Témoignages : ils ont choisi de devenir “entreprises à mission”
Les sociétés à mission s’imposent dans le monde des affaires. En 2023, plus de 1300 entreprises françaises avaient déjà adopté ce statut, et cette tendance ne cesse de se renforcer.
À en croire les experts et les dirigeants, la société à mission n’est pas une mode passagère. L’adoption de ce modèle est de plus en plus visible, avec des entreprises qui font le choix de “réconcilier les enjeux sociaux et environnementaux avec leurs objectifs économiques”.
Jeudi 28 novembre, à Cap Oméga, une soirée co-organisée par la Communauté des entreprises à mission et l’Agence de développement et des transitions a réuni plusieurs d’entre elles, offrant des témoignages forts sur ce modèle d’avenir. Si certaines d’entre elles ont déjà plusieurs années d’expérience, d’autres, à l’image de l’Agence de développement et des transitions, ne sont encore qu’à leurs débuts, mais choisissent déjà de se lancer dans cette démarche.
L’Agence s’engage
L’Agence de développement et des transitions du bassin montpelliérain, moteur de l’événement, illustre parfaitement les enjeux portés par le modèle des sociétés à mission. Malgré sa jeunesse – à peine un an d’existence – elle a choisi de s’engager dans cette démarche ambitieuse, ancrée dans ses valeurs dès sa création. “Ce modèle est dans notre ADN, confie Alex Larue, président de l’agence. Nous avons voulu officialiser ce que nous faisions déjà au quotidien.” Ce choix précoce est porté par une conviction : “Les actions responsables doivent se traduire par des engagements officiels dès les premières étapes de notre existence.” L’idée n’est pas seulement de déclarer des intentions, mais de poser les bases d’une gouvernance qui place l’impact positif au cœur des décisions.
“On voit bien que les deux mondes – celui de l’entreprise et celui de la responsabilité sociale – ne sont pas incompatibles”, affirme Alex Larue. Pour lui, c’est dans cette fusion que réside l’efficacité. “C’est ensemble qu’on arrive à créer quelque chose de très efficace.” Selon lui, c’est cet esprit d’équipe qui permet à l’Agence de concrétiser des actions précises tout en restant fidèle à ses valeurs de responsabilité sociale et d’impact.
Son directeur général, Philippe Boulet, abonde dans ce sens : “Si notre mission est d’aider les entreprises à se transformer, il est primordial que nous soyons exemplaires nous-mêmes. Donner l’exemple fait partie de notre démarche.” Cette exemplarité s’est traduite concrètement jeudi soir, avec un appel clair lancé aux entreprises présentes. En effet, pour encourager cette dynamique collective, l’Agence a innové : un QR code a été proposé aux participants pour permettre à ceux qui se sentaient inspirés de les rejoindre dans ce travail en communauté. Et à en juger par le nombre de téléphones brandis pour capturer l’invitation, le message a clairement fait mouche.
Ils sont devenus “entreprises à mission”
Le statut de société à mission transforme profondément la manière dont une entreprise pense et agit, en alignant rentabilité et responsabilité. Muriel Fournier, dirigeante d’Espace Propreté, insiste sur l’avantage stratégique que cela procure : “Cela nous a permis de nous démarquer lors d’appels d’offres stratégiques tout en clarifiant notre organisation interne.” Un constat partagé par Yannick Chaze, co-fondateur de Sweep, pour qui cette structuration apporte non seulement de la cohérence à long terme, mais attire aussi une nouvelle clientèle soucieuse des enjeux environnementaux : “Nous ne faisons pas que fournir des solutions pour réduire les émissions carbone : nous incarnons pleinement cet engagement au quotidien.”
Au-delà de leur impact externe, ces engagements rejaillissent sur les équipes. Morgane Le Breton, co-gérante de Maison Breton, explique que ce modèle donne un sens plus profond au travail des collaborateurs : “Cela renforce leur implication et crée une vraie dynamique collective.” En unifiant les équipes autour de valeurs communes et en consolidant les relations avec leurs parties prenantes, les entreprises à mission renforcent aussi leur crédibilité. C’est ce qu’observe Robin Alauze, fondateur de Line Up Ocean, qui agit dans le domaine de l’adaptation au changement climatique : “En intégrant des objectifs environnementaux dans notre gouvernance, nous avons structuré nos engagements et affirmé notre position sur le marché.” Cette dimension collective est également essentielle pour Frédérique Doineau, dirigeante générale adjointe d’Eoden, qui voit dans le statut un levier pour intégrer durablement l’impact social et environnemental dans chaque décision stratégique : “Nos engagements ne se limitent pas à de simples intentions : ils se traduisent par des actions concrètes et mesurables.”