Sud de l’Hérault : « le Pays de l’Or est un territoire vertueux. » Stéphan Rossignol
Interview avec Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte et Président de l’agglomération : Quid du projet de territoire, Pays de l’Or 2030 ? Enquête et études en cours, pour dessiner un nouvel avenir ! Quelles sont les nouvelles communes qui pourraient rejoindre la dynamique du Pays de l’Or ?
Hérault Tribune : Stéphan Rossignol, vous aviez déjà fait une enquête en avril 2016 pour définir le projet de territoire du Pays de l’Or 2030. La nouvelle enquête avec les habitants a-t-elle été complémentaire et a-t-elle apporté de nouveaux éléments ?
Stéphan Rossignol : Nous avions fait à l’époque une enquête avec un institut de sondage. Mais aujourd’hui, l’enquête est différente. Elle est faite sur la base du volontariat sur notre site, mais également à travers des panels que nous avons définis avec deux agents qui vont à la rencontre des acteurs économiques du territoire. L’enquête que nous avions faite à l’époque, c’était un sondage sur un panel de 600 personnes parce que l’agglo était encore toute jeune.
Je rappelle que l’on est devenu une agglo le 1er janvier 2012. Quand j’ai été élu Président en 2014, après mon élection, j’avais souhaité savoir quelle était l’image que la population avait de cette toute nouvelle intercommunalité. Est-ce que les gens en avaient la connaissance ? Et d’autre part, je tenais à définir une feuille de route à travers ce fameux projet de territoire que l’on avait appelé à l’époque « Pays de l’Or 2030 ». Le sondage avait été plus que satisfaisant, puisqu’il avait montré qu’il y avait quasiment deux tiers de la population qui connaissait l’agglomération, ce qui était beaucoup, car au niveau national on était autour de 40%. Il y avait également plus de 60% des habitants qui étaient attachés à leur intercommunalité. Souvenez-vous, à l’époque, lorsque Georges Frêche avait aggloméré de force La Grande Motte, Mauguio et Saint-Aunès, ça avait quand même marqué les populations qui ont le souvenir d’avoir été agglomérées de force, mais qui sont aujourd’hui très attachées à leur territoire, à son identité et à son indépendance.
Hérault Tribune : Donc là aujourd’hui, vous avez ce que l’on pourrait appeler « une agglomération de cœur des huit communes », c’est ce que vous me dites ?
Stéphan Rossignol : Oui tout à fait, les huit communes sont très attachées à l’agglomération du Pays de l’or et ne souhaitent pas rejoindre la métropole. Elles sont très attachées à leur identité.
Hérault Tribune : Alors justement, c’est l’inverse, parait-il, il y a des communes qui souhaiteraient vous rejoindre, vous seriez très courtisé ?
Stéphan Rossignol : Oui, c’est vrai ! Ce qui prouve que nous sommes un territoire attractif. Vous savez qu’il y a déjà nos voisins de Terre Camargue qui travaillent sur le sujet. Le Grau du Roi, Aigues-Mortes, et Saint-Laurent d’Aigouze, ont fait une étude. Pour en avoir parlé avec les élus et en particulier avec le président Robert Crauste, le fait d’être à 3 communes en interco, ils disposent de peu de moyens, et leur action est automatiquement limitée. L’étude qu’ils ont lancée, c’est pour voir vers quel territoire ils auraient le plus d’intérêt à se rapprocher. Pour l’instant, la balance penche plutôt du côté du Pays de l’Or que du côté de Petite Camargue qui est l’autre territoire à proximité de chez eux.
Après, il faut qu’ils avancent de manière à ce que la décision de leur rapprochement, vers un territoire ou un autre, soit prise avant les échéances futures, c’est-à-dire avant 2026. Nous savons que de tels projets, doivent se préparer très en amont. On ne peut pas attendre la veille des élections pour dire si l’on rejoint Petite Camargue ou Pays de l’Or. Il va falloir qu’ils se décident dans les mois à venir, d’ici la fin de l’année.
Aujourd’hui, il y a une volonté claire de travailler avec eux. Et déjà, nous menons un certain nombre de projets en commun, en particulier, sur l’emploi saisonnier. Nous faisons partie de la gouvernance de la baie d’Aigues-Mortes, dont j’assure la coordination avec le Pays de l’Or, Sète agglopôle et la métropole de Montpellier. Donc nous sommes sur un territoire et un bassin de vie, d’emploi, de tourisme qui nous est commun entre Aigues-Mortes et Palavas. Il y a des enjeux vraiment en commun, mais il faut de la volonté, du désir des deux côtés. S’il devait y avoir un rapprochement, il est plus envisagé de ce côté-là.
Hérault Tribune : comment se déroule la nouvelle enquête ?
Stéphan Rossignol : Nous avons dépassé les 500 participations, on s’est fixé un millier de participations. Comme je vous l’ai dit, nous avons aussi les agents sur le terrain. On peut aussi compter sur notre CoDev, notre conseil de développement composé de 85 personnes représentatives des huit communes. Il est structuré grâce à des personnes qui sont en activité ou qui l’ont été, qui ont occupé des responsabilités dans divers milieux économiques, des chefs d’entreprise, des chercheurs, des agriculteurs, des acteurs du secteur social, bref ! Nous avons un panel au sein du CoDev très représentatif du territoire. Nous nous appuyons aussi sur un bureau d’études qui nous accompagne dans cette démarche qui a pour but de réactualiser notre projet de territoire.
Il y a ainsi plusieurs types d’échanges. Il y a déjà eu une rencontre avec les 8 maires de l’agglomération. Et le prochain grand rendez-vous, c’est le 23 avril, où tous les élus communautaires sont rassemblés à Saint-Aunès avec le bureau d’études pour un temps d’échange sur les premiers retours qui ont été faits de la part des communes, sur les retours que l’on a déjà des enquêtes, nous allons travailler et échanger sur ce projet.
Nous avons les terres et le bord de mer. C’est clair que les attentes en plaine ne sont pas les mêmes que celles du littoral. Mais, dans tous les cas nous avons une gouvernance qui est harmonieuse et apaisée. Que l’on soit élu sur la plaine ou sur le littoral, on comprend les enjeux des uns et des autres. L’intérêt général prime sur les intérêts particuliers. Les maires savent très bien que la richesse provient beaucoup de frange littorale, mais aussi de la plateforme aéroportuaire qui est un apport économique très important avec la zone d’activité, le parc industriel qui est notre vitrine économique. On a des activités de pointe, on a aussi Saint-Aunès l’écoparc qui est une activité qui va encore s’accroître. Et surtout, nous avons à côté de ça, une plaine agricole et viticole riche. On est un peu le jardin de Montpellier, parce que tous les primeurs que nous avons à Mudaison, à Lansargues, à Candillargues, à Mauguio fournissent pour beaucoup, le bassin montpelliérain, à travers nos cultures maraichères.
Hérault Tribune : Vous cumulez beaucoup de points positifs entre le tourisme, l’agriculture, l’économie et le nautisme, vous êtes pourvoyeur d’emplois de demain. Est-ce que vous confirmez ce qui était la punchline du projet de territoire Pays de l’Or 2030, « l’avenir est entre nos mains » ?
Stéphan Rossignol : Tout à fait, c’est vrai que l’avenir est entre nos mains et c’est pour ça que j’ai tenu à ce qu’on réactualise ce projet puisqu’on est en 2024. Vous savez, à l’échelle des élus, un mandat municipal c’est court, c’est six ans. Et en six ans, on ne peut pas réaliser beaucoup de grands projets. C’est pour cela que l’on est toujours sur une échelle de temps beaucoup plus large. Ce nouveau projet de territoire se projette sur une nouvelle génération, sur 15 ou 20 ans, au-delà de nos mandats actuels.
Hérault Tribune : Est-ce que le projet de territoire du Pays de l’Or, c’est aussi le programme du maire Stéphane Rossignol pour 2026 ?
Stéphan Rossignol : Pour l’instant, je suis le Président, un peu le chef d’orchestre d’une équipe, et on nous envie ! Nous sommes une agglomération où les délibérations sont quasiment votées à l’unanimité. Il y a aussi des représentants des oppositions municipales, mais on réussit à travailler harmonieusement. Toute notre politique est orientée dans ce sens-là : avec les voies vertes, on a lancé la réutilisation des eaux usées, on s’équipe en photovoltaïque. En matière de déchets, sur la collecte des déchets, nous avons aujourd’hui doté le territoire pour que tous les habitants puissent se procurer un composteur gratuitement auprès des services de l’agglo, avec aussi des composteurs collectifs dans les quartiers. Nous avons créé 5 lignes de bus, avec des aires de covoiturage. Aujourd’hui, j’anime une équipe de maires, de conseillers communautaires qui ont pour volonté de faire rayonner le Pays de l’Or. Notre slogan, c’est : « le Pays de l’Or est un territoire vertueux. »