Sports — Département Hérault

Sports, Hérault : le boom de l'après-JO

Ils s'appellent Dupont, Marchand, Lebrun... Il y a quelques semaines, leurs noms ont retenti à Paris, sur la scène prestigieuse des Jeux Olympiques. À travers leurs performances et leur résilience, ces athlètes ont allumé une étincelle d'inspiration chez des jeunes rêveurs et des anciens nostalgiques, sportifs convaincus et fervents curieux.

Leurs victoires résonnent aujourd’hui comme un appel irrésistible à l’action. Qu’en est-il des clubs de l’Hérault ? Sont-ils touchés par cet élan olympique ? Nous sommes allés chercher des réponses dans les bassins et sur les terrains.

La montée du rugby à 7 

Après avoir décroché la médaille d’or aux JO de Paris, l’équipe française de rugby à 7 a marqué de son empreinte la rentrée sportive. Dans les stades et devant les télévisions, le public a pu (re)découvrir “cet autre mode de jeu”, resté longtemps dans l’ombre du rugby à 15. Pour Cédric Garcia, président de la Ligue de rugby de l’Hérault, il n’y a pas de doute : “Il y a un effet JO sur le rugby.” Preuve en est les finales départementales U16 et U19 de rugby à 7 qui se sont tenues à Frontignan et à Mauguio en septembre. “C’est la première fois que tous les clubs de l’Hérault nous envoient des équipes, et elles étaient solides. C’était un succès sans précédent. Même dans le public, on voyait une énergie nouvelle.”

Selon lui, la médiatisation des Jeux a permis de faire connaître “ce mode de jeu plus rapide” et “moins violent”, qui séduit beaucoup de monde, notamment les parents qui hésitaient à inscrire leur enfant par peur du contact. D’après Cédric Garcia, la popularité d’Antoine Dupont est l’ingrédient principal de cette recette à succès : “Il y a indéniablement un effet JO et un effet Dupont. Tout est impeccable avec lui.” Et l’impact se traduit en chiffres : l’Hérault a enregistré une augmentation de 12 % des licenciés, ainsi qu’une hausse de 8 % au niveau de la Ligue Occitanie.

Judo : la voie de la réussite

Le judo connaît également une montée en puissance dans l’Hérault, qui enregistre une augmentation de 14 % des inscriptions rien qu’au mois de septembre. Au niveau national, la hausse pourrait être de l’ordre des 25%. Si le judo a toujours eu une belle popularité, entretenue par de grands champions tels que David Douillet et Teddy Riner, les tatamis ont aussi bénéficié de l’élan des JO. Franck Filaine, conseiller technique fédéral de judo, témoigne : “L’impact des JO est très positif. Les enseignants sont assez satisfaits et motivés. Si nous avons chaque année de belles rentrées, celle-ci a un parfum différent. On voit qu’il y a beaucoup de nouveaux et d’autres qui s’y remettent.”

D’après lui, les athlètes stars de la discipline sont un facteur clé de cette dynamique. Teddy Riner, avec ses nombreux titres, et Shirine Boukli ont su “allumer la flamme” du judo : “Ces champions inspirent une nouvelle génération de judokas. Nous avons toujours eu une belle marge de progression, et on voit en ce moment que ce n’est que le début.”

L’inspiration “Marchand”

Léon Marchand, “roi des bassins”, est la star indéniable des JO de Paris 2024. Le collectionneur de médailles d’or occitan a su briller et impressionner tout au long de la compétition. Dans les bassins de la piscine Angelotti, où le MUC Natation enseigne et entraîne, la vague “Marchand” est puissante. Philippe Jamet, son président, partage : “Nous avons eu un impact avec les JO au niveau des inscriptions, surtout grâce à ses résultats sensationnels. On a observé des pourcentages d’adhésion beaucoup plus élevés, qui devraient atteindre les 50 % en cours d’année si la courbe se confirme.” Inspirés par le champion, les nageurs de tous âges ont trouvé ou retrouvé les lignes de nage. “On voit vraiment de tout, des petits qui viennent apprendre à nager, mais aussi des ados et des adultes qui décident de s’y remettre,” précise-t-il.

Puisque la piscine n’a jamais eu de difficulté à remplir ses bassins, un tout autre challenge se pose désormais. “À un moment donné, nous sommes confrontés à un problème de place, reconnaît Philippe Jamet. Nous voulons conserver la qualité de l’enseignement, donc nous ne dépassons jamais 8 ou 9 nageurs maximum par ligne. Même si nous avons ajouté des créneaux, la demande surpasse les disponibilités si nous voulons maintenir notre niveau d’exigence.” Et pour lui, cela n’a rien de nouveau : “Nous sommes de loin la métropole qui possède le plus de piscines par habitant, mais ce que j’explique aux responsables politiques, c’est qu’elles sont pleines dès l’inauguration.” 

L’effet “Lebrun”

Impossible de parler JO et Hérault sans s’arrêter au Montpellier Tennis de Table, club connu pour son histoire et son implication dans l’évolution des frères Lebrun, devenus en peu de temps les ambassadeurs sportifs de la métropole. Leurs performances remarquables et la médiatisation de leurs exploits ont propulsé le club et leur sport vers une période d’effervescence rarement vécue. Stéphane Lebrun, père des deux prodiges et directeur technique du Montpellier TT, a pu observer de près cet impact : “Il y a un intérêt qui existait déjà avant les JO. Alex et Félix ont créé cet engouement à Montpellier et au-delà depuis plus d’un an. Il a été multiplié par deux ou trois avec les Jeux Olympiques de Paris. C’est un phénomène qui dépasse les frontières de notre région.”

Au club, cette dynamique et cette curiosité naissante s’accompagnent d’une augmentation significative des inscriptions. “Nous allons atteindre une augmentation de 100 %, c’est-à-dire le double de nos effectifs, explique Stéphane Lebrun. C’est énorme !”. Cet effet a également des répercussions au niveau national, puisque les études indiquent une augmentation de plus de 35 %. “On s’oriente vers une fédération qui ne sera plus la même du tout,” souligne-t-il. Le ping-pong a connu de belles périodes par le passé, mais je trouve que nous sommes à nouveau à un tournant important. L’image du sport évolue et le public a pris conscience qu’il mérite respect et attention.” Pour l’ancien joueur, l’identification est un moteur indiscutable de cet essor : “Pour les gamins, pouvoir se dire ‘je vais jouer comme Félix ou comme Alexis’, c’est hyper important. Ils n’ont pas besoin d’avoir la fièvre de la compétition pour s’y mettre et tenter de se perfectionner. L’avantage de notre sport est que tout le monde peut s’affronter, quelle que soit la catégorie ou l’âge.”

Cette croissance rapide présente ici aussi des défis logistiques pour les clubs, car bien que le Montpellier TT possède une quarantaine de tables, difficile de pousser les murs. “Nous avons des problèmes d’infrastructure, comme tous les sports, surtout lorsqu’il y a 30 % de public en plus,” note-t-il. Mais en coulisses, les organisateurs cherchent des solutions : alliances sportives, partenariats, installations de tables connectées en extérieur… “Le ping-pong peut et doit être accessible à tous ceux qui veulent y jouer. Nous savons qu’une grande enseigne de supermarché a enregistré à elle seule +800 % de vente sur les balles et +500 % sur les raquettes. Les chiffres ne mentent pas. Nous le savons, nous avons une communauté de 5 à 6 millions de personnes, et c’est une famille qui grandit. Il y a quelque chose de magique qui se passe, et je crois fermement que nous avons les moyens de construire sur cette dynamique. Le travail est devant nous, mais nous sommes prêts à relever le défi,” conclut Stéphane Lebrun.

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