Sète : face à la crise, les festivals font de la résistance au théâtre de la Mer
Les organisateurs ont présenté le guide des festivals de l'été au théâtre de la Mer au club de la presse de Montpellier, ce jeudi 11 mai, en faisant état de leurs difficultés à composer avec le contexte économique et l'urgence écologique.
Crise économique, inflation galopante, urgence climatique… Le monde de la culture est rattrapé par l’actualité. Organiser un festival à l’heure actuelle relève de la gageur, les responsables devant jongler avec la baisse des subventions, le retrait des partenaires privés et le tiraillement de leur conscience au regard de l’empreinte écologique de tels événements. Cela ne serait pourtant entamer la volonté des principaux organisateurs sétois, réunis ce jeudi 11 mai au club de la presse de Montpellier pour présenter, en compagnie du maire de la ville, François Commeinhes, le guide “Un été de festivals au théâtre de la Mer 2023”.
“Faire moins, mais mieux”
“Après deux, trois ans un peu compliqués dû aux problèmes sanitaires […] on a d’autres problématiques qui voient le jour avec une crise financière importante, avec une inflation particulièrement dynamique. Malgré ce, à Sète, on continue de soutenir la culture d’une façon particulièrement volontariste”, se félicite François Commeinhes, à l’heure de la candidature conjointe de Montpellier-Sète pour être Capitale européenne de la culture en 2028.
Un soutien de poids, voire essentiel, pour les associations qui maintiennent le cap tout en réduisant la voilure. “Le questionnement du K-Live est de plus en plus fort au regard de l’état du monde. Une de nos questions majeures est : ne serait-il pas raisonnable, et bénéfique, de faire moins mais mieux”, s’interroge la directrice du festival d’arts urbains, Crystel Labasor. La 16e édition continuera cependant à étendre son “Musée à ciel ouvert” (MaCo) “dont la notoriété à dépasser les frontières nationales”, souligne-t-elle, et à proposer une programmation variée.
“On ne peut plus décemment agir comme ça”
Idem pour ImageSingulières, festival de la photographie documentaire, contraint de réduire son espace d’exposition cette année (lire notre article). “On essaye de faire tous les efforts possibles, avec nos moyens, pour laisser la plus petite trace, confie le directeur, Gilles Favier. C’est pourquoi on resserre le festival dans le centre ville et qu’on ne va pas au chai des Moulins. L’année dernière, nous avions une scéno magnifique mais c’était un crève cœur de la détruire au bout de trois semaines. Elle avait couté 17 000 € de structure en bois. On s’est dit que l’on ne pouvait plus décemment agir comme ça.”
La conscience écologique travaille également Jazz à Sète (du 15 au 21 juillet), qui multiplie les partenariats pour verdir son image (lire notre article), réduire ses déchets et favoriser les circuits courts et le recyclage des matériaux. “Cette année, on a choisi de revoir un peu la copie pour avoir un impact réduit sur l’environnement. On reçoit entre 11 et 13 000 personnes pendant une semaine au théâtre de la Mer et il faut gérer les déchets, les mobilités, etc. On a travaille avec ILovePlanet et une “green team” d’étudiants montpelliérains”, indique la porte-parole (le directeur, Louis Martinez, étant absent pour cause de tournée avec son groupe Influences). Et d’annoncer : “On revalorisera l’intégralité des déchets même les mégots” générés pendant le festival.
Des soirées cruciales pour l’équilibre financier
Le grand rendez-vous de la chanson français, Quand je pense à Fernande, fait office de mastodonte aux pieds solides que rien ne semble ébranler. Il faut dire que la plupart des concerts sont déjà bien remplis. Fiest’à Sète ne devrait pas avoir du mal non plus à remplir les siens (six soirées du 21 juillet au 4 août) avec ses grands noms de la world music (Gilberto Gil, Femi Kuti, Eliades Ochoa…). Son directeur, José Bel, l’espère en tout cas : “En 2022, on a fait notre plus beau score en 27 ans d’existence [8900 spectateurs payants]. Notre challenge, c’est de faire aussi bien cette année et ce n’a va pas être évident, car il y a tous ces problème de coûts techniques, qui ont sérieusement augmenté et qui vont compliqué notre équilibre budgétaire.” Le festival, qui se décline en deux temps, avec plusieurs concerts gratuits autour du bassin de Thau d’un côté et ceux, payants, au Théâtre de la Mer d’un autre, joue son équilibre financier sur ces derniers.
Un autre festival est tout aussi crucial pour l’association qui le porte : Route au large, qui investit le theâtre de la Mer depuis 17 ans au bénéfice de Cap au large, qui promeut la pratique de la voile pour les personnes en situation de handicap ou défavorisées. “Cela permet de faire parler de nous et de récolter des fonds. Cela nous a permis de mettre à l’eau le “Laisse dire”, 17 mètres, 140 000 € de travaux en 2005, investis dans ce bateaux grâce à des institutions et des partenaires privés mais surtout grâce à ces concerts”, confie Vincent Damourette, le directeur. Les Hurlements de Léo donneront ainsi de la voix le 7 août pour souffler dans les voiles de Cap au large.
“Il faut continuer le combat”
De la voix, il en faut à Maïté Vallès-Bled pour porter son festival de poésie Voix Vives, dont ce sera la 26e édition cette année, du 21 au 29 juillet. “Il est de plus en plus difficile d’organiser une manifestation consacrée à la poésie, tout ceux qui auraient les moyens de lui permettre d’exister davantage sont assez réfractaires”, regrette-t-elle. “Il faut continuer le combat car la poésie est une chose essentielle, car au coeur de la poésie, il y a l’humain”, assène-t-elle toutefois. Voix vives a pourtant réuni 72 000 spectateurs en 2022 (un record), “un chiffre en constante augmentation depuis 26 ans”. L’engouement du public restant le soutien le plus stimulant pour les organisateurs de festival.
Le programme complet avec également le festival de cinéma SunSète du 28 juin au 2 juillet ; le Demi festival du 9 au 12 août (pas de programmation disponible pour le moment) et le Worldwide festival du 4 au 9 juillet, entre autres :