Sète : les majestueuses voiles du Götheborg amarrées au quai d'Alger

Bateau en vue ! Dans le gris d’un ciel trop bas, les voiles blanches du fameux trois mâts se dessinent à l’horizon, charriant avec elles les entrées maritimes pénétrant le port de Sète et les promesses d’un voyage à la frontière du rêve et des souvenirs inconscients. Ce jeudi, les spectateurs postés sur le quai d’Alger ne peuvent s’empêcher de retrouver un peu de leur âme d’enfant en voyant les 788 tonnes du majestueux Götheborg se diriger vers eux par la passe est du port et accoster à quelques mètres.

“C’est une réplique d’un voilier de commerce suédois du XVIII^e siècle qui transportait essentiellement de la porcelaine depuis la Chine”, explique Pascal Aubey, l’un des quatre cents bénévoles d’Escale à Sète, l’association responsable de la venue de ce vieux gréement et, surtout, de la manifestation éponyme organisée tous les deux ans sur l’île Singulière et au succès grandissant⁽¹⁾. Une manière de faire écho à l’édition 2022 et annoncer la suivante en fanfare (elle se déroulera du 26 mars au 1^er avril 2024).

Le bateau original s’est échoué en 1745 dans le port de Göteborg, en Suède, après avoir heurté une falaise non loin de là en revenant d’Asie. “Un sacré voyage puisqu’à l’époque il n’y avait ni le canal de Suez, ni celui de Panama”, souligne le bénévole responsable de la sécurité en mer.

Sa réplique, elle, fut construite entre 1992 et 2005. Un chantier de plus de dix ans pour faire renaître, à la main et avec les matériaux de l’époque, cette frégate de 45, 54 m de long et 11 m de large. Pour manier l’impressionnant bâtiment aux vingt-six voiles, jusqu’à 70 personnes peuvent être nécessaires. “Il y a onze permanents à bord et parfois plus d’une quarantaine d’employés et des volontaires pour la manier. Et attention, c’est pas la Croisière s’amuse, ils bossent !”, prévient Pascal Aubey.

L’équipage recrute régulièrement des volontaires portés par l’envie de larguer les amarres et vivre une aventure en mer. Par contre, en échange du gîte, du couverts et de l’air du large, ils doivent travailler comme de véritables moussaillons⁽²⁾. Seules conditions : être majeur, avoir une bonne condition physique, savoir nager et, pour les plus aguerris, ne pas avoir le vertige… Car les gabiers – matelots spécialisés dans les manoeuvres – doivent monter le long des mats, dont l’un culmine à 47 mètres de haut, pour dérouler et enrouler les 1964 m² de voiles selon les besoins.

Les membres de l’équipage présents sur la frégate ce jeudi ont embarqué le 19 mars de Barcelone, où Le Götheborg a passé l’hiver pour des réparations, afin d’arriver ce jeudi 23 mars à Sète. La plupart partira ensuite le 27 mars pour rejoindre l’île britannique de Jersey, dans la Manche, pour un total de cinq semaines en mer.

D’ici là, les visiteurs locaux pourront, du vendredi 24 au lundi 27 mars, monter à bord du Ghöteborg depuis le quai d’Alger pour une visite guidée en compagnie d’une vingtaine de marins professionnels en costumes d’époque sur le pont supérieur, dans la salle des canons comme au pied du bateau. Un voyage dans le temps sans avoir besoin de mettre les voiles.

Visites du Götheborg depuis le quai d’Alger à Sète.
Horaires : vendredi 24 de 10h à 14h (dernière entrée à 13h15) ; samedi 25 de 10h à 20h (dernière entrée 19h15) ; dimanche 26 de 10h à 18h (dernière entrée 17h15) ; lundi 27 mars de midi à 15h (dernière entrée 14h).
Prix : 12€ plein tarif / 6€ tarif réduit, achat sur place.

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(1) Ce rassemblement de navires à voiles et de bateaux en tout genre a été lancé en 2010 par Escale à Sète durant la semaine pascale. Organisée tous les deux ans, il a attiré 438 000 visiteurs en 2022 contre 280 000 en 2018, soit une progression de 56 %, devenant ainsi la première manifestation maritime de Méditerranée.
(2) Pour postuler, jusqu’au 30 avril, il faut envoyer un mail à l’adresse suivant : sail@soic.se.