Santé — France

Sexplorons-nous : le poids des mots ou l’importance de l’éducation sexuelle et affective

Cela fait plus de 20 ans que la loi Aubry de 2001 a été promulguée. Une loi indiquant "qu’une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles". Pourtant, 17% des 15-24 ans affirment dans un récent sondage IFOP n’avoir jamais eu de cours d’éducation sexuelle...

Une enquête qui en dit long

Le collectif #NousToutes, qui œuvre depuis plusieurs années à sensibiliser le public aux violences sexistes et sexuelles en France publiait également en 2022 un rapport accablant. Cette enquête menée auprès de 10 900 personnes pointe du doigt la non application de la loi. En effet, là où 21 séances sont normalement obligatoires sur les 7 années de collège et lycée, les répondants affirment n’avoir eu en moyenne que 2,7 cours d’éducation sexuelle. Ces chiffres sont d’autant plus alarmants quand on sait que les violences sexuelles ont augmenté de 11% dans le pays l’an dernier…

Education sexuelle : tous concernés !

Les dernières études en la matière tendent à prouver les bienfaits de l’éducation sexo-affective. En effet, plus les enfants et ados sont accompagnés et informés, plus l’âge du premier rapport est tardif. Ce n’est pas tout : les taux d’IST, de grossesses précoces et de violences sexuelles chutent également. Ces résultats relèvent avant toute chose du bon sens.

Aujourd’hui encore, de nombreux parents craignent que l’éducation sexuelle pervertisse l’esprit des plus jeunes alors qu’ils se retrouvent déjà exposés à des contenus pour adultes ! En effet, l’ARCOM (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique) publiait en mai dernier son dernier rapport à propos de la fréquentation des sites pornographiques chez les mineurs. On apprend ainsi qu’en 2022, 2,3 millions de mineurs consultaient des sites pour adultes tous les mois, soit une hausse de 36% par rapport à 2017. Pourtant, comme chacun devrait le savoir, la pornographie n’est pasreprésentative de la réalité. Il s’agit de performances fictives qui, la plupart du temps, s’inscrivent dans une forme de surenchère. Si les plus jeunes s’éduquent par ce biais, il n’est pas si étonnant qu’une fois arrivés à l’âge adulte les rapports intimes s’en retrouvent fortement impactés. Heureusement, nombreux sont les adultes qui tentent aujourd’hui de se rééduquer à la sexualité et aux relations affectives – notamment par le biais des réseaux sociaux – que ce soit pour eux-mêmes ou pour accompagner leurs enfants et leur entourage vers plus de clarté. Nous devrions toutes et tous, jeunes et moins jeunes, nous sentir concernés par ce sujet. Il n’est jamais trop tard pour apprendre, grandir et se remettre en question. Personne n’est parfait et personne ne nous demande de l’être. En revanche, nous avons la chance d’être dotés d’une intelligence nous permettant d’évoluer continuellement. Pourquoi donc ferions-nous l’impasse sur une telle chance ?

Lever les tabous pour un monde meilleur

En ce mois des fiertés, il me paraît également important de rappeler que l’éducation sexo-affective ne se limite pas uniquement aux questions de rapports intimes, de reproduction, aux moyens de protection et de contraception. Elle concerne également tous les sujets liés à l’orientation sexuelle et aux questions de genre. En effet, l’information et l’éducation sont les clés de voûte d’un monde plus ouvert, plus tolérant et bienveillant. Combien de personnes vivent aujourd’hui avec la peur de vivre leur amour quel qu’il soit au grand jour ? À l’inverse, combien de personnes se retrouvent hermétiques ou LGBTphobes par manque d’éducation ? Et qu’en est-il de celles et ceux qui se questionnent sur leur genre ? Pourquoi existe-t-il encore un tel manque d’accompagnement ? Toutes ces interrogations peuvent trouver des réponses pour peu qu’on les démocratise.

Qu’on se le dise, échanger avec les jeunes et les moins jeunes permet non seulement de réduire considérablement toutes ces problématiques mais aussi de libérer la parole ! Levons ces tabous une fois pour toutes. Parler de sexualité ne signifie pas “parler de sasexualité” et cette nuance me semble primordiale car beaucoup d’entre nous pensent encore – et à tort – qu’échanger ouvertement sur ces questions d’intimité influencera négativement les plus jeunes. Or, apprendre les mathématiques n’a pas fait de nous des mathématiciens pour autant ; apprendre une autre langue ne nous a pas fait oublier notre français. Apprendre les notions liées à la sexualité, à l’orientation sexuelle ou au genre ne rendra pas nos enfants différents, non. En revanche, ils seront outillés pour évoluer positivement dans le monde d’aujourd’hui et celui de demain. Et comme le disait Desproges : “l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne”.

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