Transports en commun dans l’Hérault : l’UFC-Que Choisir dénonce une mobilité à deux vitesses
Dans le département, seulement 8,9% des trajets domicile-travail s’effectuent en transports en commun, contre 12% à l’échelle nationale. La voiture, elle, domine encore outrageusement, représentant 73,3% des déplacements.
Dans l’Hérault, l’accès aux transports en commun est un casse-tête. Alors que la réduction des émissions de CO2 impose de limiter l’usage des voitures individuelles, et que l’inflation pèse sur les budgets des ménages, se déplacer sans voiture reste mission impossible pour beaucoup. L’UFC-Que Choisir de Montpellier a dressé un état des lieux alarmant : “zones blanches”, désert ferroviaire, et financement inégal aggravent selon leur rapport une fracture territoriale déjà béante.
Une promesse écologique hors de portée
“Prenez les transports en commun !”. Facile à dire, mais pour 8,3% des Héraultais, il n’y a tout simplement aucun arrêt à 10 minutes à pied de chez eux. Ce chiffre, bien inférieur à la moyenne nationale (17,4%), cache une réalité contrastée. Si les grandes agglomérations, comme Montpellier, profitent d’un réseau relativement dense, plus de 20% des communes du département n’ont aucun arrêt de bus, tram ou train. En zone rurale, les infrastructures sont quasi inexistantes : 83,3% des communes ne permettent pas à la majorité de leurs habitants de rejoindre un arrêt à pied. La voiture reste donc un passage obligé.
Côté ferroviaire, le constat est encore plus sévère. À pied, 95,8% des Héraultais n’ont aucun accès à une gare dans un rayon de 10 minutes, et même à vélo, 74,4% restent coupés du réseau. Autrement dit : les transports en commun sont un luxe réservé aux grandes villes.
Un financement qui creuse les inégalités
Pourquoi un tel désert ? Le financement des transports publics repose principalement sur les contributions des entreprises via le “versement mobilité”. Or, ces entreprises se concentrent dans les centres urbains. Résultat : les territoires ruraux manquent cruellement de moyens pour développer une offre viable. L’Hérault illustre parfaitement ce déséquilibre : les communes périurbaines et rurales sont les grandes oubliées des politiques de mobilité.
Au-delà de l’injustice sociale, ce sous-investissement est un non-sens écologique. Les transports représentent 32% des émissions de gaz à effet de serre en France, dont la majorité provient des voitures particulières. Pourtant, prendre le bus ou le train est 8 fois moins polluant qu’utiliser une voiture. Une meilleure couverture des transports publics, combinée à une intermodalité efficace (comme des parkings vélos aux abords des gares), pourrait réduire significativement ces émissions. Selon le rapport Pisani-Ferry/Mahfouz, diminuer la part modale de la voiture permettrait d’économiser jusqu’à 6 millions de tonnes de CO2 par an.
Mais le potentiel reste théorique. En pratique, l’offre est trop faible et souvent de piètre qualité. À quoi bon un arrêt de bus si les passages sont rares, les trajets peu fiables, ou que les horaires ne permettent pas de répondre aux besoins réels des usagers ?
Un choc d’offre est urgent
Les constats de l’UFC-Que choisir sont clairs. L’Hérault a besoin d’une révolution dans sa politique de mobilité, pas de bricolage. Voici les priorités que le rapport identifie :
- un déploiement massif des infrastructures : plus de dessertes en zones rurales, des fréquences accrues et une meilleure prise en compte des besoins spécifiques (personnes en situation de handicap, vélos, etc.).
- un financement rééquilibré : les territoires hors des grandes agglomérations doivent recevoir des ressources équitables pour développer leurs réseaux.
- une vision intégrée de l’aménagement : les transports en commun doivent devenir le pilier central des politiques d’urbanisme, notamment dans la planification de nouveaux logements.