Transition écologique : l’industrie de la beauté tourne le dos au plastique
Éco-recharges, shampoings très concentrés… L’industrie cosmétique s’engage à réduire son utilisation d’emballages plastiques au-delà des obligations légales, répondant à une exigence croissante des consommateurs.
Qui prend le soin de déposer son flacon de gel douche vide dans le bac dédié aux déchets en plastique ? En septembre, une campagne de sensibilisation va être lancée pour inciter les consommateurs à réaliser le tri… dans leur salle de bains. A l’origine de l’initiative se trouve la FEBEA, Fédération des entreprises de la beauté, qui en rassemble 350 dont 82 % de TPE et de PME.
Le 24 juin, lors d’une conférence de presse, Emmanuel Guichard, Délégué général de la FEBEA, a annoncé un « Plastic Act » , « un plan d’actions pour les emballages cosmétiques durables ». Le propos : dans le cadre d’un engagement en faveur de l’environnement, la FEBEA a décidé de se fixer des objectifs en matière de réduction du plastique qui vont au-delà des exigences de la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire). « Les Français souhaitent que les entreprises s’engagent », a souligné Emmanuel Guichard. Au total, les emballages cosmétiques (55.000 tonnes mises sur le marché chaque année) représentent 5 % seulement des emballages en plastique ménagers vendus en France. Mais au sein même du secteur, le plastique est roi ! Il demeure le matériau le plus employé (44 % du total), contre 22 % pour le verre, 25 % pour le papier et le carton, et 9 % pour le métal.
Transition et conservation
Reste que la transition vers un packaging sans plastique est loin d’être évidente. En effet, il faut prendre en compte un grand nombre de contraintes. En plus du marketing, le packaging joue un rôle spécifique pour les produits cosmétiques : il faut assurer des durées de conservation des produits de 18 mois minimum, dans un lieu de stockage humide… « Les contraintes sanitaires sont très fortes », résume Géraldine Poivert, présidente de The (RE)SET Company, cabinet de conseil en transition écologique, qui a conçu le « Plastic Act » pour la FEBEA.
Recharges écologiques et mascara à la poubelle ?
Ce dernier entend donc aller plus loin que les objectifs imposés aux industriels par le décret 3R (Réduire-Réutiliser-Recycler) du 30 avril dernier. Par exemple, à horizon 2025, le « Plastic Act » prévoit un cap de 15 % de réduction des déchets, au lieu des 10 % du décret, en misant notamment sur l’éco-conception des emballages. « Il y a une véritable asymétrie. Certains groupes ont été au bout de leur stratégie d’éco-design, mais d’autres en ont encore sous le pied », constate Géraldine Poivert. La FEBEA promet aussi de doubler les objectifs en matière de réemploi (20 %), principalement grâce aux éco-recharges. La solution est déjà déployée par de nombreuses marques. Elle présente une grande adéquation avec le e-commerce, en forte croissance : le consommateur achète un contenant durable et commande ensuite ses recharges par Internet…
Quant à l’objectif du recyclage et de la recyclabilité, le décret le fixe à 100 %. Globalement, pour le secteur, le défi va consister à embarquer dans la démarche la myriade de petites entreprises, y compris celles naissantes. Les grands groupes, à l’image de L’Oréal ou Henkel, ont déjà largement engagé leur mutation en modifiant la composition de leurs packagings ou en développant la vente de recharges. D’autres entreprises, plus récentes, se sont directement positionnées sur le créneau de la durabilité comme oOlution, qui propose un dispositif de consigne. Les exigences croissantes des consommateurs, vis-à-vis de l’engagement des marques en matière d’environnement, laissent peu de choix à l’ensemble du secteur.