuis 1976. Il a réalisé un beau travail de recherches sur l’île de Thau, de sa construction à nos jours avec l’objectif de transmettre aux nouvelles générations cette « petite histoire de l’île de Thau. Car ici, il y a beaucoup de compétences, cachées pour certaines. C’est un moyen d’aider à notre manière cette jeunesse qui manque de repères ». Il a notamment découvert que le Street Workout serait né dans ce quartier : « au cours des années 70, l’île de Thau a vu l’émergence d’un sport, le Streetworkout issu de la Culture urbaine 15 ans avant l’avènement du genre à New York. » L’île de Thau est née « sur le papier en 1966, des mains de l’architecte Borja Huidobro, durant les 30 Glorieuses. Les travaux ont débuté en 1968 pour répondre à l’arrivée des travailleurs immigrés que le gouvernement favorisait manquant de main-d’œuvre. » Salim a réalisé plusieurs vidéos pour illustrer et raconter ses recherches.
La danse comme lien
Toufik Heddouch est né en Algérie, arrivé en France à 2 ans : « nous nous sommes installés dans le quartier quand j’avais à peu près 4 ans. J’ai grandi ici. » Touffik est « autoentrepreneur, professeur de danse, et DJ le week-end et pendant la saison. J’ai toujours aimé danser et j’ai eu la chance de voir de très bons danseurs qui sont venus sur Sète et m’ont donné envie de danser et d’apprendre avec des artistes en résidence au théâtre Molière de Sète, à la MJC. On a reçu beaucoup avec les anciens, donc dès qu’on peut on revient pour les jeunes d’aujourd’hui. » L’île de Thau représente son enfance pour Toufik, ses amis, ses souvenirs de jeunesse. « Le quartier a une mauvaise image avec les points de deal à l’entrée. Mais ce n’est pas ça l’île de Thau : c’est un village, c’est de la solidarité, de la convivialité. D’ailleurs, à chaque fois qu’on fait un événement comme aujourd’hui, on a tout de suite une bonne soixantaine d’enfants, qui viennent parce qu’ils ont entendu la musique, ils voient les animations, ils gagnent des coupes, on leur donne des ballons, des maillots. On essaie de reprendre le flambeau des associations de l’époque. On est beaucoup d’anciens à venir. On les aide à apprendre à perdre, à gagner, le travail d’équipe. De quoi les aider à s’en sortir », raconte Toufik.
Un parcours d’expatrié
Hakim Rakrouki a le même âge que le bâtiment 18 du quartier. Il a grandi au quartier, sans souci, avec une « belle enfance, comme tous les enfants. On était content, on était tous dans la même situation. » Hakim a fait des études « alors que mes collègues sont partis en filière technologique, j’ai voulu suivre un cursus général en géographie pour finir par obtenir un DEA (bac + 5). » Quand il est rentré dans la vie active après ses études universitaires, Hakim a vu « un fossé considérable entre la vie active et l’université. Il a fallu combler ce fossé. J’y suis arrivé à force de travail et de persévérance pour finir ingénieur au CNRS. Je travaillais sur l’évolution cartographique du Nil de la méditerranée au Soudan. » Il a eu l’occasion de partir à l’étranger et « j’ai fait un saut en Allemagne, à la Fondation allemande pour la Recherche, équivalent du CNRS là-bas. Je viens de revenir et j’ai intégré une grosse société de géomètres topographes pour lesquels je suis chargé d’affaires sur l’Occitanie. J’ai également une activité de consultant en dimensionnement d’ouvrage par sonar. » Hakim s’est battu pour réussir : « il n’y a pas de réussite, la réussite c’est 2%, le travail c’est 98%. Il n’y a pas d’échec. L’échec fait partie de la réussite. J’ai beaucoup travaillé avec l’Amérique du Nord, là-bas, vivre, c’est prendre des risques. Et la crédibilité vient des échecs. On tombe, on se relève. On retombe, on se relève. C’est comme ça. »
Création et gestion d’entreprise
Thiam Ibrahima est né à Sète au quartier Haut et se considère « comme un habitant de l’île de Thau car je suis souvent ici, tous mes amis sont d’ici. J’ai grandi ici ». Thiam a créé avec son ami Tarek Lairi une société de service de sécurité, « sa famille est très active sur l’île de Thau et Sète », qu’il dirige maintenant seul. Agence Golden Service a été créée en 2017 : « nous travaillons un peu partout dans l’Hérault et même au-delà. Nous travaillons entre autre avec la mairie de Sète, l’agglo. » Pour Thiam, « pour un Sétois, le quartier de l’île de Thau est connu, tout le monde le connaît ou quelqu’un du quartier. C’est comme un lieu de rassemblement pour les jeunes comme nous issus de l’immigration. Nous avons pas mal d’équipements installés en fonction de nos besoins : un stade de football, une mosquée … Ce quartier est très important pour moi ». Avec leur entreprise, ils ont organisé une formation pour les Sétois du quartier pour leur permettre de travailler dans la sécurité, soutenus par la mairie qui avait mis à leur disposition une salle : « une fois qu’ils ont eu le diplôme, nous les avons embauchés, certains sont toujours là, d’autres sont partis vers d’autres aventures ». L’entreprise va d’ailleurs recruter pour la saison, à vos CV : serv.goldensecurite@gmail.com.