Supocaos, un artiste qui fait chanter les couleurs
Être artiste pour Supocaos, c’est bien plus qu’un destin, c’est un karma. Dans l'univers de l'art urbain, l’homme se distingue par une approche singulière, où le figuratif s'invite dans un ballet de couleurs et de formes. L'artiste, graffeur et peintre plasticien, nous plonge dans son monde où mille histoires peuvent se bousculer sur une seule toile, où chaque détail est une invitation au voyage entre imaginaire et émotion.
Né dans le sillage des influences urbaines d’Avignon et Marseille, Supocaos a débuté le graffiti à l’âge de 16 ans. « Je barbouillais, mon père m’a autorisé à peindre les murs de ma chambre, » confie-t-il. Cette liberté d’expression précoce a forgé son identité artistique, marquée par une quête constante d’originalité. « Je ne viens pas complètement de cette culture de la street, je viens aussi de la culture du village, » précise-t-il.
La première œuvre de rue de Supocaos, c’est un graffiti à l’entrée de son village, Théziers dans le Gard. Un tag qui symbolise cette volonté d’embellir plutôt que de vandaliser. « À coup de bombes, je pose TZié, comme ça ! c’est le nom de mon village. Je suis vraiment dans la dynamique d’égayer la ville, » raconte-t-il avec une pointe de nostalgie. L’artiste évoque les débuts de sa pratique, marqués par l’absence d’Internet et la rareté des magazines spécialisés. « On barbouille, on utilise les bombes, on apprend tout seul, » dit-il, décrivant un apprentissage empirique et passionné.
« Graffeur, on était un peu mal vu, et en plus tout le matos, c’était vraiment un investissement de notre poche. » Peindre dans un atelier, ce n’était pas encore son truc. « Moi la nature, c’est tout ce dont j’avais besoin. M’exprimer dehors, aller parcourir les voies ferrées. On a eu cette chance dans notre région, avec l’installation de la nouvelle voie SNCF dans les années 2000. Elle avait détruit des choses, mais d’un autre côté, elle nous offrait beaucoup de béton, beaucoup de murs en béton, beaucoup d’infrastructures, beaucoup de toiles vierges. »
En interview, Supocaos aborde également la transition de l’art urbain, de la marginalité à l’acceptation sociale. « On a vécu cette période, où l’on est passé du stade de délinquant à celui où le graffiti fait de toi un artiste, » observe-t-il, notant l’évolution du street art qui a gagné en légitimité et en reconnaissance. Aujourd’hui, il est sollicité pour des commandes, signe d’un rapport inversé avec la société et d’une intégration réussie dans le tissu culturel et social.
Quant à la cotation de ses œuvres, Supocaos reste humble, mais conscient de son héritage. « Le marché est compliqué, mais investir dans un Supocaos, c’est investir dans une passion qui dure depuis 25 ans. » L’artiste, représenté par la galerie L’Arbre de Jade, pourrait rapidement rejoindre la cote d’un JonOne ou d’un Obey. Il fait son entrée sur des scènes plus officielles comme Art Montpellier, marquant une nouvelle étape dans sa reconnaissance artistique.
Dans un sourire, il laisse entrevoir que son art continuera de surprendre et d’inspirer : « je garde une activité graffiti, je continue toujours à faire un tout petit peu de vandalisme, du vrai street art. J’y tiens, ne serait-ce que pour me recharger. »
« L’art est un voyage sans fin, » précise-t-il, « un terrain de jeu où chaque mur, chaque espace devient une toile pour raconter des histoires, pour défier le regard et inviter au rêve. » Son parcours est le témoignage d’un chaos superbement maîtrisé, preuve que l’art possède la force d’enrichir les esprits.