Droit — Montpellier Méditerranée Métropole

Soazick Dupuy : “On est témoin de choses qui sont contraires aux droits internationaux”

À l’occasion des premières assises du droit de la mer et des solidarités maritimes qui auront lieu le 17 octobre, la directrice des opérations de SOS méditerranée revient sur les défis actuels de son association.

La solidarité en mer à l’épreuve”, voilà le thème de la table ronde à laquelle la directrice des opérations de SOS Méditerranée, Soazick Dupuy est conviée le 17 octobre 2024 au parc des expositions Montpellier-Pérols. Un rendez-vous inédit en France s’y prépare : les premières assises du droit de la mer et des solidarités maritimes. L’occasion pour Soazick Dupuy de soulever les problématiques rencontrées par son organisation quand elle se trouve en haute mer… Et à quai.

Des problématiques complexes, d’où l’importance de sensibiliser le public sur ce qui se passe en mer Méditerranée à travers cette rencontre. “On a évidemment une légitimité spécifique sur la Méditerranée centrale parce qu’aujourd’hui, on est acteur là-bas, explique Soazick Dupuy. Mais le fait qu’il y ait des responsables politiques et que ces assises soient une initiative du Parlement de la mer, et des collectivités territoriales, c’est à la fois une première et un signal fort”. Le sujet du sauvetage en mer est d’autant plus pertinent quand on sait que 30 000 migrants ont péri en Méditerranée centrale depuis 10 ans, d’après l’organisation internationale pour les migrations (OIM). Un chiffre d’ailleurs “certainement pas exhaustif”, précise-t-elle.

Une mission humanitaire sous pression

Si les associations font de leur mieux, elle se retrouve à devoir faire face à des politiques et des actions pour vider les zones d’opérations et empêcher les associations d’agir. Elle cite notamment l’exemple du décret Italien, couramment appelé Piantedose qui a été mis en place en janvier 2023 et qui contraint les navires à se rendre “sans délai” dans un port assigné, juste après un sauvetage. Des ports toujours très loin des zones d’opérations. “On passe entre 3 et 4 jours de transit pour remonter jusqu’à tout au nord de l’Italie, pour débarquer parfois 20 personnes”, s’exclame-t-elle.

Et ce ne sont pas les seules contraintes. S’en vient alors pour l’association “une espèce de harcèlement juridique et légal, déclare Soazick Dupuy. On est systématiquement arrêté pour de diverses excuses afin de détenir le navire quand on arrive au port. Notre marge de manœuvre est en permanence réduite.” Au total, l’association a comptabilisé 25 détentions sur 18 mois des bateaux de SOS Méditerranée depuis la mise en place du décret.

Un devoir de témoignage

Pourquoi ? D’après la directrice des opérations, c’est pour : “Éviter qu’il y ait des témoins de ce qui se passe en Méditerranée centrale”. Pourtant, ajoute-t-elle, c’est essentiel. “Le fait d’être là, c’est symbolique. Au-delà des vies qu’on sauve, on a cette mission de témoignage primordiale parce qu’on est témoin de choses qui sont contraires aux droits internationaux en termes de refoulement, en termes d’interception et de violences sur les personnes en mouvement.” 

Mais ce qu’elle regrette, conclue-t-elle, c’est la décision du transfert de responsabilité de la gestion migratoire à certains pays, en citant notamment la Libye et la Tunisie : “Qui sont contestés pour les violations des droits de l’Homme qui s’y passent”. Un acte “très questionnable”.

Le 17 octobre au parc des expositions de Montpellier-Pérols, se dérouleront les premières assises du droit de la mer et des solidarités maritimes. Pour s’y inscrire, c’est ICI. Voici son programme.

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