Sète : le centre de rétention administrative rénové
Vendredi 7 janvier, Hugues Moutouh, le préfet de l'Hérault, a visité le centre de rétention administrative (CRA) de Sète, dont la gestion est assurée par la Direction interdépartementale de la Police aux Frontières (DIDPAF).
Après 8 mois de travaux et 500 000 € de rénovation, le centre accueille à nouveau les étrangers faisant l’objet d’une procédure d’éloignement dans leur pays d’origine et ne pouvant pas quitter immédiatement la France.
Pourquoi rénover le CRA ?
Le centre de rétention administratif de Sète s’inscrit dans un processus de contrôle aux frontières et d’interpellations. Philippe Millet, directeur adjoint de la Direction départementale de la Police aux frontières, explique que « pour les interpellations, elles sont de l’ordre de 900 tous services confondus pour cette année. Chaque cas d’interpellation fait l’objet d’un examen individuel par la division de l’immigration et de l’intégration, sous l’autorité du préfet. Des mesures administratives sont prises sur certaines affaires qui relèvent du judiciaire et sont donc transmises au tribunal judiciaire, d’autres sont traités administrativement. »
« Ces travaux de rénovation s’inscrivent dans le cadre de la volonté gouvernementale d’améliorer les conditions de séjour des étrangers et des fonctionnaires qui travaillent au quotidien dans le cadre de l’application du code d’entrée de séjour des étrangers en France et la volonté de procéder à l’éloignement aussi rapidement que possible. Nous intervenons dans un contexte que vous connaissez, le contexte sanitaire cela fait maintenant un an et demi que cela dure. Donc beaucoup d’énergie déployée, beaucoup de temps passé pour procéder à l’éloignement des étrangers. Le gouvernement nous a fixé des objectifs pour prioriser certains profils d’individus, en fonction d’un pedigree assez chargé, mais pas que. C’est donc très important ce travail de rénovation », précise le préfet Hugues Moutouh.
Jérôme Viguier, le commandant du CRA de Sète, précise que : « La structure de Sète est un bâtiment qui a fortement été rénové. Le CRA a accueilli en 2019, 355 personnes en rétention administrative. Nous avons un taux d’occupation de 80 %. À Sète nous avons trois vecteurs d’éloignement qui sont proches. Le vecteur de l’avion depuis les aéroports de Montpellier, Toulouse ou Marseille suivant les destinations de reconduite des personnes. Nous avons également le vecteur portuaire qui est le port de Sète qui va vers le Maroc et également le port de Marseille pour la destination de la Tunisie et l’Algérie, nous avons également des reconduites à la frontière au niveau Schengen comme l’Italie l’Espagne en proximité géographique, mais également vers l’Allemagne la Belgique. »
28 places dans le centre
Le Centre de rétention dispose de 28 places individuelles (pas de famille), exclusivement des hommes adultes. Une soixantaine de policiers encadrent les retenus. Les nationalités les plus représentées dans ce CRA sont des gens issus du Maghreb. Tout cela s’inscrit dans le cadre de la volonté gouvernementale d’améliorer les conditions de séjour des étrangers et des fonctionnaires qui travaillent au quotidien dans le cadre de l’application du code d’entrée de séjour des étrangers en France. Le centre est placé sous l’autorité juridictionnelle, car il y a rétention, c’est-à-dire privation de liberté pendant un temps.
« Pour les retenus de Sète, la rétention est de 90 jours maximum, à Sète elle est rarement atteinte. Seulement 10 % vont au-delà de 45 jours de rétention, ce qui est relativement peu. La durée moyenne est de 15 jours. Notre taux de reconduite est de 38%. Les personnes bénéficient d’un soutien médical, juridique et matériel tout au long de leur rétention. Un effort a été fait pour les conditions de travail des policiers grâce à ces travaux », détaille le commandant Viguier. Ainsi, des travaux de peinture, de remise en conformité ont eu lieu. Les locaux de visite pour les familles ont été rafraîchis et remeublés, pour les avocats et les consuls également.
Le préfet a tenu à saluer le travail de la PAF : « elle fait un travail important qui ne se limite pas naturellement à l’encadrement des personnes qui sont en rétention administrative. Il y a un travail de démantèlement des trafics, à la fois des réseaux de passeur pour des étrangers clandestins également des trafics de faux titres, un travail permanent est fait au port de Sète en direction des bateaux et transporteur venant de Turquie. Il y a un travail très important fait par les fonctionnaires de la PAF. Des missions très riches qui sont souvent méconnues de nos concitoyens. » Ainsi, en 2021, quatre filières d’immigration ont été démantelées sur le département de l’Hérault.
Le CRA du XXIe siècle
Le préfet de l’Hérault conclut la visite en indiquant que le CRA de Sète est un centre de rétention administrative du XXIe siècle. Les accès y sont parfaitement sécurisés. Un nouveau système de communication et un mur d’images numériques sont désormais en place. Les fonctionnaires qui sont là 24/24 ont une salle de repos avec vue sur l’extérieur, sécurisée par des vitres pare-balles.
« Il faut penser aux conditions de travail de nos fonctionnaires et au confort des personnes qui sont en détention administrative. Il y a eu la réfection des chambres, des réfectoires, des sanitaires, c’était vraiment une mesure utile. Notre CRA sétois est à taille humaine et nous en sommes très contents. Je crois que l’on va pouvoir travailler plus que correctement. C’est important parce que nous sommes dans une zone portuaire. Je précise que ce CRA n’est pas seulement réservé à l’Hérault. Nous avons une répartition zonale des personnes en rétention administrative, donc cela peut être également à Nîmes, mais on utilise en priorité celui de Sète. Pendant la dernière année, nous avons utilisé les autres places disponibles dans les centres de détention comme Lyon, mais principalement Nîmes puisqu’on a un gros CRA de plus de 120 places » détaille Philippe Millet, directeur adjoint de la Direction départementale de la Police aux frontières.
Qu’est-ce que la DIDPAF ?
La DIDPAF de Montpellier dispose d’une compétence territoriale sur trois départements : la Lozère, le Gard et l’Hérault. En parallèle 400 fonctionnaires sont implantés sur les départements du Gard et de l’Hérault, répartis de manière sensiblement égale sur les deux départements. Pour l’Hérault, ce sont les villes de Montpellier et Sète qui accueillent ce service. Le centre de Sète dispose d’un service qui gère le contrôle frontalier sur le port de Sète, et d’un service de rétention administratif.
Les missions de la Police aux Frontières sont :
- Contrôler les personnes entrantes et sortantes de l’espace Schengen (contrôle des points de passage frontalier maritime, terrestre et aérien) ;
- Lutter contre l’immigration irrégulière et ses filières ;
- Lutter contre le travail illégal ;
- Lutter contre la fraude documentaire et à l’identité ;
- S’assurer de l’application des mesures de sûreté (ports, aéroports…) ;
- Faire respecter la réglementation aéronautique civile ;
- Assurer les missions de police générale (sécurité et paix publiques, sécurité routière, renseignement, police judiciaire, lutte contre le terrorisme, opérations de sécurisations dans les transports ferroviaires) ;
- Mettre en œuvre l’éloignement effectif des étrangers en situation irrégulière.